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Un code de déontologie des médias et des journalistes, pour quoi faire ?

mercredi 4 mai 2016

En Haïti comme un peu partout à travers le monde, on a célébré ce 3 mai la Journée mondiale de la liberté de la presse. La commémoration s’est déroulée sans tambour ni trompette sous l’égide de l’Unesco et quelques partenaires, dont Panos Caraïbes, AJH, Saks et Initiative Communication. Des universitaires, responsables d’organisations travaillant dans le domaine de la communication, des parlementaires et quelques journalistes présents à l’hôtel Kinam ont réfléchi sur la révision du code de déontologie des médias et des journalistes d’Haïti adopté en 2011 par des organisations de journalistes et de patrons de médias.

Jeter un regard critique sur leur travail, un bel exercice d’autocritique pour des travailleurs de la presse qui critiquent à longueur de journée l’action des autres. Ils ont eu le courage d’affirmer que le code de déontologie n’a pas été appliqué depuis son adoption loin des regards des journalistes. Le jeune code de déontologie a eu le même sort que beaucoup de lois votées au Parlement ou des plans concoctés par des ministères et d’autres institutions publiques. Le code de déontologie va être révisé sans avoir aidé à guérir aucun des maux de la presse haïtienne.

Si le code de déontologie n’a pas été appliqué, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas nécessaire. Au contraire, les points tels que dignité humaine et vie privée, discrimination, principe de présomption d’innocence, protection des sources d’information, plagiat, rumeur, information et publicité, cadeaux et gratification, rémunération…que ledit code traite constituent de vraies plaies dans la presse haïtienne. Ce n’est pas un code d’éthique qui va résoudre les problèmes de la presse haïtienne comme les Constitutions n’ont pas permis de solutionner nos problèmes de toutes sortes. Mais l’un et l’autre établissent des balises ou encore des lignes rouges à ne pas franchir.

La presse haïtienne, dont l’importance dans la vie démocratique n’est plus à démontrer, souffre des mêmes maux que les autres secteurs de la vie nationale. Les médias ne sont-ils pas le miroir de la société ? Si les médias sont des miroirs sociaux, ils doivent aussi jouer le rôle de vecteur de changement social. Comment jouer ce double rôle ?

De toute façon, doter la presse haïtienne d’un instrument d’autorégulation n’est pas une mauvaise idée. C’est d’ailleurs un premier pas dans la bonne direction. Il revient de trouver les voies et moyens pour permettre aux médias et aux journalistes de s’approprier du document. Sinon, le code de déontologie des médias et des journalistes va rester un vœu pieux ou encore un beau document pour se donner bonne conscience.

Il n’y a pas de doute que l’application du code de déontologie en question ouvrira la voie à des débats sur des sujets d’importance comme le statut des travailleurs de la presse et la nécessité d’une loi sur l’accès à l’information. Les journalistes sauront ainsi qu’ils ont des droits et des devoirs.

AUTEUR

Jean Pharès Jérôme

pjerome@lenouvelliste.com
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