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7 juillet 1872. Verlaine abandonne le domicile conjugal pour rejoindre Rimbaud.

mardi 7 juillet 2015

Entre sa jeune épouse malade et son amant démoniaque, le coeur du poète ne balance pas longtemps.

Le 7 juillet 1872, Paul Verlaine fait à sa jeune épouse, Mathilde, le coup du type qui descend acheter des cigarettes et ne revient jamais. Au petit détail près que lui, c’est le docteur qu’il était allé chercher, envoyé par son épouse malade. Il a 28 ans, elle en a seulement 18. Mariés depuis presque deux ans, ils sont parents d’un petit Georges, 7 mois. Le couple tangue depuis plusieurs mois à cause de l’inconduite de Paul. Une fois déjà, Mathilde a abandonné le domicile conjugal, excédée par les frasques de son mari avec Rimbaud. Mais elle est revenue après la promesse de Verlaine de ne plus le fréquenter, de ne plus boire de l’absinthe, de ne plus la frapper,... Elle l’a cru. Tu parles, autant demander à Copé de ne plus faire de politique ou à Hollande de se mettre dans la peau d’un président... En tout cas, depuis le retour de Mathilde au domicile conjugal en mai, le poète joue au bon père de famille.

Jusqu’à ce fameux jour où Mathilde envoie Paul chercher le docteur. Les heures passent sans qu’il revienne. Comme soeur Anne, la jeune Mme Verlaine ne voit rien venir. Elle devient folle d’inquiétude. Que lui est-il arrivé ? Avec Paul, il faut s’attendre à tout. A-t-il roulé sous un attelage ? Le lendemain, elle court à la morgue. Il n’y est pas. Il a disparu ! Volatilisé !

"Misérable fée Carotte"

L’explication s’appelle Rimbaud. Quand il débouche dans la rue avec l’intention de se rendre chez le médecin, Verlaine tombe nez à nez avec le jeune poète de Charleville. Ce n’est pas un hasard, celui-ci venait justement le prévenir de son départ immédiat pour Bruxelles. Depardieu l’attend déjà dans le train... Si Paul veut rester chez bobonne à torcher un môme, cela le regarde, lui part découvrir le monde. Adieu ! En une seconde, toutes les bonnes résolutions de Verlaine s’envolent ! Oublié le médecin ! Au diable Mathilde ! Adieu Georges ! Il prend la décision de suivre son jeune amant, son âme damnée. Il ne pense plus qu’à s’enfuir avec lui. Les deux poètes courent chez la mère de Verlaine pour lui emprunter de l’argent avant de sauter dans le train de Bruxelles. Seulement, comme ils n’ont pas de passeport, ils descendent du train avant la frontière pour achever leur voyage à pied, dormant dans les fossés. Ils claquent leur maigre pécule en se saoulant la gueule dans les auberges avant de rallier enfin la capitale belge.

Les deux complices, amants, font la java. Entre deux cuites, Paul finit par envoyer une lettre à Mathilde afin de la rassurer. Trop inquiète, celle-ci pardonne à son époux et veut même le récupérer. Elle décide de lui donner une dernière chance. Le 17 juillet, Mathilde débarque à Bruxelles pour l’arracher aux griffes d’Arthur. En la voyant débarquer dans son gourbi, si fraîche, si plaisante, Paul est submergé par le désir. Ils font l’amour, il lui promet d’être sérieux, de quitter Rimbaud, de revenir sagement avec elle. Sur le moment, il est sincère, il croit à ses promesses. Mathilde et lui prennent le train pour Paris. À la frontière, tout le monde descend pour la visite de la douane. Soudain, Verlaine disparaît. Il s’enfuit, reprend le chemin de Bruxelles. Décidément, il est incapable d’abandonner Rimbaud.

Les deux poètes se retrouvent, s’engueulent, s’aiment. Paul envoie un mot terrible à la pauvre Mathilde : "Misérable fée Carotte, princesse Souris, punaise qu’attendent les deux doigts et le pot, vous m’avez fait tout, vous m’avez peut-être tué le coeur de mon ami ! Je rejoins Rimbaud, s’il veut encore de moi après cette trahison que vous m’avez fait faire." Pour Mathilde, c’en est trop. Elle comprend la nature des relations qu’il entretient avec Rimbaud. Elle est effrayée. Elle veut le divorce. Jamais elle ne le laissera voir son fils, par crainte du mauvais exemple.


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