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OIF : comment la France a imposé Michaëlle Jean

lundi 1er décembre 2014

À peine nommée et déjà des chuchotements. En coulisses, certaines voix s’élèvent pour dénoncer cette nomination et l’attitude de la France.

Par Alain Aka

On ne saura jamais si Léopold Sedar Senghor, l’un des pères fondateurs de la Francophonie, s’est retourné dans sa tombe. Mais une chose est sûre, la nomination de Michaëlle Jean à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie n’est pas du goût de tout le monde.

"Un tremblement de terre"

Après l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali et le Sénégalais Abdou Diouf, le troisième secrétaire général de l’OIF ne sera pas Africain. Une première ! "Un tremblement de terre" et "une défaite" pour Jean-Claude de l’Estrac. Selon l’ex-Premier ministre mauricien, "c’est une autre Francophonie qui va émerger. On ne peut pas imaginer qu’une organisation dirigée par un Africain ait la même orientation qu’une organisation dirigée par une Nord-Américaine". Jean-Claude de l’Estrac faisait partie des quatre Africains candidats à la succession d’Abdou Diouf. Au même titre que l’ex-président burundais Pierre Buyoya, l’écrivain et diplomate congolais Henri Lopes et l’ancien ministre équato-guinéen Agustin Nze Nfumu. Pour le président sénégalais Macky Sall, si le poste est revenu à Michaëlle Jean, c’est à cause "d’une non-candidature unique africaine". "C’est une honte pour l’Afrique noire qui n’a pas réussi à s’entendre", a tancé un membre de la délégation de la République démocratique du Congo (RDC).

"Il n’y a pas d’OIF sans Afrique"

Mais pour certains observateurs, la raison à cette nomination est ailleurs. Selon une source diplomatique africaine, "la France a imposé ses règles et son candidat, tout en affirmant le contraire. Ce n’est pas l’élue qui pose problème, elle a les qualités et l’expertise requise, c’est la manière qui pose problème". Soft, un journal congolais, proche de Kinshasa, estime d’ailleurs que la nomination de Michaëlle Jean "va laisser des traces dans les relations entre Paris et plusieurs capitales africaines". Selon Soft, Michaëlle Jean "aura du mal à s’imposer dans certaines capitales africaines". Alain-Claude Bilie By Nzé, porte-parole de la présidence du Gabon prévient : il y aurait de la "déception" si elle n’agissait pas en faveur du continent car "il n’y a pas d’OIF sans Afrique".

"Petite-petite-petite-fille d’esclaves"

Tout le long de sa campagne, Michaëlle Jean n’a eu cesse de faire référence à ses origines haïtiennes. Pour gagner le coeur des Africains, elle leur a parlé de son identité de "petite-petite-petite-fille d’esclaves". Dès sa nomination et comme pour répondre à tous les sceptiques, elle a encore martelé : "je suis à la fois d’Afrique et des Amériques, je suis une synthèse de la Francophonie". Même si l’arrivée d’une Canadienne à la tête de la Francophonie est un camouflet pour l’Afrique, le Sommet de Dakar a su dépasser "l’identité ethnique pour défendre les valeurs de la Francophonie" et privilégier "la légitimité, la compétence", a estimé une source africaine sous le couvert de l’anonymat.


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