MosaikHub Magazine

Syrie : Bachar el-Assad, libre d’achever la rébellion

lundi 27 octobre 2014

Le président syrien profite des frappes américaines anti-djihadistes pour bombarder les dernières poches de résistance des rebelles, sans épargner les civils.

De prime abord, le reportage de France 2 à Alep diffusé dimanche soir a comme un air de déjà-vu. Carcasses d’immeubles éventrés, slalom de combattants entre les décombres pour échapper aux rafales d’armes automatiques, ou encore fente creusée dans un mur pour mieux viser, puis abattre ses adversaires, le document intitulé "Au coeur de la bataille d’Alep" ne semble guère différer de toutes ces plongées au sein de la rébellion syrienne proposées depuis maintenant deux ans à la télévision. Jusqu’à ce que l’un des soldats annonce à la caméra : "Entre nous et les rebelles, ici, il n’y a même pas dix mètres de distance."

Vous l’aurez compris, les combattants qui accueillent l’équipe de France 2 ne sont pas des opposants syriens, mais des membres de l’armée de Bachar el-Assad témoignant de leur reconquête de la seconde ville de Syrie. Une première en France, dans cette cité ravagée par deux ans de combats sanglants entre régime et opposition, et le dernier signe que le vent a tourné sur la révolution syrienne. En effet, en dépit de leurs dénégations répétées, les États-Unis, en s’engageant dans une guerre contre l’organisation État islamique (EI), ont bel et bien renforcé le président syrien. Et tué ses opposants.

Punition collective

Comme un symbole, pendant que l’aviation américaine multiplie les frappes contre les positions djihadistes à Kobané, son homologue syrienne a tout loisir de pilonner massivement les derniers territoires tenus par la rébellion. Alep, Idleb, Hama, Quneïtra, Damas ou encore Deraa, aucune province rebelle n’échappe aux bombardements de l’armée, d’une ampleur inégalée depuis la semaine dernière. Missiles air-sol lancés depuis des avions de chasse ou barils de TNT projetés par des hélicoptères, les frappes n’épargnent pas les populations civiles. Une punition collective qui a encore fait au moins 43 morts civils dimanche, dont 13 enfants, dans les provinces de Homs et de Deraa.

Pendant que l’attention de la communauté internationale reste focalisée sur le martyre de Kobané, le rouleau compresseur du régime fond en toute impunité sur les dernières poches de résistance. Après avoir réussi au printemps dernier à reconquérir l’ouest du pays, coupant la rébellion du Liban où elle s’approvisionnait, Bachar el-Assad est sur le point de reproduire le même coup de force à Alep (Nord-Ouest). En effet, si le régime syrien parvenait à encercler l’ex-poumon économique du pays, il priverait la rébellion dans la région de ses ravitaillements depuis la Turquie. Et lui infligerait par là même un coup dont elle ne se relèverait pas.

L’aide des États-Unis

Les États-Unis ont beau rappeler que le départ de Bachar el-Assad est inéluctable, et entraîner pour se faire des opposants "modérés" en Jordanie, ils restent totalement sourds à l’appel des rebelles réclamant à la coalition de bombarder de toute urgence les positions du régime. Au contraire, Washington ne fait qu’affaiblir l’opposition syrienne en frappant les djihadistes du Front Al-Nosra (al-Qaida en Syrie), la branche la plus radicale mais aussi la mieux armée de la rébellion, dans cette même région d’Alep.

Entièrement livrés à leur sort, les rebelles demeurent aujourd’hui pris en étau entre deux forces autrement plus armées qu’eux : les soldats de Bachar el-Assad et les djihadistes de l’État islamique. Vous comprendrez aisément pourquoi le président syrien ne pipe mot face aux bombardements américains menés depuis un mois sur son propre territoire, en dépit de l’illégalité totale d’une telle opération.


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie