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Vie extraterrestre : plus seuls que prévu dans l’Univers ?

jeudi 11 décembre 2014

Les zones habitables de notre cosmos pourraient être bien moins étendues qu’il n’y paraît, du moins pour ce qui dépasse le stade du microbe. Explications.

Par Chloé Durand-Parenti
C’est une note dissonante dans le concert des études qui toujours semblent accroître la probabilité de l’existence d’une vie extraterrestre. Et rien que pour cela, elle mérite sans doute qu’on lui prête une oreille. Deux astrophysiciens, l’Israélien Tsvi Piran de l’Université hébraïque de Jérusalem et l’Espagnol Raul Jimenez de l’université de Barcelone, suggèrent que l’émergence d’une vie intelligente - dont le programme SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence) a attendu jusqu’ici en vain qu’elle nous contacte -, ou même seulement d’une vie plus complexe que le simple microbe, pourrait être finalement beaucoup plus rare que prévu. En cause, selon eux, l’un des phénomènes les plus violents de l’Univers : les sursauts de gamma.

Par sursauts de gamma, on entend des émissions, par bouffées, de rayons gamma, c’est-à-dire des flux de photons (particules de lumière) hautement énergétiques et donc très loin d’être inoffensifs. Un phénomène dont l’origine semble être différente selon leur durée, variant de moins d’une seconde à quelques minutes. Ainsi, les plus courts seraient le résultat de la collision de deux étoiles à neutrons, tandis que les plus longs proviendraient de l’effondrement d’étoiles extrêmement massives auquel on a donné le nom d’hypernova. Ce sont ces derniers que les scientifiques jugent les plus néfastes, non seulement parce qu’ils durent plus longtemps, mais aussi parce que leurs effets se font sentir sur de très grandes distances. Face à eux, le vivant qui serait éventuellement apparu et aurait commencé à évoluer serait sinon anéanti du moins ramené à la case départ.

Une déception, mais des indices

Dans leur article à paraître dans la revue spécialisée Physical Review Letters, Tsvi Piran et Raul Jimenez tentent donc d’évaluer, de manière globale, l’impact potentiel de ces sursauts de gamma sur le développement et l’éventuelle complexification d’une vie. Leurs conclusions sont les suivantes. D’une part, c’est au début de la vie de notre Univers, vieux d’environ 13,8 milliards d’années, que les sursauts de gamma ont été les plus nombreux. Tant et si bien qu’il y a très peu de chances qu’une vie extraterrestre ait pu se développer dans les cinq premiers milliards d’années d’existence du cosmos (pour rappel, la vie sur Terre serait apparue il y a seulement 3,8 milliards d’années, voire 4 milliards). D’autre part, les sursauts de gamma seraient également plus nombreux dans les galaxies jeunes, qui sont encore aujourd’hui très largement majoritaires. Résultat : seulement 10 % des galaxies existantes seraient susceptibles d’abriter une vie complexe. Une douche froide donc ; mais pas seulement...

En effet, si les arguments avancés par les deux astrophysiciens réduisent considérablement les espoirs de trouver des extraterrestres intelligents, ils suggèrent du même coup où l’on peut, s’ils existent, s’attendre à les trouver. En effet, c’est dans le coeur des galaxies, denses en étoiles, que les sursauts de gamma se produisent le plus souvent, alors que, dans la banlieue des galaxies les plus vastes où les astres sont plus clairsemés, la probabilité qu’ils surviennent est nettement moins élevée. Selon les chercheurs, l’existence d’une vie complexe ne devrait donc pas être recherchée à moins de 6 500 années-lumière du centre d’une galaxie. Notre système solaire, lui, se trouve encore bien au-delà, à 27 000 années-lumière du coeur de la Voie lactée !


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