MosaikHub Magazine

Les concessionnaires chinois de BMW se rebellent

samedi 20 décembre 2014

Les distributeurs chinois de BMW exigent de recevoir 785 millions d’euros de compensations pour éponger les pertes qu’ils ont dû supporter l’an dernier.

La Chine se rebelle. Après les autorités de Pékin, c’est au tour des concessionnaires locaux de lancer un bras de fer contre leur maison mère allemande. Dans une lettre envoyée à Munich que le Wall Street Journal a pu lire, les distributeurs chinois de BMW exigent de recevoir 6 milliards de yuans (785 millions d’euros) de compensations pour éponger les pertes qu’ils ont dû supporter l’an dernier. Les plaignants souhaitent en outre que le géant bavarois cesse de leur donner des objectifs de vente irréalisables et qu’il ne les oblige plus à acheter des stocks importants de pièces détachées. Ils demandent enfin au groupe de ne plus les contraindre à ouvrir aussi rapidement de nouvelles concessions. "BMW veut que j’augmente mes ventes de 20 % en 2015, explique un représentant de la marque au quotidien américain. Cela n’a aucun sens. Cela revient à ignorer la situation économique actuelle."

Les "années folles" du marché de l’automobile en Chine pourraient en effet bientôt appartenir au passé. En novembre, les ventes de voitures en République populaire ont progressé de seulement 2,3 % en un an, confirmant le sérieux coup de frein enregistré ces dernières semaines. Sur les onze premiers mois de l’année, 21,08 millions de véhicules ont trouvé preneur dans ce pays qui est devenu l’an dernier le premier marché au monde pour les constructeurs automobiles. Ce chiffre a augmenté de 6,1 % par rapport à l’an passé. Mais cette hausse reste bien inférieure au bond de 14 % enregistré en 2013.

Audi pour les bureaucrates, BMW pour les nouveaux riches

Les constructeurs allemands parviennent encore à bien supporter ce ralentissement. BMW a vu ses ventes croître de 12 % de janvier à novembre et ses prévisionnistes tablent sur une progression à deux chiffres de ses immatriculations en 2015. Sur les dix premiers mois de cette année, Audi a, quant à lui, écoulé 463 812 unités en Chine (+ 16 %) tandis que Mercedes en a vendu 226 635 (+ 31 %). Les marques allemandes n’ont pourtant pas toutes la même image en République populaire. Une étude de l’agence Bloomberg a ainsi montré que la marque Audi était souvent associée aux bureaucrates du gouvernement, alors que BMW convenait davantage aux nouveaux riches. Les plus fortunés préfèrent, quant à eux, rouler en Mercedes. Ses clients gagnent en effet en moyenne 1,83 million de dollars par an.

Le ralentissement de la croissance du marché chinois va obligatoirement avoir un impact sur les ventes des constructeurs allemands dans ce pays. Les autorités locales ont de surcroît décidé de mieux contrôler l’activité de ces groupes sur leur territoire afin d’éviter certains excès. En août dernier, la Commission chinoise pour la protection de la concurrence a ainsi accusé Audi de "comportements monopolistiques". Le secrétaire général de la Commission nationale pour la réforme et le développement (NDRC), Li Pumin, a même été plus loin en révélant que la filiale premium de Volkswagen allait être "sanctionnée conformément à la loi". Des inspecteurs de la NDRC ont en outre perquisitionné les locaux de Mercedes-Benz situés à l’ouest de Shanghai. Selon une source anonyme citée par le site Jiemian, leur enquête "se concentre sur les prix pratiqués par Mercedes-Benz" et sur "sa stratégie consistant à maintenir des prix minimums chez ses distributeurs". Les nuages commencent à s’amonceler dans le ciel chinois pour les constructeurs allemands...


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