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"J’ai été donnée comme cadeau à l’Etat islamique"

jeudi 11 septembre 2014

Le "Washington Post" rapporte le témoignage d’une adolescente yézidie de 14 ans "donnée en cadeau" à un commandant du groupe jihadiste qui sévit actuellement en Syrie et en Irak.

"Je suis une jeune Yézidie de 14 ans donnée en cadeau à un commandant de l’Etat islamique. Voilà comment je me suis enfuie." Tel est l’exergue d’un article publié le 10 septembre dans le Washington Post (en anglais) et signé Mohammed A. Salih. Ce journaliste kurde free-lance basé à Erbil, dans le Kurdistan irakien, précise avoir changé le nom de la jeune fille pour la protéger de possibles représailles, puisque plusieurs membres de sa famille sont encore prisonniers. Francetv info dévoile quelques extraits de ce témoignage de "Narin".

Une rafle de l’Etat islamique

"Le 3 août dernier, a-t-elle expliqué au journaliste, ma famille s’est enfuie de son village de la plaine de Ninive avec un peu d’argent et quelques vêtements, avant l’arrivée des jihadistes de l’Etat islamique. Alors que nous faisions halte dans le désert, nous avons été entourés de gens armés portant les uniformes de l’Etat islamique." Elle poursuit : "Les jihadistes nous ont séparés par genre et par âge. Jeunes hommes d’un côté, jeunes femmes de l’autre. Idem pour les personnes âgées, dépouillées de leurs biens et abandonnées dans une oasis."

Ensuite, "les jeunes femmes et jeunes filles ont été placées dans des camions. Quand les véhicules ont démarré, nous avons entendu des coups de feu, et compris plus tard qu’ils avaient tué les hommes jeunes, y compris mon frère, 19 ans, qui venait de se marier".

Insultes, tentatives de viols et coups de pied

Narin dit avoir ensuite été transférée à plusieurs reprises. A chaque fois, ses geôliers ont tenté de la convertir à l’islam, l’insultant, la nourrissant peu et la forçant, comme les autres prisonnières, à dormir par terre. Elle et son ami Shayma ont ensuite été offertes "en cadeau" à deux membres de l’Etat islamique dans le sud de l’Irak, près de Bagdad.

Elle détaille : "J’ai été ’donnée’ à Falloujah à un gros homme à la barbe noire d’une cinquantaine d’années, apparemment d’un grade élevé, qui m’a ordonné de me convertir, en vain. Il a tenté de me violer plusieurs fois, sans y réussir. Il m’a insultée, battue, donné des coups de pied et des coups de poing."

La délivrance, enfin

Grâce à "Mahmoud, ami sunnite d’un cousin de Shayma", elle a pu s"enfuir avec elle, en abaya (tenue noire très couvrante), à l’heure de la prière du soir, après avoir forcé les serrures avec des couteaux de cuisine. "Mahmoud nous a trouvé un chauffeur de taxi pour nous conduire à Bagdad, à deux heures de là, raconte-t-elle. Couvertes d’un niqab, munies de fausses cartes d’identité d’étudiantes, nous avons pu passer les différents barrages routiers de contrôle, qu’ils soient tenus par l’Etat islamique ou les forces irakiennes."

Avec d’autres cartes d’identité, Narin prend ensuite l’avion pour Erbil. Libre. Mais elle a appris au Kurdistan que son frère a été tué, et que sa belle-soeur était toujours captive à Mossoul. Son témoignage recoupe un rapport de deux membre des Nations unies qui, selon le Huffington Post (en anglais), fait état de "viols" de femmes et d’enfants, "armes de guerre" contre les minorités yézidie, turkmène ou chrétienne.


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