MosaikHub Magazine

Elections : aucun accord sur la réduction du nombre de partis politiques

samedi 11 avril 2015

Toute une journée de travail sur « comment réduire le nombre de partis politiques habilités à prendre part aux élections ». A l’hôtel Royal Oasis, le vendredi 10 avril, le gouvernement, l’ensemble de la classe politique et des membres de la société civile se rencontrent avec un seul objectif : réduire le nombre des partis politiques agréés par le CEP. Cette rencontre baptisée « Forum d’Etat » a commencé avec 120 entités politiques agréées et s’est terminée avec 120 entités politiques agréées…

Dans cette grande salle de l’hôtel Royal Oasis à Pétion-Ville se trouve l’élite politique du pays. Nous sommes le vendredi 10 avril 2015, 11 heures du matin. En grande foule, des centaines de leaders politiques ont répondu à l’invitation du gouvernement sur la nécessité de réduire le nombre d’entités politiques habilitées à prendre part aux prochaines élections. Le Premier ministre, les membres du gouvernement, des représentants du CEP, les leaders politiques et des personnalités invitées sont debout pour entonner La Dessalinienne. Un moment fort en émotion patriotique qui n’a duré que l’espace de quelques notes de musique.

Après les propos de bienvenue du ministre chargé des questions électorales, c’est le Premier ministre qui conscientise les leaders politiques sur la nécessité de se regrouper en plateforme politique. Evans Paul les exhorte à prioriser le bien commun en dehors de leur chapelle politique. Dans son style propre à lui, le chef de gouvernement promet que le pouvoir en place va tout mettre en œuvre pour garantir le bon déroulement du processus électoral, mais il ne sera pas facile avec un nombre incalculable de candidats. « Pour que le processus électoral soit crédible, il faut que les élections soient potables », avance-t-il.

Le vice-président du Conseil électoral provisoire, prenant la parole après le Premier ministre, indique que le CEP ne devrait même pas prendre part à la rencontre, puisque, souligne Pierre Manigat Jr, ce qui se passe à l’hôtel Royal Oasis est « éminemment politique ». Cependant, le Conseil électoral estime qu’il serait dans l’intérêt du pays si les partis politiques arrivaient à se regrouper en plateformes politiques. Cela, dit-il, rendra le vote plus facile pour ceux qui ne savent pas lire. Lui et son collègue Ricardo Augustin ont quitté la rencontre avant la pause-déjeuner.

Les dix premiers responsables de partis politiques ayant pris la parole après interviennent sur des choses qui n’ont rien à voir avec l’objectif de la rencontre. Ils ne se sont pas fait prier pour parler sur tout ce qui les concerne personnellement dans le processus électoral, du genre des problèmes qu’ils rencontrent avec d’autres candidats, le financement, entre autres.

Cependant, d’autres ont clairement fait savoir au gouvernement qu’il ne peut pas les forcer à se regrouper dans l’espace de quelques heures alors que le CEP continue avec le processus d’inscription des candidats aux élections législatives.

Pour rendre les discussions plus efficaces et plus formelles, le Premier ministre Evans Paul prend la parole à nouveau pour demander aux leaders politiques de former cinq ateliers sur trois thèmes : Comment réduire le nombre de partis politiques, la formation d’un observatoire national sur le processus électoral et un consensus autour d’un pacte d’entente nationale.

C’est encore le Premier ministre qui procéde à la désignation des animateurs de ces cinq ateliers. En désignant le premier, Me Osner Févry, Evans Paul a dû par la suite hausser le ton pour calmer l’assistance qui contestait énergiquement le choix de Me Févry. On dirait que ce dernier a été nommé président de la République avant même les élections vu la rage avec laquelle il a été contesté par ses pairs. Ironie du sort, l’atelier que présidait Me Osner Févry a été le plus fréquenté et le plus animé.
Il n’y a aucun accord, le problème reste entier

Après environ deux heures de discussions, les trois ateliers chargés de produire des réflexions sur une réduction du nombre des partis politiques agréés s’accordent à reconnaître qu’il n’est pas normal que 120 entités politiques participent aux élections. Cependant, ils exigent plus de temps pour se concerter et demandent au CEP de sursoir sur le processus d’inscription des candidats aux élections pour une date allant de 15 à 30 jours.

Après la présentation des travaux en atelier, le chef du gouvernement indique qu’il y a maintenant un « accord de principe » entre le pouvoir et les partis politiques sur la nécessité de réduire le nombre d’entités politiques habilitées à prendre part aux élections. « Nous prenons acte qu’il n’y a pas encore de décision définitive ce soir sur aucun sujet, nuance-t-il. Il est clair qu’il n’y a pas encore d’accord. Mais il y a, bien sûr, une volonté d’approfondir le dossier », reconnaît Evans Paul.

Cependant, il s’enorgueilli du caractère souverain de la rencontre. Aucun ‘’Blanc’’ n’est caché dernière cette rencontre, laisse-t-il croire. Selon M. Paul, cette démarche initiée par le gouvernement ne se termine pas. Cependant, aucune autre date n’a été annoncée pour le suivi. « Les discussions vont se poursuivre sur la nécessité de trouver une formule pour diminuer le nombre de partis politiques agréés », indique le chef de la Primature.

Dans une interview accordée jeudi au Nouvelliste, le président du CEP, Pierre-Louis Opont, avait fait savoir que les partis politiques ont jusqu’à ce week-end pour se regrouper s’ils le désirent. Selon lui, l’inscription des candidats pour les élections législatives prendra fin le 19 avril comme le dit le calendrier électoral.

Sur la demande de modification du calendrier électoral réclamée par les responsables de partis politiques, le Premier ministre indique qu’il est prisonnier uniquement de trois dates : le dernier dimanche du mois d’octobre inscrit dans le calendrier électoral pour le premier tour de la présidentielle ; le deuxième lundi de janvier 2016 pour la rentrée en fonction de la 50e législature et le 7 février 2016 pour la prestation de serment d’un nouveau président de la République. « Voilà ce que je me donne comme mission », affirme-t-il.

Dans les coulisses de la rencontre

Si la plupart des responsables de partis politiques se montrent, en public, favorables à une réduction des partis politiques, dans des discussions entre eux, ils ne croient pas à la tenue des élections cette année. « Il est clair que les élections ne vont pas se tenir cette année. Le Blanc prépare une transition pour organiser les élections. Cette rencontre est pour la galerie… », disent-ils en tête à tête sur la cour de l’hôtel Royal Oasis.

Il faut souligner que certains responsables d’organisations politiques comme Fanmi Lavalas, INITE, Renmen Ayiti ont quitté la rencontre avant le travail en atelier. D’autres comme OPL, Pitit Dessalines ont tout simplement boudé la rencontre.

Ce qui reste officiellement de cette rencontre, c’est un formulaire soumis aux responsables de partis politiques dans lequel on leur demande des informations personnelles et on leur pose également des questions comme : Etes-vous pour le regroupement des partis politiques ? Le financement des partis et regroupements politiques doit-il constituer une incitation au regroupement ? Quel autre moyen, selon vous, pourrait constituer un facteur d’incitation au regroupement des partis politiques. Certains participants l’ont rempli d’autres pas.

AUTEUR

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie