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11 juin 1981. Le cannibale Issei Sagawa dévore des biftecks découpés dans la belle Renée.

jeudi 11 juin 2015

Étudiant en littérature à Paris, Issei ne supporte pas d’être repoussé moqueusement par la jeune Néerlandaise.


Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Depuis sa tendre enfance, Issei Sagawa dévore les femmes du regard. Mais cela ne lui suffit plus. Ce qu’il désire plus que tout, c’est pouvoir réellement mordre à belles dents dans une bonne fesse. Ah, se barbouiller de sang et avaler la chair de l’être aimé ! L’amour ultime ! En 1980, il débarque à Paris, à l’âge de 31 ans, pour préparer un doctorat en littérature comparée. Ses études l’intéressent à moitié. Il recherche avec gourmandise l’amour. Il passe son temps à feuilleter les journaux à la recherche d’un casse-croûte. Il repère la jeune Cécile Duflot, mais la viande lui paraît trop grasse pour être aimée... Mimi Mathy lui plaît, mais il n’y a pas de quoi se caler l’appétit...

Bref, le 11 juin 1981, il choisit de dévorer une superbe étudiante néerlandaise qui partage avec lui les bancs de la Sorbonne. Cet après-midi là, il attire Renée Hartevelt dans son studio de la rue Erlanger sous le prétexte qu’un de ses professeurs lui a demandé d’enregistrer des poèmes expressionnistes allemands. Elle accepte gentiment de l’aider. S’il l’a choisie, elle et pas une autre, c’est qu’il en est tombé follement amoureux. Le petit Asiatique de 35 kilos pour 1,52 mètre de haut se meurt d’amour et de faim pour la superbe Hollandaise élevée au maïs depuis son enfance. Mais cette idiote a ri de ses avances. Pour la punir, il la mangera ! En fait, elle n’est pas la première à subir ses assauts. L’année précédente, au Japon, il s’était introduit dans la chambre d’une jeune Allemande dormant nue. Vraiment appétissante, la cousine d’Angela Merkel... Ses hurlements, alors qu’il s’apprêtait à la tuer, le firent arrêter. Accusé de tentative de viol et de meurtre, il fut cependant libéré grâce à l’intervention de son père, patron d’une des plus grandes entreprises nippones. Lequel s’empressa de l’envoyer se faire oublier en France, réputée pour sa gastronomie et la beauté des jeunes femmes.

"J’ai entamé mon festin avec son cul"

Sans méfiance, Renée s’installe devant le bureau d’Issei et commence à lire un poème de Johannes Becher. Le petit Japonais a mis en route un dictaphone à cassettes. Sur la bande, on entend la voix de la jeune femme dévider les vers jusqu’à un coup de feu. Issei a tiré dans le dos de Renée au moyen d’une carabine 22 long rifle. Celle-ci s’écroule sur le bureau avant de glisser à terre en entraînant la chaise. Son assassin défaille devant son crime. Ses jambes flageolent. Il doit s’asseoir. Mais bien vite il retrouve ses sens. Il sent l’eau lui monter à la bouche. Il s’empresse de déshabiller son plat de résistance. La voilà enfin nue, offerte. Pas trop maigre, pas trop grasse. Avant de se mettre à table, il fait l’amour au cadavre. Cette bonne chose de faite, il ne perd pas de temps à cuisiner. Depuis 25 ans qu’il attend ce moment-là... "J’ai entamé mon festin avec son cul. C’est la partie qui me semblait la plus succulente. Je voulais la fesse droite, pas la gauche. Plus près du coeur, la fesse gauche contient davantage de sang. Ça m’effrayait."

Le minuscule Japonais se jette à genoux pour mordre à pleines dents dans le derrière de la Hollandaise. Il croyait trouver la consistance fondante d’un sushi au thon, il se tord la mâchoire. Impossible d’arracher un morceau de barbaque. Il se précipite dans la cuisine pour s’emparer d’un couteau avec lequel il ne parvient même pas à entamer la fesse. Il se sent horriblement frustré. Il lui faut un couteau plus aiguisé. Il va l’acheter sur un marché proche. Cette fois, il parvient à entamer la chair. Surprise : au lieu de tomber sur une viande rouge, il trouve une substance jaunâtre qui lui rappelle du maïs. La graisse ! Il tranche plus profondément pour enfin se découper une tranche juteuse qui croque avec délice. Puis il arrache la langue. Quel délice, quel orgasme. Depuis le temps qu’il en rêvait. Mais on n’est pas des sauvages. Au cours des deux jours suivants, Issei se mijote de bons petits plats avec Renée. Il adapte une recette d’inspiration asiatique du chef Thierry Marx, le juré de Top chef. Il prélève un sein de Renée qu’il fait revenir dans une poêle. Il le dépose sur une assiette avec de la moutarde et des petits pois. Il prend toutes les étapes en photo.

Il l’enfourne dans deux valises

Ne disposant pas d’un congélateur, l’étudiant entreprend de le dépecer pour en conserver les meilleurs morceaux. Quelques années auparavant, au cours d’une croisière, il avait fait la connaissance d’un boucher grec qui lui avait expliqué comment débiter une carcasse. Il jette Renée dans la baignoire pour évacuer le sang, puis Issei prélève une cuisse et d’autres morceaux savoureux qu’il enferme dans des sacs en plastique et dépose sur des assiettes en carton dans son réfrigérateur. Il se découpe ainsi sept kilos de viande. Il ne s’interrompt que pour prendre des photos, car ce petit homme est aussi un extraordinaire narcissique qui veut faire savoir au monde entier ce qu’il a fait. Reste à se débarrasser de la carcasse. Il pense un instant l’envoyer à Spanghero... Avec son couteau, il parvient tant bien que mal à découper Renée en pièces détachées, puis à l’enfourner dans deux valises achetés spécialement pour ce usage. Mais pour un si petit homme, la tâche est difficile. Le torse reste très lourd, et il a bien du mal à le faire entrer dans la valise. Enfin, les deux bagages sont refermés. Il compte les jeter dans le lac du bois de Boulogne. Il appelle un taxi dont le conducteur s’étonne du poids des deux valises. Le bonhomme, se croyant drôle, jette à son client : "Mais qu’est-ce qu’elles sont lourdes. Y aurait pas un cadavre à l’intérieur ?" En plein dans le mille. Issei a la présence d’esprit de répondre qu’elles contiennent des livres.

Il est aux environs de 20 heures et, comme nous sommes en juin, il fait encore jour. Ce que n’avait pas prévu Issei. Il pensait qu’à cette heure-là il pourrait se débarrasser des deux valises sans se faire remarquer. Quand le taxi le débarque dans le bois de Boulogne, il a la chance de trouver un Caddie dans lequel il met ses deux valises qui pèsent un âne mort. Et voilà Issei en train de pousser avec peine son chargement en direction du lac. L’allée est en pente. Il sue. Les rares promeneurs regardent avec étonnement ce petit Japonais en train de pousser son chariot. Il arrive près du lac, le soleil qui commence à se coucher fait rougeoyer l’horizon. L’assassin de Renée en oublie presque sa belle devant la beauté du spectacle. Il s’éloigne du Caddie pour mieux admirer le rougeoiement. Il ne voit pas s’approcher un couple d’amoureux, intrigué par les valises dont s’échappe un liquide. L’homme tape sur l’épaule d’Issei pour lui demander si elles lui appartiennent. Au lieu de répondre par l’affirmative, ce qui aurait probablement fait partir le couple, il marmonne une réponse indistincte, puis s’éloigne le plus rapidement possible. Pendant ce temps, son interlocuteur ouvre la valise en carton, découvre un drap ensanglanté. Après un temps de surprise, il hurle à l’assassin. Issei a déjà disparu.

"Elle était tellement bonne"

La police est bientôt sur les lieux. Elle lance dès le lendemain un appel à témoins qui est entendu par le chauffeur de taxi. Celui-ci appelle aussitôt la brigade criminelle pour lui révéler qu’il a chargé un client asiatique avec deux valises devant le numéro 10 de la rue Erlanger, dans le 16e arrondissement. Il se le rappelle bien car il avait été surpris de la destination, le bois de Boulogne, avec deux valises.

Le 13 juin, Issei Sagawa est arrêté devant chez lui, alors qu’il descend d’un taxi. Quand les policiers lui demandent : "Vous savez pourquoi on est là ?", il hésite quelques secondes avant de reconnaître : "Oui, c’est en rapport avec Renée Hartevelt." Au 36, quai des Orfèvres, il ne se fait guère prier pour tout raconter. Il explique son acte comme la preuve d’un amour total. "Mais vous dites bien en France qu’une femme est à croquer", explique-t-il aux policiers médusés. Finalement, le juge Bruguière, qui est chargé de l’affaire, envoie Issei à la Santé. L’instruction dure quatorze mois. Trois experts psychiatres le questionnent sans relâche. Ils attribuent sa perte totale d’inhibition à une encéphalite attrapée à l’âge de 2 ans, à laquelle il avait réchappé par miracle. Dès l’âge de 7 ans, il est taraudé par le besoin de dévorer de la chair humaine. Ses pulsions cannibales seraient liées à ses rapports avec sa mère. Durant sa petite enfance, celle-ci passait son temps à l’obliger à manger pour survivre. Bref, les psys concluent à l’irresponsabilité pénale du cannibale japonais. Après un non-lieu en 1983, il est placé en hôpital psychiatrique. Un an plus tard, il est transféré au Japon. Un examen psychiatrique le reconnaît sain d’esprit, souffrant seulement d’une sorte de perversion sexuelle. La justice japonaise se trouve alors dans l’obligation de le libérer, car le non-lieu prononcé en France interdit de le rejuger au Japon. Bilan : le cannibale japonais retrouve la liberté le 12 août 1986, cinq ans après son repas amoureux.

Au Japon, Issei Sagawa devient un star, on le surnomme "l’étudiant français". Il publie plusieurs livres relatant son expérience. Il apparaît dans une pub pour un restaurant de viandes, tourne plusieurs films érotiques. Lors d’une interview donnée à une chaîne de télé allemande, il déclare : "D’une certaine façon, je regrette d’avoir tué Renée, mais, d’une autre, j’ai bien fait : elle était tellement bonne !"


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