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Gilles Rivard : « pas de scénario idéal pour les élections »

mercredi 10 septembre 2014

L’imbroglio politique est tel que le pays s’avance vers un cul-de-sac, une situation politique institutionnelle extrêmement compliquée. Obligé d’avaler ses désillusions, Gilles Rivard, chargé d’affaires sur le départ, tire la sonnette d’alarme, invite les responsables politiques à l’action et prévient « qu’il n’y a pas de scénario idéal pour les élections ».

Gilles Rivard s’en va. Comme d’autres avant lui, l’ex-ambassadeur du Canada, revenu à Port-au-Prince il y a quelques mois à titre de chargé d’affaires pour assurer l’intérim après le départ de Henry Paul Normandin, s’offre une dernière tour de piste. Pas sans ce « must », le bilan. Au coin d’une table à l’ambassade, sur la route de Delmas, Gilles Rivard ne masque pas ses « préoccupations ». Il concède avoir été bien obligé de laisser ses certitudes en rase campagne quant à des élections qui devaient avoir lieu il y a plusieurs mois.

Le processus électoral, miné par des désaccords laissant l’impression que l’intérêt du pays est accessoire, secondaire, est dans une situation « extrêmement difficile », explique Gilles Rivard, « épuisé de suivre ce processus avec tant de remises en question ». Les élections, ici, c’est comme attendre Godot. Cela, entre autres impacts, phagocyte l’essentiel de l’énergie du Corp group, se désole Gilles Rivard. « Pendant que toute l’énergie se dépense sur ces élections, il est difficile de penser au développement économique, la gestion des finances publiques qui sont d’autres facteurs de préoccupation », indique-t-il, assurant que le cul-de-sac politique susceptible d’entraîner le dysfonctionnement du Parlement si rien n’est fait n’a pas d’impact sur l’aide publique au développement. Pas encore tout au moins. « On n’est pas là au moment où on se parle. C’est clair », rassure Gilles Rivard avant de presser les responsables politiques d’agir.

Appel aux protagonistes

« Le président fait face à une situation difficile. Il n’est pas le seul. Il y a un certain nombre de personnes qui regardent la situation. Je pense qu’elles doivent prendre leur responsabilité », rappelle le diplomate canadien, qui milite en faveur d’un compromis entre le groupe des six et le président Michel Martelly. « A un certain moment donné, il est important que les gens essaient de trouver un compromis. Si le compromis n’est pas possible, on se ramasse dans un cul-de-sac. Et là, il est important de trouver la meilleure façon pour sortir du cul-de-sac. Des fois, il faut savoir prendre des décisions qui ne sont pas toujours populaires. L’important, c’est d’essayer de préserver le plus possible l’intégrité de l’Etat et de la Constitution », explique Gilles Rivard avant de lâcher ce qui lui semble être une évidence au point où nous sommes : « Il n’y aura plus de scénario idéal pour la tenue des élections ».

Pour Gilles Rivard, « il faudra trouver une solution ». Sinon, prévient-il, le « pays s’en va vers une situation extrêmement compliquée et difficile ». « Le président est là. Ce sera à lui de prendre les décisions. Ce n’est sûrement pas la communauté internationale de les prendre », selon Gilles Rivard, convaincu que la décision à prendre ne fera pas l’unanimité. « Dans l’état actuel des choses, il y a des gens qui seront heureux, furieux, malheureux et contents ».

Un décret du président Martelly pour organiser les élections ? « On verra si la situation se présente. On analysera la situation. On n’en est pas là », soutient Gilles Rivard, ajoutant que le président « n’a certainement pas pris l’engagement de faire cette chose-là ». Dans six, huit mois ou un an, s’il n’y a « toujours pas d’élections, à un certain moment quelqu’un devra prendre une décision sur la marche à suivre pour la suite des évènements », indique Gilles Rivard. « On n’en est pas là », nuance-t-il, réaffirmant la volonté du Canada de supporter le processus électoral.

Avocat de la communauté inyternationale

Le chargé d’affaires, d’un autre côté, rejette les accusations de partialité portées par une frange de l’opposition sur la communauté internationale. La communauté internationale appuie les autorités, souligne-t-il. Sans préférence. Le diplomate relève la volonté du président Martelly pour trouver un accord sur les amendements de la Constitution. Aux dernières nouvelles, le président était prêt à discuter mais il y avait un problème de terrain, se rappelle Gilles Rivard, qui propose La Gonâve comme terrain neutre pour les discussions sur le ton de la blague.

Ce diplomate, qui est arrivé en Haïti pour la première fois en 1994, quelques semaines avant le retour d’exil de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide en 1994, n’en finit pas de louer la coopération avec Haïti. Le 4 novembre 2014, le président Martelly participera à l’inauguration de l’hôpital des Gonaïves, une institution sanitaire de référence de 200 lits dont la construction a été financée à hauteur de 30 millions de dollars par le Canada, selon Rivard. C’est une femme qui sera l’ambassadeur du Canada. Le choix a été « approuvé » par le président Michel J. Martelly. Sourire franc, réticent à lever le voile sur l’identité de celle-ci, Gilles Rivard assure qu’« Haïti sera bien servie ».

Reste à savoir si les prochains mois ressembleront à un scénario d’un film de Walt Disney ou de Quentin Tarantino.


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