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Et si on faisait de la politique autrement ?

vendredi 3 avril 2015

Après plus de trois ans de tâtonnement, de diversion, la machine électorale carbure à plein régime. Haïti est sur la bonne voie pour renouveler son personnel politique électif. Vu le nombre de partis et de groupements politiques inscrits (166 entités politiques agréées), l’envie de diriger, la volonté de changer la situation du pays sont palpables. Voir tout ce monde, même les plus récalcitrants ou radicaux, comme on les appelle, prendre le chemin des élections pour accéder au pouvoir est un bon signe pour la démocratie. Mais avec quel programme politique, quelle vision, quel projet de société ? Il est trop tôt pour le savoir. Si programme, vision et projet de société il y a réellement pour certains.

Haïti fait partie de ces pays dits en voie de développement, où la politique reste une porte de sortie pour de jeunes diplômés. De hauts fonctionnaires ou des militants politiques de tout acabit croient encore que l’administration publique est un moyen d’enrichissement rapide. Dans un pays où le taux de chômage est autour de 60%, ça se comprend. Ce n’est pas mauvais que le jeune médecin dépose sa blouse, que l’avocat plie sa toge, que le journaliste abandonne son média pour se lancer dans une course électorale. Surtout ici, où des gens compétents et intègres, qui pourraient changer la situation, hésitent à se lancer dans la gestion de la chose publique, abandonnant la politique aux plus « intelligents », dans le sens créole du terme.

Et si on commençait à changer de perception de la politique et de l’administration publique ? Il est temps d’apprendre à plus d’un que l’administration publique n’est pas un lieu de pillage, une vache à lait. Le train de vie des dirigeants est trop souvent paradoxal à la situation de ce pays considéré comme le plus pauvre de l’hémisphère. Ce même pays qui va dépenser entre 50 et 60 millions de dollars pour les prochaines élections générales avec la complicité de la communauté internationale. Les autorités ne veulent pas encore utiliser le personnel de l’administration publique et les étudiants dans le processus électoral. Devoir citoyen obligerait.

Quoi qu’il arrive, les prochaines élections ouvriront une nouvelle page de l’histoire d’Haïti. Espérons qu’elle sera écrite avec moins de turbulences politiques et moins de haine, que l’État de droit ne sera pas une notion virtuelle, que les intérêts collectifs primeront les intérêts de clan. Que la politique se fera autrement.

AUTEUR

Valéry Daudier

vdaudier@lenouvelliste.com


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