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Elections, Haïti devrait s’inscrire à l’école indienne

samedi 25 octobre 2014

Lundi 20 octobre 2014. Les 288 membres élus à l’assemblée législative du Maharastra en Inde sont connus. Sous la houlette du charismatique Giriraj Singh, le Bharatiya Janata Party (BJP) a obtenu un très bon score. En plus des papiers d’angle sur les larmes, la grise mine et le champagne sablé avec fierté par les vainqueurs, la presse indienne fait le grand décryptage des résultats. Les médias chauds braquent leurs projecteurs sur les gagnants, attendus au tournant, et sur les perdants qui respectent sans rouspéter la volonté populaire exprimée dans les urnes. Quelques jours après, même si des partis politiques se sont plaints à cause de l’impossibilité pour de nombreuses personnes ayant leurs cartes électorales de voter parce que leurs noms ne figuraient pas sur les listes électorales actualisées, aucun n’a osé questionner ni l’indépendance, ni la crédibilité, ni l’efficience de la Commission électorale.

Et pour cause. « La Commission électorale est la meilleure institution de l’Inde. Elle fait un travail remarquable en toute indépendance et de manière impartiale », a confié Sanjay Pugalia, journaliste politique vétéran, éditeur en chef de CNBC, la plus importante des 300 chaînes de télévision de l’Inde, pays qui compte entre 300 et 400 millions de postes de télévision pour quelque 1,2 milliard d’habitants. La Commission électorale correspond aux aspirations du peuple indien. « Cela prendra du temps pour lutter contre la pauvreté, mais on fait tout pour protéger la démocratie », a souligné Sanjay Pugalia. L’implication citoyenne est très forte au point que beaucoup de responsables politiques ont été emprisonnés ces dernières années pour corruption et autres violations de la loi. « La pression de l’opinion est si forte que la justice ne fait pas de quartier », a expliqué cet icône du journalisme au pays de Gandhi.

La commission électorale, dans ce pays de 1, 2 milliard d’habitants, a du pain sur la planche. Sur 834 millions d’électeurs, 94 % détiennent des cartes d’identification électorale avec photo les habilitant à voter lors de seize élections générales dans 28 États et dans sept unions territoriales ayant leurs propres lois et leurs propres Parlements. La machine électorale, mise en place en 1950, innove. Depuis 1982, on vote en pressant un bouton, a expliqué Sudhir Tripathi, directeur exécutif de la Commission électorale. La commission dispose de 1,6 million de « control ballot unit », une petite machine, comme une calculatrice, qui effectue le décompte instantané, sans programmation extérieure », a confié le fonctionnaire. Les avantages de cette machine sont nombreux.

Léger, portatif, impossible à manipuler, elle permet de réduire la consommation de papier et la communication rapide des résultats. Une fois chargée, cette machine, fabriquée en Inde par les compagnies Bharat Electronic Limited et Electronics Corporation au prix de 300 dollars américains l’unité, a une autonomie de 40 heures, a détaillé Sudir Tripathi. Pour être plus efficace et économiser de l’argent, Sudir Tripathi a confié que quelque 11 millions de personnes sont mobilisées lors des élections générales qui se déroulent en six phases. A ce moment, les fonctionnaires, les professeurs, les universitaires, les citoyens et citoyennes participent à l’organisation des élections, « ce grand bal de la démocratie », a-t-il indiqué. Les élections, pour les Indiens, ne sont pas une question d’argent. Il est essentiel de mettre tous les moyens techniques au service de la population, détentrice de la légitimité accordée aux élus, à ses serviteurs, a confié un autre fonctionnaire de la commission électorale, qui peine à imaginer qu’il faut au moins six mois pour organiser des élections en Haïti.

Cela dit, à l’école indienne, Haïti apprendrait à économiser des millions de dollars de dons en impression de bulletins, à diminuer les coûts des opérations électorales en impliquant bénévolement des fonctionnaires publics, des étudiants, des notables et des citoyens et citoyennes civiquement actifs. Pour doter la population de la carte d’identification nationale, l’exemple indien en matière de déconcentration de la fourniture de ce service est bon à suivre. Cependant, de tout ce qui est enseigné à l’école indienne, la démocratie, la vraie, est la plus importante en Haïti où cette armée-là manque cruellement de soldats. La bonne marche des institutions, le renouvellement de la légitimité de leurs représentants sont trop importants pour les Indiens qui peinent aussi à imaginer le retard de plus de trois ans accumulé sans tenir des élections prévues dans la Constitution...

Roberson Alphonse Envoyé Spécial, Delhi, Inde


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