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La malédiction Préval

mercredi 5 novembre 2014

Saint Ti René, René Préval de son vrai nom, est le seul président haïtien, élu et réélu sous l’égide de la Constitution de 1987, à avoir bouclé deux mandats. Sans manquer une seconde.

Tout le monde reconnaît le pragmatisme, le doigté, la manière particulière de diriger le pays de l’homme de Marmelade.

Ici, où le sport national est de vouloir devenir président ou de s’opposer à tout ce que fait le président en place, quand on n’est pas dans la place avec lui, seul René Préval a su faire mentir tous les pronostics depuis la chute de Jean-Claude Duvalier.

Préval, en deux fois, s’est joué de ses adversaires, s’est préservé de ses amis et a réalisé la prouesse de se faire élire et réélire.

En dépit de plusieurs bons points dans son bilan, René Préval traîne derrière lui une malédiction. Une grosse. Les élections qu’il réalise pour transmettre le pouvoir sont entachées d’irrégularités, sont contestées ou contestables. Quand il s’en va, il laisse la tourmente en héritage aux nouveaux présidents.

En 2000, Jean-Bertrand Aristide devient président pour prendre la suite de René Préval. Son mandat ne sera pas de tout repos. Il ne le finira pas. La législature sortie des élections de cette époque n’est pas passée à l’histoire pour ses réalisations marquantes.

En 2010, René Préval, encore lui, est président quand sont organisées les élections que Michel Martelly remporte après des péripéties. Depuis, Martelly peine à organiser des élections pour conforter la démocratie représentative. Les députés et sénateurs élus en 2010 ne sont pas des parlementaires modèles.

Aujourd’hui, nous ne sommes pas dans la dynamique de la bataille anti-Aristide du début du XXIe siècle, mais les forces en présence sont tout aussi déterminées à entraver le mandat du # 8 des dernières élections de l’ère Préval.

Sortir victorieux d’une élection réalisée sous le règne de René Préval est une chose, tout faire pour ne pas laisser le pays sortir des rails de la démocratisation est une autre paire de manches. Ne pas succomber aux sirènes de l’aventurisme, trouver la route étroite du mandat plein et de la transmission réussie du pouvoir, sont tout aussi problématiques.

Saint Ti René ne transmet pas un pouvoir sain à ses successeurs.

La malédiction Préval rôde.

Frantz Duval

Voir en ligne : Le Nouvelliste

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