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La Belgique rend hommage à Fabiola son ancienne reine pieuse

dimanche 7 décembre 2014

Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen

De longues émissions spéciales sur les chaînes de télévision, assorties de témoignages célébrant à l’unisson une personnalité réputée hors du commun : après l’annonce, vendredi 5 décembre, du décès de la reine Fabiola, épouse du défunt roi Baudouin, la Belgique replonge dans la tristesse et la célébration de son passé révolu. Ainsi que dans le souvenir du long règne d’un monarque aussi réservé que populaire, à la tête d’un pays prospère, consensuel, et non fédéralisé à l’époque…

Depuis le décès de son mari, en 1993, Fabiola Fernanda Maria de Las Victorias Antonia Adelaida, comtesse de Mora y Aragon, vivait dans le château de Stuyvenberg, à Bruxelles. C’est là qu’elle est décédée vendredi, âgée de 86 ans. Elle s’était retirée de la vie publique il y a un an environ

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Ses concitoyens d’adoption garderont l’image d’une vieille dame voûtée, coiffée de chapeaux flamboyants. Celle, aussi, d’un défilé militaire du 21 juillet 2009, jour de fête nationale, quand, bravant des menaces de mort qui lui avaient adressées, elle apparut à la tribune officielle tenant une pomme sur le sommet de son crâne : les lettres anonymes évoquaient un assassinat à l’arbalète…

Une troisième image, enfin : toute de blanc vêtue en 1993, lors de l’enterrement de Baudouin, un événement qui avait déclenché une immense vague d’émotion

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Fabiola et Baudouin s’étaient mariés en 1960. Timide, emprunté, vivant dans l’ombre de son père, Léopold III, le roi avait décidé d’épouser cette jeune espagnole très pieuse à l’instigation du chef de l’’Eglise de Belgique et d’une sœur irlandaise qui exerçait une grande influence au palais de Laeken.

LE COUVENT OU LE PALAIS

Née en 1928 à Madrid, issue d’un milieu conservateur qui quitta l’Espagne en 1936 et y revint après la victoire du général Franco, la jeune Fabiola avait envisagé d’entrer au couvent. Mais elle se retrouva soudain propulsée sur la scène des monarchies européennes et y tint parfaitement son rôle.

Décrite comme chaleureuse et spontanée même si elle avait été élevée dans une vision du catholicisme marquée par les notions de faute et la mort, elle apporta progressivement au roi des Belges la confiance et l’assurance qui lui avaient manqué jusque-là. Couple parfaitement uni pendant plus de 30 ans, Fabiola et Baudouin allaient devenir extrêmement populaires.

Attentive au sort des enfants, des femmes et des plus démunis, la reine marqua aussi un intérêt constant pour la culture, prenant ainsi le relais de la reine Elisabeth, grand-mère de Baudouin et autre figure célèbre de la dynastie belge.

PRIVÉS D’HÉRITIER DIRECT

L’histoire personnelle du couple royal allait être marquée par cinq fausses couches qui privèrent le trône d’un héritier direct. Baudouin et Fabiola allaient, du coup, reporter leur affection sur Philippe, leur neveu, fils aîné d’Albert, le frère de Baudouin.

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« Pour lui, je traverserais le feu », aurait un jour confié Philippe, témoignant de son admiration sans borne pour son oncle. Celui-ci, cependant, avait quelques doutes sur la capacité de ce jeune homme à devenir un jour son successeur. Et cela explique, en partie, le fait qu’à la mort de Baudouin, c’est Albert qui lui succéda. Avant que Philippe finisse, à l’issue d’une longue attente, par accéder au trône à son abdication, en juillet 2013.

« LE ROI, C’EST LA REINE »

Même si, officiellement, elle ne s’occupait pas des tumultueuses affaires politiques du royaume, Fabiola finit par avoir une influence considérable sur son mari et l’ensemble de la famille royale. « Le roi, c’est la reine », disaient des hommes politiques, témoignant de l’autorité morale et du rôle de Fabiola. Ses conceptions religieuses entraînèrent ses proches dans l’orbite du renouveau charismatique, un mouvement prônant le réveil spirituel.

La fin de la vie de la reine aura été marquée par quelques atteintes à son image de grande rigueur, avec le financement d’un cloître dans un domaine royal classé zone naturelle ou sa tentative de faire échapper ses héritiers espagnols au paiement de droits de succession quand ils capteraient son plantureux héritage. Constitué, notamment, grâce à la dotation que l’Etat belge lui maintenait depuis le décès de Baudouin (1,4 million d’euros par an, ramenés à 923 000 euros en 2013).

Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)
Journaliste au Monde

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