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Le président iranien contre la censure sur Internet

mardi 9 septembre 2014

Le président iranien, Hassan Rohani, a déclaré ce dimanche que la censure sur Internet était inefficace et contre-productive, les internautes étant de toutes façons capables de la contourner.

En Iran, l’article 24 de la Constitution affirme que la liberté de la presse est assurée… tant que les principes islamiques sont respectés. À la télévision, à la radio, dans les journaux, les livres et sur Internet, la censure fait loi. Chaque information est contrôlée, afin que les règles de conduite et les valeurs définies par l’islam ne soient pas bafouées.

À partir de 1987, de nombreux ouvrages jusqu’alors interdits, de sciences, littérature, histoire, géographie ou poésie ont été autorisés. En 1997, l’élection de Mohammad Khatami a annoncé le début d’une certaine libéralisation, et le développement des publications, parfois critiques envers le gouvernement. Mais cela n’a pourtant pas débouché sur une vraie liberté d’expression. La censure s’est même renforcée avec l’arrivée au pouvoir du conservateur Mahmoud Ahmadinejad en 2005.

Utilisant la loi iranienne de la presse datant de 1986, qui régule l’accès à l’information, la République islamique surveille et filtre l’accès et les publications sur Internet, et menace les Iraniens à de lourdes peines en cas de non-respect de ses principes. Des millions de sites politiques, d’informations, ou pornographiques sont ainsi inaccessibles. De même que les réseaux sociaux tels que Twitter, Facebook ou Youtube.

Cependant, depuis les années 2000, les jeunes iraniens profitent des blogs, permettant de s’exprimer malgré le contrôle des autorités. Et depuis son arrivée au pouvoir en 2013, le président Hassan Rohani prêche une plus grande liberté politique et culturelle.

Une censure « contre-productive »

Dimanche 7 septembre, le président modéré a ainsi confirmé sa volonté de transformer la politique censoriale du pays. En direct à la télévision d’État, il a affirmé que la surveillance était inefficace et contre-productive, les internautes étant de toute façon capables de passer outre les barrières du gouvernement. « Vous créez des filtres, ils créent des proxys (logiciels permettant de contourner la censure). Cela ne marche pas » a-t-il déclaré. Effectivement, selon une récente étude du ministère des Sports et de la Jeunesse iranien, 69,3 % des jeunes contournent la censure d’Internet.

Pour Hassan Rohani, il faut, plutôt que de « construire des murs », être capable de « convaincre les jeunes ». « Il n’y a pas d’autre méthode que la persuasion, la force ne donne aucun résultat » affirmait-il.

Récemment, le gouvernement iranien a choisi de permettre aux internautes un plus grand accès à Internet. La licence 3G a été étendue à deux grands opérateurs téléphoniques. Mais cette décision a immédiatement fait réagir les conservateurs, inquiets de voir les usagers utiliser la visiophonie - qui reste inaccessible sur le territoire. Les nouvelles déclarations du président Rohani ne feront que relancer le bras de fer avec les conservateurs.


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