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27 novembre 1934. Le FBI abat Baby Face Nelson, l’un des pires gangsters et tueurs américains.

jeudi 27 novembre 2014

Malgré sa petite gueule d’ange, Baby Face - complice de Dillinger - possède le record d’agents du FBI descendus.

Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos
Baby Face Nelson est un vrai tueur. Une ordure de la pire espèce, malgré son visage angélique. Il adore tuer, plus spécialement les agents du FBI. Il en a abattu plus que n’importe quel autre gangster américain, y compris son complice Dillinger ou Al Capone. Il ne craint personne, pas même l’inspecteur Derrick... Après la disparition de Dillinger (voir éphéméride du 22 juillet 1934), il devient officiellement l’ennemi public numéro un. Pas pour longtemps, car, le 27 novembre 1934, il est abattu lors d’une fusillade homérique. Baby Face n’avait que 26 ans.

Ballet mortel

Depuis la mort de Dillinger, Lester Joseph Gillis, dit Baby Face Nelson, est traqué sans relâche par l’agent du FBI Cowley. Celui-ci n’en dort plus, n’en mange plus, n’en baise plus. Il le veut, mort ou vif. Un indic lui glisse que Baby Face et son complice John Paul Chase, 32 ans, se planquent en Illinois. Ils emprunteraient souvent l’autoroute entre Chicago et le lac Geneva, dans le Wisconsin. Cowley fait surveiller chaque route, envoie des patrouilles dans chaque village, dans chaque station-service. Il fait contrôler des centaines de voitures. Chou blanc. Au fil des semaines, Cowley devient de plus en plus enragé. L’hiver arrive bientôt. Ses hommes se lèvent avant le jour et se couchent bien après, avalant des milliers de kilomètres. La surveillance finit par payer. Le 27 novembre 1934, les agents William Ryan et Thomas McDade croisent une Sedan sur l’autoroute 14 au volant de laquelle ils reconnaissent Baby Face Nelson. Chase est assis à ses côtés et, à l’arrière, Helen Gillis, l’épouse de Nelson.

Les deux flics font demi-tour sur les chapeaux de roue. Mais Baby Face, qui les a également repérés, effectue lui aussi un tête-à-queue : il veut les descendre, ces deux salopards d’agents. Un ballet mortel s’engage entre les deux voitures qui se prennent mutuellement en chasse. Chase tire par la portière avec un fusil automatique. Ses balles explosent les deux pare-brise du véhicule adverse. Simultanément, un pruneau tiré par le FBI fait exploser le radiateur de la Sedan. Ivre de rage, Nelson charge son adversaire, qui, après avoir évité de justesse un camion de lait, s’embourbe dans un champ. Les deux agents jaillissent du véhicule pour faire face à l’ennemi... lequel n’apparaît pas. En effet, la bagnole des gangsters est maintenant prise en chasse par une Hudson occupée par Samuel Cowley et Herman Hollis, qui patrouillaient dans les parages. Pas bien longtemps, car Baby Face Nelson, sentant que son moteur commence à donner des signes de défaillance à cause du réservoir percé, braque brutalement pour pénétrer dans un parking où il s’arrête, en face d’une station-service. Il envoie balader cet autre escroc de Michel-Édouard Leclerc qui veut lui vendre de l’essence à prix coûtant, et attend de pied ferme ses poursuivants.

17 balles dans le corps

Surpris par la manoeuvre, les agents pilent dans un crissement de pneus. Ils se planquent derrière leur véhicule pour répondre au feu roulant des deux gangsters. On se croirait à Marseille un jour ordinaire... Toujours galant, Nelson fait signe à son épouse Helen de s’éloigner pour se mettre à l’abri. En se retournant brièvement, elle le voit vaciller sous le choc d’une balle. C’est probablement celle qui le touche au ventre et dont il mourra quelques minutes plus tard. Le gangster accuse le coup en s’asseyant sur le macadam, mais déjà il se reprend en arrosant l’ennemi avec sa carabine, si rapidement que les témoins pensent qu’il tient une mitrailleuse. Cowley répond du tac au tac avec le tac, tac, tac de sa mitraillette. Les balles miaulent. Six d’entre elles atteignent Baby Face Nelson à la poitrine et à l’estomac. Suffisant pour tuer un buffle, mais pas pour lui. Il continue à tirer sur Cowley, qui s’écroule, touché lui aussi à la poitrine et à l’estomac. Reste Hollis qui poursuit le tir en touchant Baby Face aux jambes. Celui-ci tombe, mais parvient une fois de plus à se relever, apparemment indestructible. Le dernier agent du FBI est abattu d’une balle dans la tête alors qu’il cherche un meilleur abri.

Ne restent alors plus que Chase, indemne, et Nelson, mortellement touché à l’estomac. Ils se dirigent vers la voiture des flics. Chase se glisse derrière le volant, Helen réapparaît pour aider son mari à grimper, et les voilà qui disparaissent. Baby face a dix-sept balles dans le corps. Il parvient encore à dire à Helen : "Je suis foutu" et à indiquer à son complice une adresse sûre à Wilmette, ville située à une quarantaine de kilomètres de là. Le temps d’y arriver et de porter Baby Face dans un lit, celui-ci meurt de sa blessure à l’estomac. Il est 19 h 35.

Terroriser le propriétaire, filer avec le pognon

Les deux agents du FBI ne valent pas mieux. Hollis est déclaré mort peu après son admission à l’hôpital, tandis que Cowley meurt durant son opération. Un coup de téléphone anonyme avertit les agents qu’ils pourront trouver le corps de Baby Face dans une tranchée, en face du cimetière de l’église catholique de Saint-Pierre. Son cadavre est enveloppé dans une couverture. Lorsqu’elle sera à son tour arrêtée, Helen expliquera : "Il a toujours détesté avoir froid."

Baby Face Nelson naît à Chicago en 1908 de parents émigrés belges. Dès son plus jeune âge, c’est une terreur qui compense sa taille de nabot par une agressivité sans limites. Il aurait pu devenir président, il préfère être gangster. À douze ans, il est envoyé en maison de correction après avoir tiré un coup de feu "accidentel" dans la mâchoire d’un autre gosse. De retour à la maison, le jeune Lester pique une bagnole et se fait pincer au volant : retour à la case maison de correction. Ses parents sont au désespoir, il s’en moque. Pendant son séjour à l’ombre, son père se suicide. À 20 ans, il rejoint une bande de voleurs de pneus. Il se fait vite remarquer comme un dur à cuire à qui il ne faut pas chercher des noises. Il monte en grade, le voilà maintenant chargé de transporter de l’alcool de contrebande en pleine prohibition. En 1929, il se marie avec Helen, qui donne naissance à un petit Ronald. Au moins est-il un mari et un père aimant. Intégrant le gang de Roger Touhy (et non d’Al Capone, comme il a été dit), il devient braqueur. Sa spécialité, avec ses potes, c’est de choisir une maison luxueuse pour y terroriser le propriétaire et filer avec le pognon du coffre. Les journaux les surnomment les Tape Bandits (les bandits à la bande adhésive).

Ennemi de la race humaine

Le 21 avril 1930, Baby Face passe aux choses sérieuses en braquant sa première banque. C’est un succès, et il multiplie ensuite les attaques à main armée. La femme du maire de Chicago, qu’il dépouille de ses bijoux, le décrit ainsi : "Il avait un visage de bébé. Il était aimable, à peine plus âgé qu’un enfant, arborait des cheveux foncés et portait un pardessus gris et un chapeau en feutre marron aux bords rabattus." Fin novembre, il est crédité d’un premier meurtre, celui d’un agent de change. La police parvient à lui mettre la main dessus, et cette fois-ci il a droit à un an de pénitencier (seulement !), mais il parvient à s’évader lors d’un transfert. Il se réfugie alors chez un ami dans le Nevada où il poursuit ses méfaits sous l’identité de Jimmy Johnson. Il s’acoquine avec d’autres voyous pour former sa propre bande. Il enchaîne les attaques de banques.

Le 23 octobre 1933, lorsqu’il s’enfuit avec le butin d’une agence de la First National Bank dans le Minnesota, il arrose les passants avec les balles de son fusil-mitrailleur. Avec sa famille, il file alors au Texas pour se faire oublier. Puis retourne à San Francisco où il recrute de nouveaux hommes de main, dont John Paul Chase, pour poursuivre ses attaques. C’est alors que le 3 mars 1934, il aide Dillinger à s’évader de sa prison, en Indiana. Trois jours plus tard, les deux gangsters et quatre associés braquent déjà une banque. La pègre ne chôme pas à cette époque. Les deux hommes sont l’opposé l’un de l’autre. Autant Dillinger est le gentleman braqueur qui redistribue parfois l’argent volé à de pauvres hères dans le besoin, autant Baby Face est l’ennemi de la race humaine, n’hésitant pas à tirer sur les passants lors de ses braquages. Il aime tuer. Les six hommes se font connaître sous le nom de la bande de Dillinger, ce dernier étant, de loin, le plus célèbre. Une semaine plus tard, nouveau braquage de banque dans l’Iowa.

Attaques sanglantes

Le 20 avril, la fin du gang approche. La police apprend que les voyous ont fait venir leurs compagnes dans un gîte isolé, le Little Bohemia Lodge, dans le Wisconsin, pour prendre des vacances bien méritées. Les agents du FBI montent une nasse, mais ils se font repérer trop tôt, donnant le temps à la plupart des gangsters, dont Dillinger, de disparaître. Baby Face, avec son caractère de cochon, décide d’affronter les forces de l’ordre. Après les avoir arrosés d’une volée de balles, il parvient à s’éclipser. La poursuite s’engage au cours de laquelle il blesse deux agents fédéraux et en tue un troisième.

Cette fusillade, dite de Little Bohemia, lui vaut une grande réputation. Il retrouve Dillinger et les autres membres de la bande pour recommencer le turbin. Les attaques de banques reprennent, souvent sanglantes. Quand, le 22 juillet 1934, Dillinger se fait abattre par le FBI devant le Biograph Theater à Chicago, Baby Face lui succède comme ennemi numéro un auprès du Bureau. Avec sa femme et Chase, ils errent d’une ville à l’autre, se planquant dans les campings. Enfin, autour du 1er novembre, ils regagnent Chicago où ils se font finalement pincer par les hommes de Cowley. Baby Face se vantait souvent qu’il ne se laisserait pas prendre vivant. Il le prouve avec panache. Quant à Chase, il se fait prendre deux mois plus tard, il est alors envoyé à Alcatraz qu’il quittera 32 ans plus tard, les pieds devant, abattu par un cancer.

REGARDEZ la traque de Baby Face Nelson par le FBI :

C’est également arrivé un 27 novembre

1999 - Alain Peyrefitte meurt d’un cancer à Paris.

1997 - Le gouvernement français autorise la culture de trois variétés de maïs transgénique.

1987 - Max Frérot, dernier responsable d’Action directe encore en fuite, est arrêté à Lyon.

1963 - Sortie en salle des Tontons flingueurs de Georges Lautner.

1942 - Naissance de Jimi Hendrix à Seattle.

1942 - La flotte française, refusant de se livrer aux Allemands, se saborde à Toulon.

1895 - Décès d’Alexandre Dumas fils, 71 ans, auteur de La dame aux camélias.

1895 - Alfred Nobel rédige à Paris son testament où il demande la création d’un prix portant son nom.

1826 - John Walker, chimiste anglais, invente l’allumette inflammable par friction.

1703 - Une grosse tempête fait 9 000 morts au sud de l’Angleterre et dans la Manche.

1252 - Décès de Blanche de Castille, reine de France, épouse de Louis VIII, mère de Louis IX.

1095 - Le pape Urbain II appelle tous les chrétiens d’Europe à se croiser


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