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10 avril 1599. L’extraction de son bébé par morceaux provoque la mort atroce de Gabrielle d’Estrées

vendredi 10 avril 2015

Faute de parvenir à accoucher de son quatrième enfant, la favorite d’Henri IV meurt d’une éclampsie puerpérale.


Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Juste avant l’aube, Gabrielle d’Estrées émerge du coma où elle était plongée depuis la veille au soir. C’est affreux à voir. Son corps frêle est de nouveau secoué de formidables convulsions. Sarkozy en est, lui-même, secoué... Les membres de la jeune femme se tordent dans tous les sens. Elle hurle, son beau visage se déforme dans un rictus effrayant. Sa peau devient noire. Ses serviteurs, ainsi que Mlle de Guise et tous ceux qui la veillent, assistent avec effroi à ce spectacle. Les médecins et les chirurgiens restent impuissants à la soulager. Même le docteur House appelé en renfort en perd son latin... Vers 5 heures, après un dernier râle abominable, la maîtresse d’Henri IV retombe inerte sur sa couche. Son âme s’est envolée à tout jamais.

Celle qui espérait devenir reine de France en épousant le vieux bouc royal n’est plus qu’un cadavre. La nouvelle de son agonie, puis de sa mort, se répand comme une traînée de poudre dans tout Paris, provoquant l’afflux de milliers de curieux. Stéphane Bern est revenu spécialement de Grèce... Chacun veut constater de ses propres yeux quel monstre de laideur est devenue, dans la mort, cette beauté si lumineuse, si parfaite, si blonde. Denis Brogniart rassure les médecins royaux en leur jurant que leur responsabilité n’est pas engagée... Séjournant à Fontainebleau, Henri IV avait sauté en selle dès qu’il avait été averti de l’agonie de sa maîtresse, mais son entourage l’avait incité à faire demi-tour à mi-chemin pour lui éviter un spectacle trop pénible.

Empoisonnement ?

L’effroyable mort de Gabrielle d’Estrées fait aussitôt penser à un empoisonnement. Sully est le premier à soutenir cette thèse dans ses Mémoires. D’après lui, la jeune femme est la victime d’un clan de la cour de France l’ayant éliminée pour qu’elle ne devienne pas reine de France en épousant le Vert galant. N’avait-elle pas déjà commandé sa robe de mariage ? Mais Sully est-il crédible quand il affirme cela ? Aujourd’hui, preuves à l’appui, des historiens prétendent qu’il aurait totalement inventé cette histoire d’empoisonnement pour d’obscures raisons. En revanche, une lettre rédigée six jours après le décès de Gabrielle et retrouvée au XIXe siècle laisse plutôt penser que Gabrielle serait morte d’éclampsie et de fièvre puerpérales à la suite de l’intervention salopée des chirurgiens pour la débarrasser de son foetus mort. Cette lettre, signée par M. de Vernyes, un proche d’Henri IV, décrit en détail les derniers jours de la jeune femme.

Le dimanche 4 avril 1599, Gabrielle d’Estrées, enceinte de quatre mois (elle a déjà donné trois enfants au Vert-galant), quitte Fontainebleau pour venir célébrer Pâques à Paris. C’est une façon pour elle d’affirmer ostensiblement qu’elle est une bonne catholique, en dépit de sa fréquentation de nombreux réformés. Et il lui faut donner de tels gages aux Parisiens si elle veut pouvoir épouser Henri IV, dont elle est la favorite depuis huit ans. Très amoureux d’elle, le Béarnais prend la peine de l’accompagner jusqu’au bac de Melun où ils passent la nuit ensemble. Le lendemain matin, tandis qu’elle embarque sur la barge qui dessert Paris, il revient à Fontainebleau.

Prédiction de terribles événements

Selon De Vernyes, Gabrielle fait une étape à Savigny avant que le bac ne la dépose au débarcadère parisien situé près de l’Arsenal le mardi 6 avril, vers 15 heures. Elle se rend aussitôt chez Sébastien Zamet, un ancien cordonnier devenu immensément riche et ami du roi, dont l’hôtel se situe près du quai d’accostage, rue de la Cerisaie. Elle soupe chez lui, mais n’y séjourne pas, car elle a décidé de passer la nuit chez sa tante, Madame de Sourdis, au doyenné de Saint-Germain-l’Auxerrois. C’est son habitude quand elle réside à Paris. Mais sa tante est absente ce soir-là, car elle est partie pour Chartres. C’est une mauvaise nouvelle pour Gabrielle qui comptait sur elle pour la rasséréner. En effet, depuis quelques jours, la jeune femme est inquiète, voire angoissée, car ses astrologues lui ont prédit de terribles événements. Elle craint de mourir. Du reste, elle s’en est déjà ouverte à Henri, qui a tenté, en vain, de la rassurer.

Elle envoie un valet chercher sa tante. Le lendemain matin, celle-ci n’est toujours pas de retour. Gabrielle se fait conduire en litière à l’église du Petit-Saint-Antoine pour assister à l’office des ténèbres en compagnie de sa grande amie, Mlle de Guise. Dans la chapelle qui leur est réservée, Gabrielle est en train de lire les deux lettres amoureuses d’Henri reçues le matin même quand elle est prise de violents maux de ventre. Le terme n’est pourtant pas prévu avant plusieurs mois. Cette douleur lui fait renoncer à son dîner (à l’époque, le dîner est le repas de la mi-journée) comme convenu chez Zamet. Elle s’y arrête cependant quelques minutes le temps de manger un citron. Ultérieurement, certains prétendront qu’il aurait été empoisonné au bisphénol...

Maux effroyables

De retour au doyenné, constatant que sa tante n’est toujours pas là, elle envoie un deuxième laquais pour la presser de rentrer si elle veut la voir en vie. Les médecins accourus parviennent à calmer les douleurs de Gabrielle et ses convulsions. Elle reçoit une troisième lettre du roi, lui répond et se couche. La nuit se déroule calmement. Le lendemain matin, elle s’habille pour assister à la messe de Saint-Germain-l’Auxerrois, puis regagne son lit vers 14 heures. Deux heures plus tard, elle connaît de nouveau de terribles douleurs qui martyrisent son pauvre corps. Va-t-elle accoucher prématurément ? Au soir, elle se sent un peu mieux et parvient à s’endormir.

Ce n’est qu’un répit. Le vendredi 9 avril, les maux la reprennent vers les 14 heures. Effroyables. Son ventre laisse échapper un grand flux de sang. Visiblement, elle est en train de perdre son bébé, mais celui-ci ne parvient pas à sortir. Les médecins doivent intervenir, c’est une boucherie, ils extraient l’enfant "à pièces et lopins". En langage clair, ils le découpent dans le ventre de la mère pour le sortir par morceaux. Sans anesthésie, sans asepsie ! On imagine le calvaire subi par Gabrielle.

Saignées, lavements et suppositoires

Pour faire bonne mesure, les chirurgiens la saignent à trois reprises, lui administrent trois lavements et quatre suppositoires. Des traitements parfaitement incapables de calmer les effroyables convulsions de son corps qui l’amènent à se griffer le visage. Par la suite, les témoins raconteront que jamais médecins, apothicaires et chirurgiens n’en avaient vu de plus épouvantables. Vers 18 heures, la malheureuse retombe sur sa couche, privée de ses sens. Elle gît, incapable de parler, d’entendre et même de voir. Le coma se prolonge jusqu’au lendemain, samedi 10 avril. À l’aube, des convulsions la reprennent avant qu’elle ne meure.

Gabrielle d’Estrées ne sera jamais reine de France, victime d’une éclampsie puerpérale qui frappe parfois les femmes enceintes. L’autopsie montre des poumons et un foie "gâtés", une pierre en pointe dans le rognon et le cerveau "offensé". Mais rien n’est dit sur l’estomac que le chirurgien aurait dû trouver dans un sale état en cas d’empoisonnement. Henri IV apprend le décès de sa douce amie, le lendemain de sa mort, le dimanche 11 avril. Il lui organise des obsèques quasi royales en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois avant de se consoler dans de nombreux autres bras et d’épouser Marie de Médicis. Gabrielle ne serait pas morte ce jour-là que l’histoire de France aurait été changée du tout au tout

C’est également arrivé un 10 avril

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