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Tout a été programmé et planifié, selon Mirlande Manigat

jeudi 15 janvier 2015

Retirée depuis un bon bout de temps de la scène politique, la veuve du professeur et ex-chef d’Etat Leslie François St-Roc Manigat sort de son silence. Opinant sur le vide constaté au Parlement depuis le 12 janvier, Mirlande Manigat n’a pas l’ombre d’un doute. Tout, selon elle, a été programmé et planifié. Ce n’était pas un hasard, dit-elle mercredi sur les onde de Radio Magik 9 avant de se lancer dans une suite de questionnements. Qui a intérêt à ce que l’Assemblée nationale n’ait pas lieu ? Qui a intérêt qu’elle ait eu lieu ? Peut-être que la vérité sortira un jour, espère l’ex-candidate aux élections présidentielles.

Même si elle se dit internationaliste, Mirlande Manigat pense que le communiqué daté du 11 janvier de l’ambassade des Etats-Unis ainsi que l’accord signé le même jour par le président de la République et les représentants de plus d’une vingtaine de partis politiques montrent à quel point nous avons perdu notre souveraineté. La présence de l’ambassadrice des Etats-Unis et du représentant de l’OEA au local du Parlement ce même 11 janvier ne la laisse pas indifférente. « Dans un pays sérieux, aucun ambassadeur ne peut se permettre de pavaner dans les locaux du Parlement du pays où il est accrédité. Pour s’y rendre, il lui faut une autorisation du ministre des Affaires étrangères du pays d’accueil », indique la professeure de droit constitutionnel, se référant aux normes et principes en matière de relations diplomatiques.

Mirlande Hyppolite Manigat a aussi critiqué la représentante du secrétaire général des Nations unies en Haïti et le Core Groupe regroupant les ambassadeurs du Brésil, de l’Espagne, des Etats- Unis, de la France, de l’Union européenne, du Canada et le représentant spécial de l’OEA, pour avoir apporté leur soutien au président Martelly peu après le constat du dysfonctionnement du Parlement. « Cela prouve qu’ils ont dès le début supporté Michel Martelly qui n’a réalisé aucune élection depuis 2011, mais qui s’est contenté de voyager et d’organiser six carnavals », fulmine Mme Manigat. « Je demande à la communauté internationale en général et à l’ambassade américaine en particulier de ne pas nous imposer des solutions ou des initiatives qu’elles n’accepteraient pas chez elles », lit-on dans une déclaration rendue publique au début de cette semaine.

Depuis ce 12 janvier, le pays ne compte désormais que onze élus. Le président de la République ainsi que les dix sénateurs qui ne pourront voter aucune loi ni contrôler les actions du gouvernement. Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement qui est en passe d’être formé est déjà étiqueté de de facto sans oublier le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire qui fonctionne sans un président à sa tête depuis la démission d’Anel Alexis Joseph. La situation est d’une gravité extraordinaire, déplore Mirlande Hyppolite Manigat.

Cette accumulation est dangereuse et, à cause de cette situation, n’importe quoi peut arriver, prévient la constitutionnaliste. Pour éviter d’en arriver là, Mme Manigat invite « les patriotes à prendre les résolutions qu’il faut ». « Femmes d’Haïti, engagez-vous par vous-mêmes dans l’action politique dont l’image et les revers vous dissuadent encore. Vous, représentants du secteur privé des affaires, grands entrepreneurs ou chefs de petites et moyennes entreprises ; vous, religieux de différentes confessions, vous, jeunesse du pays qui représentez plus de 40% de la population, jeunesse impatiente et exigeante avec raison ; J’adresse un appel patriotique sincère à toutes ces forces vives du pays et je les invite à sortir de cette léthargie qui les paralyse ; à combattre toute acrobatie tendant à colmater les brèches à notre loi fondamentale. Il faut qu’enfin triomphe l’État de droit qui implique la soumission à la loi des gouvernants et des gouvernés. Il y a une autre façon de faire de la politique », écrit-elle dans la note du 12 janvier.

Elle a encore une fois appelé à la démission du président de la République qu’elle accuse d’être « fondamentalement le responsable » de la situation actuelle. « Michel Martelly n’est pas la solution au problème. Il est une partie du problème. Il faut qu’il s’en aille », exige l’ex-première dame pour qui « Michel Martelly a piteusement échoué ». Ce qu’il faut au président Martelly c’est de préparer une « sortie digne », c’est-à-dire décider s’il va rester ou pas dans le pays, conseille Mirlande Manigat.

AUTEUR

Danio Darius


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