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Twitter : "C’est vraiment stupide, faisons-le !"

mardi 11 novembre 2014

Biz Stone, cofondateur du réseau social, a partagé ses souvenirs marquants, lors de la conférence CA World, lundi à Las Vegas. Le Point.fr y était.
Par Guerric Poncet, envoyé spécial à Las Vegas

Le cofondateur de Twitter, Biz Stone, est un personnage atypique. Lorsqu’on lui demande lundi sur la scène de la conférence CA World à Las Vegas, depuis combien de temps Twitter existe, il prend quelques secondes de réflexion, puis répond : "Je ne sais pas." La salle rit, mais lui reste impassible, et précise : "Je crois qu’on s’est lancés en 2007, je ne sais pas combien d’années ça représente..."

Sur les débuts de Twitter, ce geek tout juste quadra a beaucoup d’anecdotes amusantes à raconter, avec un vocabulaire parfois imagé. Il les lance, le visage sérieux protégé par ses lunettes, et la voix posée. À chaque fois la salle rit à gorge déployée, mais on ne sait jamais ce qu’il en pense vraiment. "Twitter était un projet pour s’éclater ! Nos amis nous ont dit que ce n’était pas vraiment intéressant, tout comme les premières critiques, qui assuraient que c’était totalement inutile", se souvient-il. "Je m’amusais à leur répondre : Ok, dans ce cas il faut bannir la crème glacée !"

"Tout ce qu’on pouvait rater, on l’a raté"

Vous l’aurez compris, Twitter fait partie de ces services inutiles, donc indispensables. "Un jour, on a eu l’idée de créer une page individuelle pour afficher chaque tweet en taille géante. Et on s’est dit C’est tellement stupide, faisons-le !" se souvient-il. "Vous voyez, tout n’est pas le résultat d’un grand plan stratégique !" ajoute-t-il, avec un sourire en coin.

La construction de Twitter n’a pas été une sinécure. "Tout ce qu’on pouvait rater, on l’a raté", ironise Biz Stone, en référence aux premières années difficiles de la plateforme. "Le service était régulièrement perturbé jusqu’à ce qu’on remplace chaque cellule de ce corps", explique-t-il.

"Ils étaient beaucoup plus intelligents que nous"

"Je me souviens qu’on est allés voir un jour des gens qui avaient créé un moteur de recherche pour les tweets, on voulait le racheter", se souvient-il. "On s’est vite rendu compte qu’ils étaient beaucoup plus intelligents que nous ! Et leur responsable technique a découvert à quel point c’était le bordel chez nous", s’amuse-t-il. "Le type nous a dit : trouvons les 0/20 et faisons-en des 1/20. Puis les 1/20 pour en faire des 2/20, etc." poursuit Biz Stone, qui salue là "une méthode que l’on peut adapter à de nombreuses situations".

"Mais on ne pouvait pas simplement fermer Twitter pour tout reconstruire, car les gens utilisaient déjà le service. On a donc dû travailler petit à petit, pièce par pièce", ajoute-t-il. Et cela a abouti à un service relativement stable, tel qu’on le connaît aujourd’hui.

La clé pour réussir ? "S’amuser"

"Pour rester dans la course, il faut s’amuser, il faut construire quelque chose qui vous assure de rire tous les jours", explique Biz Stone. "Si vous commencez tout de suite à faire quelque chose de très organisé, structuré, c’est comme faire des devoirs à la maison", poursuit-il. "J’ai toujours le texte d’une conversation en ligne avec Jack (Dorsey, l’autre cofondateur, NDLR) où je lui demande si on devrait construire Twitter de façon un peu organisée, ou continuer à l’arrache. Il m’avait répondu : à l’arrache".

"Les gens disent qu’ils veulent des choses, mais ils ne les veulent pas vraiment, ou pas toujours. Alors vous devez écouter ce qu’ils disent, mais aussi observer ce qu’ils font vraiment, et trouver le juste milieu", confie-t-il. "Écoutez, soyez attentifs, et si vous pensez que vous savez tout, vous êtes probablement foutu !" lance-t-il à l’audience, suspendue à ses lèvres.

"On n’a jamais de deadline"

"On met à jour le site deux à trois fois par jour", et "on n’a jamais de deadline, parce que tout est à faire au plus vite !" explique-t-il. "Si vous avez une deadline, vous vous arrangez toujours pour savoir jusqu’à quand ça peut attendre !" ironise-t-il.

Twitter évolue donc en permanence, tout comme les entreprises plus traditionnelles. Biz Stone se risque à quelques prédictions, par exemple sur un équipementier sportif : "Nike va devenir une entreprise de logiciels. Ils vont vendre des plans pour imprimer des baskets à la maison avec des imprimantes 3D. Il n’y aura plus d’usines." On est impatients de voir cela...


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