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Syrie : Barack Obama, nouveau roi de la godille ?

vendredi 29 août 2014

Après avoir renoncé à frapper Bachar el-Assad en 2013, le président américain avoue ne "pas avoir encore de stratégie" face à l’État islamique en Syrie.

Plus de trois millions de Syriens ont fui leur pays ravagé par la guerre et par les atrocités commises par l’État islamique, groupe djihadiste contre lequel le président Barack Obama n’a pas encore décidé de frappes en Syrie. Dans le sud de la Syrie, les négociations étaient en cours vendredi pour obtenir la libération de 43 Casques bleus de l’ONU toujours détenus sur le plateau du Golan par des groupes armés rebelles alors que 81 autres sont bloqués dans deux localités de la région.

Après plus de trois ans d’une guerre civile complexe devenue encore plus sanglante avec la montée en puissance des djihadistes de l’EI, le nombre de réfugiés a dépassé les trois millions, dont un million au cours de la seule année 2013, a indiqué le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR). Outre les réfugiés, 6,5 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, ce qui signifie que près de 50 % des Syriens ont été contraints de quitter leur domicile, a souligné le HCR.

"La plus grande urgence humanitaire de notre époque" (HCR)

Dénonçant "les conditions de plus en plus épouvantables à l’intérieur du pays" qui expliquent cette "hausse spectaculaire" des Syriens en fuite, l’agence dépeint "des villes où la population est encerclée, les gens sont affamés et les civils pris pour cibles ou tués sans discrimination". Depuis mars 2011, le conflit s’est soldé par la mort de plus de 180 000 personnes, dont un tiers de civils, selon une ONG syrienne qui comptabilise les victimes au quotidien, l’ONU avançant le chiffre de 191 000.

"La crise syrienne est devenue la plus grande urgence humanitaire de notre époque. Pourtant le monde ne parvient pas à répondre aux besoins des réfugiés et des pays qui les accueillent", regrette le HCR. Les atrocités se multiplient en Syrie, où l’EI a exécuté cette semaine plus de 160 soldats dans le nord du pays. Réputé pour sa cruauté, le groupe est allé jusqu’à diffuser une vidéo montrant des dizaines de jeunes hommes, présentés comme des soldats, en plein désert, en sous-vêtements, pieds nus et les mains sur la tête, avant de faire un gros plan sur des corps empilés, puis une interminable ligne de dizaines de corps gisant côte à côte.

L’ennemi commun de Washington et de Damas

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les soldats abattus par balle ont été capturés après la prise de plusieurs bases militaires dans la province septentrionale de Raqa, désormais totalement aux mains de l’EI. Ce groupe extrémiste sunnite né en 2006 en Irak sous un autre nom et réapparu avec toute sa force en 2013 en pleine guerre en Syrie, a proclamé fin juin un califat islamique sur les régions conquises à cheval dans ce pays et en Irak, où il est visé depuis le 9 août par des frappes américaines.

Mais face à ce groupe accusé de "nettoyage ethnique" par l’ONU, le président américain Barack Obama a annoncé jeudi qu’il n’avait "pas encore de stratégie" concernant des frappes similaires en Syrie. Si les États-Unis avaient laissé entendre de possibles frappes en Syrie, leur position reste délicate dans la mesure où Washington et Damas se retrouveraient dans ce cas de figure face à un ennemi commun.

L’ONU dénonce "les massacres de civils" par l’EI

Depuis 2011, les États-Unis soutiennent en effet la rébellion contre le régime de Bachar el-Assad, née après la répression par le pouvoir d’une révolte pacifique avant de dégénérer en guerre civile. Barack Obama a indiqué que son pays voulait "offrir aux gens en Syrie une alternative à Assad ou l’EI" et qu’il entendait "continuer à soutenir l’opposition modérée", affaiblie par l’arrivée des djihadistes. Ces rebelles ne cessent de réclamer une aide militaire étrangère en Syrie.

Dans le sud de la Syrie, 43 Casques bleus originaires de Fidji sont toujours retenus et 81 appartenant au contingent philippin sont "empêchés de quitter leurs positions" dans deux localités de la région, selon l’ONU. Washington a accusé la branche irakienne d’al-Qaida, le Front Al-Nosra, de les détenir. En Irak, l’armée appuyée par des miliciens chiites tentait de desserrer l’étau autour d’Amerli, une ville chiite turcomène à 160 kilomètres au nord de Bagdad assiégée depuis plus de deux mois par l’EI.

Alors que le patron de l’ONU Ban Ki-moon a dénoncé vendredi "les massacres de civils" par l’EI dans le nord de l’Irak, le groupe a décapité un combattant kurde dans cette région, avertissant que d’autres exécutions auraient lieu si les kurdes poursuivent leur coopération avec les États-Unis. La décapitation, montrée sur une vidéo diffusée sur des sites djihadistes, intervient une semaine après une vidéo montrant celle du journaliste américain James Foley en Syrie, et dans laquelle l’EI menace un autre otage, Steven Sotloff, du même sort si les raids américains se poursuivaient.


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