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Cuba et Etats-Unis ne réussissent pas à fixer un délai pour la réouverture d’ambassades

jeudi 22 janvier 2015

Cubains et Américains ne sont pas parvenus à fixer jeudi un délai pour la réouverture d’ambassades dans leurs pays respectifs, mais ils ont annoncé qu’ils se réuniraient à nouveau prochainement pour tenter de concrétiser le rétablissement de leurs relations diplomatiques.

Ce deuxième jour de discussions à huis clos à La Havane pour consacrer le dégel annoncé mi-décembre entre les deux ennemis historiques était consacré dans la matinée à renouer des liens diplomatiques rompus en 1961.

A l’issue de cette réunion, les deux délégations ont avoué avoir buté sur "leurs profondes divergences" mais ont tout de même convenu de se revoir.

"Je ne peux pas exactement dire quand (l’ouverture d’ambassades) se produira. Nous travaillons tous sur ces sujets aussi rapidement que nous le pouvons, et nous le ferons dès que nous aurons pu régler toutes les questions pratiques que nous avons besoin d’aborder", a déclaré à la presse la sous-secrétaire d’État américaine Roberta Jacobson.

De son côté, la directrice du département chargé des États-Unis au ministère cubain des Affaires étrangères, Josefina Vidal, a indiqué que les parties avaient prévu de se réunir à nouveau à "une date proche" restant à définir. "Je ne peux pas vous dire si après cette réunion d’autres seront nécessaires", a-t-elle ajouté.

Mme Jacobson, premier responsable américain de ce niveau à fouler le sol cubain depuis la présidence de Jimmy Carter, a souligné que, comme la veille, les débats avaient été "positifs et constructifs", mais qu’il faudrait être patient avant de voir le retour d’ambassadeurs à Washington et à La Havane.

- 50 ans de méfiance mutuelle-

"Ces questions, qui font partie du processus plus large de normalisation, sont complexes et elles reflètent les profondes divergences entre nos deux pays", mais "elles continueront à être discutées". "Nous devons dépasser plus de 50 ans de relations qui n’étaient pas fondées sur la confiance (...) donc il y a des sujets que nous devons aborder pour établir cette relation", a-t-elle expliqué.

Mme Jacobson n’a pas donné le détail des exigences américaines, mais le secrétaire d ?État américain John Kerry avait énuméré mercredi une série de restrictions qu’il souhaitait voir levées concernant les "sections d’intérêts" établies dans les deux pays en 1977.

Il a notamment réclamé la levée des obstacles aux déplacements des diplomates à l’intérieur de Cuba et la fin de la limitation du nombre des membres du personnel diplomatique accrédités.

M. Kerry a aussi demandé "la levée des entraves sur les livraisons à notre mission (diplomatique) afin que nous puissions la faire fonctionner correctement", ainsi qu’un libre accès à la Section d’intérêts de La Havane, garantissant la réciproque pour la représentation cubaine à Washington.

Côté cubain, Mme Vidal a rappelé que la section consulaire cubaine à Washington était privée depuis près d’un an de services bancaires, du fait des restrictions liées à l’embargo américain en vigueur depuis 1962, "ce qui occasionne de graves perturbations dans son fonctionnement".

Entre février et mai 2014, cette section avait cessé d’émettre des passeports pour les Cubains résidant aux États-Unis, ne pouvant trouver une banque américaine prête à prendre en charge ses comptes.

Et comme les diplomates américains à Cuba, les Cubains dépêchés à Washington et à New York sont soumis à de nombreuses restrictions et ont besoin d’une autorisation de leurs hôtes américains pour quitter Washington.

- Dialogue de sourds -

Sur la question sensible des droits de l’homme à Cuba, les déclarations des deux délégations ont illustré jeudi l’étendue de leur incompréhension mutuelle.

Alors que Mme Jacobson assurait "avoir parlé directement de ces problèmes" jeudi, Mme Vidal indiquait quelques minutes plus tard que "le thème n’avait pas été abordé dans ces discussions".

Vendredi, la responsable américaine a prévu de s’entretenir avec des dissidents, confirmant le souci de Washington de placer les droits de l’homme au c ?ur de cette prise de contact historique.

Une large majorité d’Américains salue le changement de politique envers Cuba annoncé mi-décembre, mais plusieurs élus républicains et une partie de la dissidence cubaine critiquent Washington pour n’avoir rien obtenu en échange sur l’ouverture politique et les droits civiques.

Le président américain Barack Obama s’est engagé à soumettre au Congrès la levée de l’embargo. Il a déjà levé une série de restrictions commerciales, financières et sur les voyages et envisage de retirer Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme.

De son côté, La Havane a libéré 53 prisonniers politiques figurant sur une liste remise par les États-Unis.

Au terme d’une première session à huis clos mercredi, les parties s’étaient quittées en désaccord sur plusieurs sujets liés aux migrations, mais avaient salué la bonne tenue des débats et l’attitude constructive affichée de part et d’autre.

Il s’agissait du premier contact de haut niveau entre les deux pays à Cuba en 35 ans.


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