Les boules puantes de Sepp Blatter
Si la vieillesse est un naufrage, Sepp Blatter est déjà dans le canot de sauvetage. Le président de la Fifa balance des boules puantes comme s’il ne voulait pas mourir seul et parce qu’il voudra barrer la route de Zurich à Michel Platini.
Il ne faut pas décoder autrement le dernier entretien qu’il a accordé au journal Welt am Sonntag. « Avant l’attribution des Mondiaux au Qatar et en Russie, il y a eu deux interventions politiques. MM. Sarkozy et Wulff (président fédéral d’Allemagne entre 2010 et 2012) ont essayé d’influencer leur délégué », explique-t-il. La fédération allemande (DFB), notamment, « a été incitée (par M. Wulff) à voter pour le Qatar à cause d’intérêts économiques. »
Sepp Blatter ne dit pas que Michel Platini a voté pour le Qatar sur injonction ou sur ordre de Nicolas Sarkozy. Il le sous-entend. Chacun appréciera que le président de la Fifa délivre les certificats de bonne conduite au moment il est contraint de démissionner, « de remettre son mandat », comme il le dit avec le sens de la litote des hommes politiques.
Sepp Blatter renouvelle des accusations émises dès 2013. Les représentants européens auraient fait l’objet « d’influences politiques directes » de la part de leurs « chefs de gouvernement. » Theo Zwanziger, l’ancien président de la fédération allemande a démenti ces accusations dans un livre. Il a assuré que le président allemand Wulf n’avait pas eu la moindre influence sur le choix du bulletin de vote. Plus habile ou plus prudent que Michel Platini, Franz Beckenbauer, membre du comité exécutif à l’époque, a refusé d’indiquer pour quel pays candidat il avait voté.
Rappelons par ailleurs que le journal France Football avait révélé qu’une réunion s’était tenue à l’Elysée quelques jours avant le vote. Michel Platini se serait-il engagé à voter pour le Qatar comme FF l’a écrit ? Le président de l’UEFA a voté pour le Qatar. Il l’a dit. Mais il refuse l’idée d’influence.
Ce vote est une épine dans le pied de Platini. Pour de multiples raisons sur lesquelles je ne reviendrai pas ici, le choix du Qatar n’est pas judicieux. Michel Platini est associé à cette décision. Je ne dirai pas qu’il traîne l’attribution de la Coupe du monde 2022 comme un boulet mais elle obscurcit sa carte de visite.
Sepp Blatter ne veut pas mourir seul ni finir dans les prisons américaines. « Tant que tout n’est pas clarifié, je n’entreprendrai pas de voyage à risque », a déclaré le président de la Fifa pour justifier son absence lors de la finale de la Coupe du monde féminine, ce dimanche au Canada. Si les voyages forment la jeunesse, ils fatiguent les personnes âgées, c’est bien connu.
Pascal
