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Une baleine à bosse échouée à Caracol, tuée par des pêcheurs

lundi 19 janvier 2015

Une baleine à bosse, longue de 8m90 pour environ 5 tonnes, échouée dans la baie de Caracol, a été tuée par des pêcheurs qui la prenaient pour un "requin". Alerté par l’événement, le ministère de l’Environnement n’a pu que constater le décès de l’animal...

Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des hommes qui, à l’aide d’une corde, tentent de sortir un gros poisson de l’eau. Des blessures sont remarquées sur le corps de l’animal. Selon le ministère de l’Environnement dont une délégation a été sur place, « la jeune baleine paraissait malade et était en situation de détresse. A l’observation de son corps, il y avait beaucoup de parasites sur tout son corps ou peut-être souffrait-elle de maladie infectieuse et contagieuse. »

« En sortant des côtes de Monte Christi en République dominicaine, elle (la baleine) a été remarquée dans la baie de Fort-Liberté en Haïti et poussée par les riverains et les pêcheurs, elle avait repris difficilement la côte pour être, malheureusement, ramenée à terre par des pêcheurs dans la baie de Caracol », poursuit le ministère, qui a « délégué des spécialistes en milieux marins » sur les lieux. La mission de ces derniers visait à « vérifier la présence de l’animal, le protéger, le réhabiliter et le retourner au large en son milieu naturel ».

Quand la délégation est arrivée sur place, il n’y avait « pas de signe de vie. Les fanons étaient déjà raides, les paupières fermées. La température du corps était déjà tropicale », explique une note du ministère.

Explication d’un professeur de la région

Sur sa page Facebook, le professeur Jean-Marie Théodat a déploré l’attitude des pêcheurs et des habitants qui ont attaqué la baleine. Selon le professeur, l’animal était entré pour mettre bas dans la baie. Comme des centaines de baleines en cette saison, venues des océans glacés, accoucher dans les eaux tièdes des tropiques.

« Elle avait entendu parler de Fort-Dauphin, elle espérait y trouver des cousines, cétacés comme elle. On lui avait décrit une cité fortifiée, située dans un écrin d’azur, où le ciel et la baie se mirent à la lorgnette d’une gorge marine, aussi étroite que profonde, capable de recevoir les plus belles étraves, allusive aux trésors des pirates qui y venaient autrefois s’abriter du gros temps. Eaux calmes et pures en toutes saisons ! », écrit Jean Marie-Théodat.

« (…). Le courage, dit-on, est une catégorie de l’ignorance du danger. Cuirassée d’un mépris aigu de la douleur, poursuit celui qui dirige l’Université Henri Christophe de Limonade. Elle avait été, pourtant, avertie. Un aileron, arraché à la machette, ne l’a pas empêché de roder plusieurs nuits dans la baie, tordue par la douleur, en attendant que quelqu’un naisse, que quelqu’un dise un mot, que l’on apaise les inquiétudes du village ahuri. »

Jean-Marie Théodat déplore que malgré les injonctions de la police, ses interventions sur place puis à la radio n’y aient rien changé. « Une traque de plusieurs jours par une nuée de pêcheurs acharnés à tuer "le requin"... a eu raison de la bête. Elle a été retrouvée inerte dans la baie de Caracol ce 12 janvier 2015. Elle aurait pu s’appeler Charlie », dit le géographe dans un court texte poétique.

De son côté, le ministère de l’Environnement a indiqué que c’est « une espèce à protéger de toute urgence ». Plusieurs pays dans la région, souligne le ministère, ont établi des centres de conservation et des sanctuaires de mammifères marins. « Haïti est une île, la population côtière aura toujours à faire face à des échouages ou à des rencontres avec des cétacés. Il faut éduquer la population, la sensibiliser à l’importance du milieu marin, la valeur de la biodiversité marine et l’adoption d’un comportement éco-citoyen », fait remarquer un responsable du ministère.

Pour éviter que la population consomme la viande de cette baleine à bosse dont la durée de vie est de 50 ans en moyenne, les autorités l’ont enfouie à 20 mètres de profondeur. « Sa viande pourrait causer de grands risques de maladie aux êtres humains et la décomposition de l’animal sur les côtes pourrait être catastrophique pour le milieu marin, la santé humaine, les activités sociales, économiques et écologiques dans le Parc national des Trois Baies », explique le ministère.

AUTEUR

Valéry Daudier

vdaudier@lenouvelliste.com


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