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Chroniques écossaises (6) : le jour le plus long

jeudi 18 septembre 2014

Le royaume saura s’il est encore uni avant minuit... ou beaucoup plus tard si les résultats sont aussi serrés que le prédisent les sondages.

C’est à croire que toute la presse mondiale s’est donné rendez-vous sur le Royal Mile. Il y a sur cette artère qui dégouline en pente douce du château d’Édimbourg jusqu’au palais de Holyrood et au Parlement presque autant de micros, caméras et calepins que de touristes asiatiques. Sans compter les activistes de tout bord.

Devant la cathédrale, des indépendantistes catalans, drapés dans les couleurs de la Généralité, apportent un soutien bruyant à leurs homologues écossais, espérant sans doute un retour d’ascenseur pour le référendum de même nature que la Catalogne organise le 9 novembre. Un peu plus bas, un commando travailliste fait un ultime porte-à-porte pour rappeler leur devoir aux électeurs préalablement contactés : votez non !

Osons l’oxymore : l’Écosse est saisie aujourd’hui d’une fébrilité flegmatique alimentée par le suspense et l’enjeu du scrutin. Après tout, il s’agit de la décision la plus importante depuis l’acte d’union avec la couronne d’Angleterre en 1707. "Évidemment, ça rend un peu nerveux, reconnaît un septuagénaire qui "tracte" devant la permanence de "Yes Scotland" pour le quartier de Newington and Southside. Mais on a le souci de bien se comporter parce qu’on a conscience que le monde nous regarde."

"Ça reste plutôt cool"

Exister aux yeux du monde, connaître la volupté du quart d’heure warholien se paie d’un minimum d’autocensure. Les indépendantistes qui annoncent la couleur au revers de leur veste arborent un masque d’indifférence, voire un regard presque complice, lorsqu’ils croisent des soutiens du camp adverse, beaucoup moins nombreux à faire leur outing. "C’est vrai, ça reste plutôt cool", confirme, rigolard, Michael en faisant rouler ses pectoraux sous un tee-shirt noir "No thanx" deux tailles trop petit.

L’Église d’Écosse s’est même fendue d’un communiqué appelant les électeurs à aborder ce référendum "dans un esprit d’unité" et propose même de très oecuméniques badges "One Scotland". Nous n’en avons vu aucun.

Pour tuer le temps et en attendant les premiers sondages sortie des urnes, qui devraient être rendus publics peu avant minuit heure française, on gamberge. Le taux de participation est-il susceptible d’avantager un camp ? Sans doute pas à ce degré de polarisation ; il était déjà de 18,5 % à dix heures du matin et devrait dépasser le taux record de 80 % à la fermeture des bureaux.

Que dira Glasgow ?

Les projections région par région ne sont pas non plus d’une grande aide. Certes, les Highlands, les Borders, Perth, l’Aberdeenshire s’opposeraient majoritairement à l’indépendance. Mais ce sont Glasgow et Édimbourg qui feront la différence dans la mesure où elles représentent à elles seules plus de 20 % de l’électorat. Or Glasgow aurait un faible pour le oui.

Une autre donnée pourrait marginalement peser sur les résultats, mais c’est peut-être la marge qui emportera la décision : le taux de chômage. Rendu public hier, il est de 6 %, un chiffre historiquement bas en Écosse, et même inférieur à celui enregistré en Angleterre (6,2 %). La baisse du chômage est-elle indépendantiste ou unioniste ?


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