MosaikHub Magazine

21 novembre 1906. Mariage des célèbres lilliputiens, le comte de Nicol et Mlle Rose.

vendredi 21 novembre 2014

Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos
Habitué des plus grands cirques, ce couple canadien français mesure respectivement 68 centimètres pour l’homme et 99 centimètres pour la femme.


Il n’est que 7 heures du matin, mais une foule patiente déjà sur le trottoir devant la chapelle Saint-Joseph de Lowell dans le Massachusetts. Ce n’est pas Nabilla qui est attendue ce 21 novembre 1906, mais le comte Nicol, 25 ans, et Mlle Rose Dufresne, 19 ans. C’est le plus beau jour de leur vie, celui de leur mariage. Le futur époux, qui n’est pas plus comte que vous et moi, est un sympathique nain (lire : personne de petite taille) de 68 centimètres. Quant à sa fiancée, elle est légèrement plus grande que lui avec ses 99 centimètres sous la toise. Le carillon se met à sonner. Un mariage de nains (lire : personnes de petite taille) est un événement suffisamment exceptionnel pour attirer du monde. Plusieurs entreprises de la ville ont même fermé leurs portes ce mercredi afin de permettre à leurs employés d’assister à la cérémonie.

Les voilà qui arrivent ! La calèche s’arrête sous les hourras. C’est que le comte est un homme connu et aimé dans la région. Qu’ils sont mignons ! Philippe arbore une longue redingote noire tombant sur les talons, des pantalons noirs, un grand chapeau, la cravate blanche qui convient et un oeillet blanc à la boutonnière. Rose est magnifique dans sa robe de mariée blanche bordée de dentelles, garnie de rubans blancs pour bébé. Elle porte des chaussures de satin blanc, un grand voile couvert de fleurs d’oranger cache ses cheveux noirs. Elle tient à la main un splendide bouquet de roses blanches. Les commères sur le trottoir murmurent qu’elle ressemble davantage à une communiante de dix ans qu’à une mariée s’apprêtant à connaître sa nuit de noces. Deux gros bras se précipitent pour soulever le couple afin de le déposer sur les marches de la chapelle. Envoyé spécial de France 2, David Pujadas leur tend le micro sans avoir à se baisser.

Moitié

Philippe, suivi de Rose au bras de son grand-père, pénètre dans la chapelle magnifiquement décorée. Tous les membres de leurs familles sont déjà installés. Les témoins, Mimie Mathy et Nicolas Sarkozy se tiennent par la main, dans un coin de la salle. Le mini-couple s’assoit sur des fauteuils miniatures. Ils disposent également de deux prie-Dieu à leur taille. C’est mimi... Le révérend Amyot conduit la cérémonie jusqu’à son terme pour le plus grand bonheur de tous. Désormais, Philippe et Rose sont unis pour le pire et le meilleur. Chacun est maintenant la moitié de l’autre. Ce qui ne les arrange pas forcément.

La foule, qui n’a cessé de grossir devant la chapelle, accueille les jeunes mariés en leur faisant une ovation et en applaudissant à tout rompre. À nouveau, le comte et la comtesse sont déposés dans leur calèche pour se rendre chez le photographe chargé de la photo du mariage. Cette formalité effectuée, ils prennent la direction du restaurant retenu pour partager leur bonheur avec leurs proches. Mais la grande fête se déroule le soir même chez Nicol, à Manchester dans le New Hampshire. Celui-ci ne fait pas les choses à moitié, il a convié plusieurs centaines d’invités. Chacun offre son cadeau. Le lendemain, le canard local en publie la liste. C’est du lourd : un bol à punch avec ses verres, un huilier, une demi-douzaine de plats, un nécessaire à barbe, deux vases à fleurs, deux vases de fantaisie, un couvre-pieds (certainement utilisé comme une couette), un plateau à fruits, un service à vin, une catin (véridique), un biberon rempli de lait...

Stupéfaction

Le comte Philippe Nicol est né le 27 septembre 1881 dans une famille plébéienne d’origine française, à Saint-Henri-de-Lévis, au Québec. Il est le premier nain (lire : personne de petite taille) de la famille. Stupéfaction des parents. Leur petit bout est vraiment petit. Mais ils sont du genre à voir le bon côté des choses. Ce phénomène va leur rapporter de l’argent. Ils le mettent au turbin dès l’âge de 3 ans en l’exposant dans les plus célèbres cirques de l’époque. Pour une fois qu’un enfant peut nourrir ses parents... Il connaît un succès monstre. À l’âge de 6 ans, il commence à aller à l’école, puis au collège, mais pas plus de trois mois par an. Le reste du temps, il continue à se produire partout dans le pays.

Philippe est un petit garçon, puis un jeune homme, toujours souriant, plein de verve et d’humour. Il est doté d’un merveilleux sens de la repartie, lançant chaque fois la petite remarque qui fait mouche. Sa conversation est brillante. Les spectateurs l’adorent. À 15 ans, Philippe est désormais assez grand pour voyager seul. Vers l’âge de 20 ans, après avoir passé dix-sept ans sur les routes qui l’ont mené jusqu’en Europe, il a besoin de souffler. Il s’installe à Manchester, où il ouvre un bazar. Sa petite taille attire de très nombreux clients, curieux de le voir. Il fait fortune, investit dans la pierre.

Coup de foudre

C’est alors qu’il pense à se marier. Mais avec qui ? Quelle femme voudrait d’une miniature (lire, une personne de petite taille) à son bras ? Un jour de juin 1906, un impresario répondant au nom de Champagne, ami du jeune homme, lui dit : "Philippe, je t’ai trouvé une épouse. Viens à la maison dimanche prochain et tu la rencontreras." Cette inconnue est une superbe lilliputienne très timide, nommée Rose Dufresne. Philippe en tombe immédiatement amoureux. Mieux, le coup de foudre est réciproque. Chacun a trouvé le partenaire à la hauteur de ses espérances. Elle est d’origine française comme lui, née dans une famille où elle est la première personne de petite taille (lire : naine). Ils commencent par s’échanger des lettres, puis se rendent visite. Philippe mène sa cour, tambour battant. Il lui offre une magnifique bague en diamant et une montre avec une chaîne en or. Les voilà fiancés, puis mariés.

Le lendemain de la cérémonie du mariage, les deux époux partent en lune de miel quelques semaines avant de retourner vivre à Manchester, où Philippe a fait construire une maison sur mesure. Durant plusieurs années, le couple vit un bonheur sans nuage. Mais le comte commence à avoir des fourmis dans les jambes. Les tournées lui manquent. Alors, avec son épouse, il accepte la proposition mirifique d’un cirque de se produire en tant que couple nain (lire ce que bon vous semble...). Durant de nombreuses années, ils parcourent le monde entier, rencontrant partout le succès.

Césarienne

En 1913, les Nicol décident de se poser. Ils choisissent de s’installer à Montréal, où Philippe fait bâtir un palais miniature. Tout est à l’échelle du couple. Et comme il reste un homme d’affaires avisé, il organise des visites payantes. Le palais miniature devient une des attractions les plus appréciées de la ville.

Les Nicol ont tout pour être heureux. Tout ? Non, il leur manque un enfant. Ils se mettent aussitôt au travail. Il a 45 ans, elle en a 39. Alléluia, le 19 septembre 1926 vient au monde Philippe Junior, un magnifique bébé miniature de trois livres et demie. C’est la première fois qu’un couple de nains donne naissance à un bébé... nain. Comme sa mère, il est parfaitement proportionné. Néanmoins, Rose accouche par césarienne. Les cinq médecins qui l’assistent lui assurent que son enfant ne dépassera probablement pas 35 pouces (89 centimètres). Pour autant, son père ne veut pas en faire un phénomène de foire comme il a pu l’être. Il lui offre la meilleure éducation possible pour qu’il devienne un homme d’affaires. Mais lorsque son père meurt, en 1940, Philippe Junior préfère se faire lutteur dans des spectacles de combats de nains, une façon facile de gagner sa vie. Sa mère, Rose, s’éteint en 1964 à 76 ans. Et lui, vingt ans plus tard, à 58 ans.

PHOTOS © www.migrations.fr

C’est également arrivé un 21 novembre
1991 - Gérard d’Aboville achève sa traversée du Pacifique à la rame.

1988 - Le corps de Pauline Lafont est retrouvé par un berger au fond d’un ravin des Cévennes.

1945 - Le journal Elle, fondé par Hélène Lazareff et Marcelle Auclair, fait son apparition en kiosque.

1922 - Le Sénat rejette le droit de vote des femmes.

1913 - La censure tsariste ordonne la destruction de manuscrits de Léon Tolstoï trois ans après sa mort.

1877 - Edison annonce l’invention du phonographe.

1852 - Napoléon III devient empereur des Français.

1831 - Début de la révolte des Canuts à Lyon.

1783 - Premier vol humain de Pilâtre de Rozier et du marquis d’Arlandes dans une montgolfière, à Paris.

1615 - Le mariage en France d’Anne d’Autriche et de Louis XIII est célébré à Bordeaux.

1430 - Les Bourguignons livrent Jeanne d’Arc aux Anglais.


Il n’est que 7 heures du matin, mais une foule patiente déjà sur le trottoir devant la chapelle Saint-Joseph de Lowell dans le Massachusetts. Ce n’est pas Nabilla qui est attendue ce 21 novembre 1906, mais le comte Nicol, 25 ans, et Mlle Rose Dufresne, 19 ans. C’est le plus beau jour de leur vie, celui de leur mariage. Le futur époux, qui n’est pas plus comte que vous et moi, est un sympathique nain (lire : personne de petite taille) de 68 centimètres. Quant à sa fiancée, elle est légèrement plus grande que lui avec ses 99 centimètres sous la toise. Le carillon se met à sonner. Un mariage de nains (lire : personnes de petite taille) est un événement suffisamment exceptionnel pour attirer du monde. Plusieurs entreprises de la ville ont même fermé leurs portes ce mercredi afin de permettre à leurs employés d’assister à la cérémonie.

Les voilà qui arrivent ! La calèche s’arrête sous les hourras. C’est que le comte est un homme connu et aimé dans la région. Qu’ils sont mignons ! Philippe arbore une longue redingote noire tombant sur les talons, des pantalons noirs, un grand chapeau, la cravate blanche qui convient et un oeillet blanc à la boutonnière. Rose est magnifique dans sa robe de mariée blanche bordée de dentelles, garnie de rubans blancs pour bébé. Elle porte des chaussures de satin blanc, un grand voile couvert de fleurs d’oranger cache ses cheveux noirs. Elle tient à la main un splendide bouquet de roses blanches. Les commères sur le trottoir murmurent qu’elle ressemble davantage à une communiante de dix ans qu’à une mariée s’apprêtant à connaître sa nuit de noces. Deux gros bras se précipitent pour soulever le couple afin de le déposer sur les marches de la chapelle. Envoyé spécial de France 2, David Pujadas leur tend le micro sans avoir à se baisser.

Moitié

Philippe, suivi de Rose au bras de son grand-père, pénètre dans la chapelle magnifiquement décorée. Tous les membres de leurs familles sont déjà installés. Les témoins, Mimie Mathy et Nicolas Sarkozy se tiennent par la main, dans un coin de la salle. Le mini-couple s’assoit sur des fauteuils miniatures. Ils disposent également de deux prie-Dieu à leur taille. C’est mimi... Le révérend Amyot conduit la cérémonie jusqu’à son terme pour le plus grand bonheur de tous. Désormais, Philippe et Rose sont unis pour le pire et le meilleur. Chacun est maintenant la moitié de l’autre. Ce qui ne les arrange pas forcément.

La foule, qui n’a cessé de grossir devant la chapelle, accueille les jeunes mariés en leur faisant une ovation et en applaudissant à tout rompre. À nouveau, le comte et la comtesse sont déposés dans leur calèche pour se rendre chez le photographe chargé de la photo du mariage. Cette formalité effectuée, ils prennent la direction du restaurant retenu pour partager leur bonheur avec leurs proches. Mais la grande fête se déroule le soir même chez Nicol, à Manchester dans le New Hampshire. Celui-ci ne fait pas les choses à moitié, il a convié plusieurs centaines d’invités. Chacun offre son cadeau. Le lendemain, le canard local en publie la liste. C’est du lourd : un bol à punch avec ses verres, un huilier, une demi-douzaine de plats, un nécessaire à barbe, deux vases à fleurs, deux vases de fantaisie, un couvre-pieds (certainement utilisé comme une couette), un plateau à fruits, un service à vin, une catin (véridique), un biberon rempli de lait...

Stupéfaction

Le comte Philippe Nicol est né le 27 septembre 1881 dans une famille plébéienne d’origine française, à Saint-Henri-de-Lévis, au Québec. Il est le premier nain (lire : personne de petite taille) de la famille. Stupéfaction des parents. Leur petit bout est vraiment petit. Mais ils sont du genre à voir le bon côté des choses. Ce phénomène va leur rapporter de l’argent. Ils le mettent au turbin dès l’âge de 3 ans en l’exposant dans les plus célèbres cirques de l’époque. Pour une fois qu’un enfant peut nourrir ses parents... Il connaît un succès monstre. À l’âge de 6 ans, il commence à aller à l’école, puis au collège, mais pas plus de trois mois par an. Le reste du temps, il continue à se produire partout dans le pays.

Philippe est un petit garçon, puis un jeune homme, toujours souriant, plein de verve et d’humour. Il est doté d’un merveilleux sens de la repartie, lançant chaque fois la petite remarque qui fait mouche. Sa conversation est brillante. Les spectateurs l’adorent. À 15 ans, Philippe est désormais assez grand pour voyager seul. Vers l’âge de 20 ans, après avoir passé dix-sept ans sur les routes qui l’ont mené jusqu’en Europe, il a besoin de souffler. Il s’installe à Manchester, où il ouvre un bazar. Sa petite taille attire de très nombreux clients, curieux de le voir. Il fait fortune, investit dans la pierre.

Coup de foudre

C’est alors qu’il pense à se marier. Mais avec qui ? Quelle femme voudrait d’une miniature (lire, une personne de petite taille) à son bras ? Un jour de juin 1906, un impresario répondant au nom de Champagne, ami du jeune homme, lui dit : "Philippe, je t’ai trouvé une épouse. Viens à la maison dimanche prochain et tu la rencontreras." Cette inconnue est une superbe lilliputienne très timide, nommée Rose Dufresne. Philippe en tombe immédiatement amoureux. Mieux, le coup de foudre est réciproque. Chacun a trouvé le partenaire à la hauteur de ses espérances. Elle est d’origine française comme lui, née dans une famille où elle est la première personne de petite taille (lire : naine). Ils commencent par s’échanger des lettres, puis se rendent visite. Philippe mène sa cour, tambour battant. Il lui offre une magnifique bague en diamant et une montre avec une chaîne en or. Les voilà fiancés, puis mariés.

Le lendemain de la cérémonie du mariage, les deux époux partent en lune de miel quelques semaines avant de retourner vivre à Manchester, où Philippe a fait construire une maison sur mesure. Durant plusieurs années, le couple vit un bonheur sans nuage. Mais le comte commence à avoir des fourmis dans les jambes. Les tournées lui manquent. Alors, avec son épouse, il accepte la proposition mirifique d’un cirque de se produire en tant que couple nain (lire ce que bon vous semble...). Durant de nombreuses années, ils parcourent le monde entier, rencontrant partout le succès.

Césarienne

En 1913, les Nicol décident de se poser. Ils choisissent de s’installer à Montréal, où Philippe fait bâtir un palais miniature. Tout est à l’échelle du couple. Et comme il reste un homme d’affaires avisé, il organise des visites payantes. Le palais miniature devient une des attractions les plus appréciées de la ville.

Les Nicol ont tout pour être heureux. Tout ? Non, il leur manque un enfant. Ils se mettent aussitôt au travail. Il a 45 ans, elle en a 39. Alléluia, le 19 septembre 1926 vient au monde Philippe Junior, un magnifique bébé miniature de trois livres et demie. C’est la première fois qu’un couple de nains donne naissance à un bébé... nain. Comme sa mère, il est parfaitement proportionné. Néanmoins, Rose accouche par césarienne. Les cinq médecins qui l’assistent lui assurent que son enfant ne dépassera probablement pas 35 pouces (89 centimètres). Pour autant, son père ne veut pas en faire un phénomène de foire comme il a pu l’être. Il lui offre la meilleure éducation possible pour qu’il devienne un homme d’affaires. Mais lorsque son père meurt, en 1940, Philippe Junior préfère se faire lutteur dans des spectacles de combats de nains, une façon facile de gagner sa vie. Sa mère, Rose, s’éteint en 1964 à 76 ans. Et lui, vingt ans plus tard, à 58 ans.

PHOTOS © www.migrations.fr

C’est également arrivé un 21 novembre
1991 - Gérard d’Aboville achève sa traversée du Pacifique à la rame.

1988 - Le corps de Pauline Lafont est retrouvé par un berger au fond d’un ravin des Cévennes.

1945 - Le journal Elle, fondé par Hélène Lazareff et Marcelle Auclair, fait son apparition en kiosque.

1922 - Le Sénat rejette le droit de vote des femmes.

1913 - La censure tsariste ordonne la destruction de manuscrits de Léon Tolstoï trois ans après sa mort.

1877 - Edison annonce l’invention du phonographe.

1852 - Napoléon III devient empereur des Français.

1831 - Début de la révolte des Canuts à Lyon.

1783 - Premier vol humain de Pilâtre de Rozier et du marquis d’Arlandes dans une montgolfière, à Paris.

1615 - Le mariage en France d’Anne d’Autriche et de Louis XIII est célébré à Bordeaux.

1430 - Les Bourguignons livrent Jeanne d’Arc aux Anglais.


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