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Les migrants arrivent de plus en plus nombreux

mardi 23 juin 2015

Les Haïtiens en provenance de la République dominicaine continuent d’arriver en Haïti. Avant même l’épuisement du délai de 45 jours prévu par la loi, des Haïtiens quittent volontairement la terre voisine, quand ce ne sont pas les autorités dominicaines qui les chassent. En Haïti, le gouvernement poursuit les mises en place pour organiser l’accueil.

L’exode des ressortissants haïtiens en République dominicaine s’intensifie. Ils sont déjà des milliers à regagner leurs familles en Haïti. L’Office national pour la migration (ONM) a déjà enregistré pas moins de 1 803 personnes dans le point frontalier de Belladère. Ils arrivent par centaines, dans des bus et des camions remplis. Seul ou en famille, il y en a qui n’ont même pas eu le temps de récupérer leurs affaires face à la peur grandissante instaurée de l’autre côté de la frontière. A Belladère lundi, comme dans les autres points de la frontière, les activités se déroulent comme à l’accoutumée. Haïtiens et Dominicains achètent, échangent des produits, sous les regards des autorités des deux côtés de l’île. Pendant ce temps, les migrants haïtiens qui décident de quitter volontairement la République dominicaine défilent dans l’indifférence de tout le monde. Ceux qui ont les moyens de se payer le voyage vers Haïti emportent meubles et autres effets personnels pour regagner Haïti. Carolina s’est établie de l’autre côté de la frontière depuis plus d’une dizaine d’années. Conseillée par ses amis et voisins dominicains, elle a précipitamment quitter Azua et est partie avec ses trois enfants. « Ce sont des voisins qui m’ont dit de partir rapidement pour épargner les enfants des mauvais traitements des autorités qui peuvent nous chasser n’importe quand », a-t-elle raconté difficilement dans un créole truffé d’expressions espagnoles. Sa première motivation est de reprendre sa vie normale après son arrivée en Haïti pour faire vivre ses enfants. « Je travaillais dans les plantations de tomates, mes enfants allaient normalement à l’école, s’il le faut, je suis prête à partir pour Port-au-Prince pour aller travailler », a confié la dame qui s’apprête à traverser la frontière afin de se rendre à Thomonde, où elle vivait avant de quitter le pays. A la frontière, les autorités haïtiennes tentent avec beaucoup de difficultés de coordonner l’accueil des migrants. Des délégations du gouvernement ont été déployées lundi dans les différents points frontaliers. De concert avec les autorités locales, le gouvernement essaie d’enregistrer et d’apporter de l’aide à ceux qui arrivent. Mais cela va prendre du temps, l’aide peine à s’installer sur la frontière. En attendant que tout soit mis en place par le gouvernement, les migrants se débrouillent tout seuls et se donnent les moyens de rentrer chez eux. « Nous repartons pour Port-au-Prince avec le cœur serré », a déclaré le ministre des Affaires sociales et du Travail, Victor Benoît, qui a visité la frontière de Belladère lundi. Le ministre déclare que les autorités dominicaines sont tout simplement en train de pouchasser les ressortissants haïtiens. Le ministre a distribué du matériel et un montant de 200 000 gourdes aux autorités locales pour donner les premières réponses dans la zone. Parallèlement aux déplacements volontaires, les autorités dominicaines ont déjà commencé les opérations de déportation. Lamark vit là-bas depuis quinze ans. Lui, sa femme et ses cinq enfants dormaient tranquillement dans leur maison quand la police a frappé à la porte dimanche soir. « Il était 11 heures du soir quand ils ont demandé d’ouvrir la porte et de présenter nos pièces d’identification avant de nous embarquer avec les enfants », a raconté l’homme d’une trentaine d’années qui vient de débarquer à la frontière de Belladère. Il dit attendre l’aide des autorités haïtiennes pour pouvoir rentrer chez ses parents. Après quinze années de vie au pays voisin, Lamark affirme que ses cinq enfants ne sont pas reconnus comme des Dominicains. « Pour aller leur faire un acte de naissance, leur maman et moi devions avoir le cedula, la carte d’identité dominicaine, à laquelle nous n’avons non plus accès », s’est plaint l’homme qui raconte avec peine le drame de sa vie. Comme ce fut le cas pour Lamark et sa famille, la police dominicaine procède à l’arrestation et à l’embarquement des ressortissants haïtiens. La commission mixte de solidarité nationale a rencontré le week-end écoulé des représentants des organismes internationaux. Le Premier ministre Evans paul a invité la communauté internationale à forcer la République voisine à répondre aux requêtes du gouvernement haïtien. Le gouvernement haïtien demande aux autorités dominicaines d’acheminer le flux des déportés en deux points d’entrée, Malpasse et Ouanaminthe. Haïti a également sollicité les noms, les profils et l’itinéraire des migrants. -

Louis-Joseph Olivier ljolivier@lenouvelliste.com
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