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Obama nomme Ashton Carter au Pentagone

vendredi 5 décembre 2014

Âgé de 60 ans et connu pour son franc-parler, le nouveau secrétaire à la Défense fut numéro deux du Pentagone entre 2011 et 2013.

Le président américain Barack Obama a annoncé vendredi la nomination comme secrétaire à la Défense d’Ashton Carter, qui devra s’appuyer sur son franc-parler et sa fine connaissance du Pentagone pour marquer la différence avec Chuck Hagel. La lutte contre le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie figurera très haut sur la liste des priorités de cet homme de 60 ans qui fut numéro deux du Pentagone entre 2011 et 2013. Mais ce diplômé d’histoire médiévale et de physique devra aussi trouver sa place au sein d’une administration où le pouvoir apparaît concentré entre les mains d’un groupe très resserré, un fonctionnement ouvertement critiqué par deux de ses prédécesseurs, Robert Gates et Leon Panetta.

En acceptant cette nomination lors d’une brève cérémonie à la Maison-Blanche, il a affiché sa détermination à faire preuve de "franchise" avec le président américain. Barack Obama a souligné qu’il avait travaillé étroitement avec lui au cours de ces dernières années : "Il était à mes côtés pour répondre aux défis complexes auxquels nous étions confrontés, je me suis appuyé sur ses compétences et son jugement." Rappelant le parcours universitaire d’Ashton Carter, le président a ajouté dans un sourire qu’il était probablement "l’une des seules personnes qui comprennent effectivement comment nombre de nos systèmes de défense fonctionnent".

Rendre le Pentagone "plus efficace"

Évoquant les défis à venir, il a mis en avant la lutte contre les djihadistes de l’EI, mais aussi la fin des missions de combat en Afghanistan à la fin de l’année, la riposte au virus Ebola en Afrique de l’Ouest où des militaires américains ont été déployés, ou encore le renforcement des alliances militaires des États-Unis, Otan en tête. Mais il a aussi insisté sur d’indispensables efforts budgétaires, soulignant la nécessité de rendre le Pentagone "plus efficace". La confirmation d’Ashton Carter par le Sénat ne devrait - a priori - pas poser de problème dans la mesure où plusieurs élus républicains de premier plan ont déjà indiqué qu’ils n’y étaient pas opposés.

Le sénateur républicain John McCain a jugé vendredi qu’il était "extrêmement compétent, très travailleur et doté d’une solide expérience". Cependant, a-t-il ajouté ironique, "j’espère qu’il comprend bien qu’il aura probablement une influence limitée sur le petit cercle qui entoure le président et qui contrôle visiblement tout le processus de décision". Signe des tensions qui entourent le départ de Chuck Hagel, ce dernier n’était pas présent lors de cette cérémonie à la Maison-Blanche, contrairement à ce qui avait été initialement annoncé.

Très respecté

"Il est difficile d’imaginer quelqu’un de mieux préparé [que Ashton Carter] pour ce poste", juge Stephen Biddle, professeur à George Washington University. "Il est très respecté à la fois par les civils et par les militaires au sein du Pentagone. C’est un manager d’expérience. Et il est extraordinairement intelligent." "Mais la grande incertitude concerne sa capacité à façonner la politique de défense américaine au sein d’une administration aussi centralisée", ajoute-t-il, estimant que s’il "y a toujours eu un certain niveau de tension entre civils et militaires", il est "incontestablement plus fort sous cette administration".

Interrogé jeudi sur la marge de manoeuvre qu’aurait le successeur de Chuck Hagel, le porte-parole de l’exécutif, Josh Earnest, a assuré que l’existence de frictions entre la Maison-Blanche et le Pentagone n’était "ni nouvelle, ni propre à cette administration". Mais il a aussi clairement souligné la répartition des rôles : "Le président est le commandant en chef [des forces armées] et est au sommet de la chaîne de commandement. Cela signifie que le président a une responsabilité importante dans ce qui se passe au ministère de la Défense."

Au-delà de ses relations avec le président, Ashton Carter, qui a plutôt travaillé dans l’ombre jusqu’ici, devra aussi s’habituer à la pleine lumière. "Occuper un poste de haut niveau dans l’administration à Washington, c’est un peu comme être un chrétien dans le Colisée", écrivait-il il y a quelques années. "Vous ne savez jamais quand ils vont lâcher les lions et vous faire dévorer pour le plus grand plaisir du public."


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