75 ans après, la Bibliothèque nationale continue de fabriquer le futur
La commémoration des 75 ans de la Bibliothèque nationale d’Haïti a débuté vers les 10 heures avec la partie culturelle, animée par les chanteurs Boulot Valcourt et Wooly Saint-Louis Jean. Entre-temps, des élèves, des étudiants et d’autres personnalités, qui ont fait le déplacement pour cette commémoration, visitent l’exposition des anciens livres qui datent de plus d’un siècle, des textes écrits sur la BNH publiés dans des journaux de la capitale dont Le Nouvelliste et des photos des anciens collaborateurs de la Bibliothèque nationale.
Inaugurée le 26 mars 1940 par le président de la République d’alors, Sténio Vincent, la Bibliothèque nationale d’Haïti, en plus d’assurer la conservation du patrimoine écrit haïtien, s’occupe de lecture publique à travers le réseau de ses bibliothèques municipales dans les principales villes du pays. En même temps que la Bibliothèque nationale implantée depuis sa fondation au 193 de la rue du Centre, cinq bibliothèques municipales ont également vu le jour aux Cayes, aux Gonaïves, à Jérémie, à Jacmel et à Saint-Marc sous la présidence de Sténio Vincent et commémorent aussi leurs 75 ans.
Vers les 11 heures, l’animation culturelle a fait place à l’activité officielle de cette journée en présence des protecteurs du patrimoine culturel dont le directeur du Théâtre national, Yves Pénel ; la directrice de la MUPANAH, Michèle Frisch ; le directeur du Bureau national d’ethnologie, Erol Josué ; le directeur de l’École nationale des arts, Philippe Dodart, et l’ancien directeur de la BNH, Emmanuel Ménard. C’est la directrice de la Bibliothèque nationale Emmelie Prophète-Milcé, qui a d’abord placé ses mots. Elle a ainsi souligné que la commémoration des 75 ans de la Bibliothèque nationale d’Haïti est l’occasion de faire l’éloge du service public et du bien appartenant à la collectivité qui doit être bien gardé. « C’est à travers le passé qu’on fabrique l’avenir, a-t-elle argué en ce sens. La Bibliothèque nationale est une fabrique de futur. »
Tout en saluant la présence du Premier ministre Évans Paul, Mme Prophète-Milcé a voulu remercier, en son absence, le président de la République, Michel J. Martelly, qui a accordé une importance spéciale à cette activité. Elle a, dans son allocution, précisé que la mémoire documentaire est bien gardée à la Bibliothèque nationale d’Haïti et que tout un chacun - professionnels, chercheurs, lecteurs d’un jour – a sa petite mémoire cachée quelque part dans cet espace qui a vu défiler plusieurs générations de chercheurs, d’intellectuels et d’élèves du pays.
Pour sa part, le chef du gouvernement, Évans Paul, a salué l’importance de la Bibliothèque nationale qui représente, selon lui, un haut lieu historique pour promouvoir la culture haïtienne. « Après trois quarts de siècle, je ne peux que m’incliner devant l’audace d’une telle initiative de l’ancien président de la République, Sténio Vincent, à un moment où la plupart des pays au monde étaient encore à l’âge des cabinets de lecture bourgeois et des bibliothèques paroissiales, a-t-il souligné. Je tiens à remercier toutes les personnes mortes ou vivantes qui ont supporté ce projet pendant tout ce temps. »
Le premier ministre estime que la Bibliothèque nationale a besoin de continuer d’être valorisée et renforcée « parce qu’elle doit servir notre génération moderne et particulièrement les jeunes qui ont besoin de se former et de s’ouvrir au monde en vue de comprendre les réalités de notre histoire d’Haïti pour mieux s’approprier des besoins futurs du pays. » Pour ce faire, il croit que la BNH a besoin de plus de moyens pour véhiculer et défendre des valeurs qui garantissent la liberté intellectuelle, le droit à l’information et l’accès à la connaissance.
Par ailleurs, la directrice de la bibliothèque en a profité pour lancer le site Web de l’institution qui, selon elle, donnera beaucoup plus d’informations sur les différentes activités de la BNH comme les conférences, les rencontres et les activités des différentes annexes qui sont dans les autres départements du pays. Elle a ainsi expliqué l’importance des numériques pour les pays en développement. « Ça va nous donner la possibilité de démocratiser l’accès au savoir en proposant des contenus à ceux qui sont un peu partout particulièrement à ceux qui sont dans les villes qui n’ont pas accès à des bibliothèques », a-t-elle fait remarquer.
La directrice de la bibliothèque a aussi profité de cette commémoration pour honorer des collaborateurs qui travaillent à la BNH depuis plus de deux décennies. La cérémonie officielle a pris fin vers les 13 heures avec une prestation des danseurs du Théâtre national qui, pendant quelques minutes, ont fait valoir notre culture au son des tambour.
AUTEUR
Jocelyn Belfort
