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La couleur de peau ne fait pas la vitesse du footballeur

jeudi 10 juillet 2014

C’est donc la première fois que Jean-Michel Larqué voit "un blanc courir plus vite qu’un noir". La remarque du consultant en direct au micro de RMC lors du match Pays-Bas – Argentine donne l’occasion de mettre à profit les statistiques mises à jour par la FIFA après chaque match de la Coupe du Monde.

"Lavezzi a pris Martins Indi de vitesse !" Bien vu, l’attaquant argentin a été flashé par la FIFA à 31,4 km/h, plus vite que les 29,6 km/h du défenseur néerlandais dont les parents sont originaires de la Guinée-Bissau. Mais Bruno Martins Indi ne s’est de toute façon pas distingué par sa rapidité lors du Mondial, sa performance ne le classant qu’à la 223ème place. Ezequiel Lavezzi qui a précédemment atteint 31,6 km/h, n’est pas non plus le Bolt des pelouses, puisqu’il ne pointe qu’en 35ème position.

Le vertigineux volume de statistiques consultable ici peut au moins servir à invalider l’hypothèse que les footballeurs noirs courent plus vite, si on regarde le haut du tableau des vitesses de pointe :

33,8 km/h Junior Diaz (Costa Rica)
33,5 km/h Serge Aurier (Côte d’Ivoire)
33,1 km/h Alvaro Pereira (Uruguay)
33,1 km/h Gonzalo Higuain (Argentine)
33,0 km/h Mario Balotelli (Italie)
33,0 km/h Darijo Srna (Croatie)
33,0 km/h Fabian Johnson (Italie)
33,0 km/h Angel di Maria (Argentine)
33,0 km/h Ron Vlaar (Pays-Bas)
32,7 km/h Shkodran Mustafi (Allemagne)

Dans ce top 10, six joueurs sont blancs : Higuain, Srna, Johnson, di Maria, Vlaar et Mustafi. Le plus rapide de la dernière édition du Mondial, Javier Hernandez, était lui aussi blanc. Le Mexicain avait été chronométré à 32,15 km/h par la FIFA, probablement à l’aide d’une technologie différente de celle utilisée au Brésil. Par ailleurs, selon une infographie du journal néerlandais De Telegraaf, un autre joueur blanc Arjen Robben aurait battu le record de vitesse sur un terrain de foot avec 37 km/h lors du match contre l’Espagne. Une mesure non corroborée par la FIFA (pour qui l’attaquant n’a atteint que 31,6 km/h au Brésil) et qui s’ajoute aux nombreuses batailles de chiffres.

Jean-Michel Larqué, ancien joueur de l’équipe de France, entraîneur du PSG et du PFC puis journaliste sportif depuis 1980, appuie son propos en se référant à la couleur des finalistes au départ du 100 m olympique. En 2012, ils étaient certes tous noirs, mais un siècle avant, ils étaient tous blancs. Qu’en sera-t-il en 2112 ?

L’idée que les noirs auraient des prédispositions pour courir plus vite peut être datée du 4 mars 1935, à partir de la polémique médiatique provoquée par un article du Times, "Black Breakers", déjà évoqué dans mon portrait de Jesse Owens. Les divers arguments morphologiques ou génétiques attribuant aux coureurs noirs un avantage, pourtant déconstruits la même année par le Dr Montague Cobb à l’aide de mesures anthropométriques pratiquées sur Owens, persistent néanmoins.


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