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Tabou Combo, ambassadeur de la culture haïtienne -

jeudi 3 septembre 2015

REGARDS Ils ont fêté le 25 août leur 48e anniversaire comme Tabou Combo, mais cela fait 49 ans, avec Los Incognitos, qu’une bande d’amis font danser Haïti et le monde au son d’un Compas Direct dont ils sont les seuls à avoir le secret.

Il suffit de dire Tabou Combo pour évoquer, chez tous les Haïtiens, une immense fierté. C’est un pan de la musique d’Haïti et des Antilles. Leur influence est immense dans l’évolution de la musique caribéenne. Tabou c’est une suite régulière d’albums tous aussi excellents les uns que les autres (une quarantaine). Des concerts explosifs et électrisants avec leur sens de la mise en scène et du spectacle, surtout dans leur jeunesse. Ils méritent leur appellation de SUPERSTARS. Ils portent haut les fleurons de notre culture. Tabou Combo, un des rares consensus haïtiens. L’aventure Barclay L’histoire glorieuse et inspirante de ce groupe qui vient de fêter ses 47 ans, le 24 août dernier, n’est pas suffisamment diffusée. Ce groupe créé par Albert Chancy et Herman Nau a traversé le temps pour devenir une institution, un patrimoine, un mapou de la culture haïtienne. Le compas, faute de vision et d’esprit d’équipe, ne s’est pas imposé sur la scène mondiale. À l’opposé, Tabou Combo a dominé la scène internationale. C’est en 1975 que l’explosion a lieu. Ironiquement, cela ne se produisit ni en Haïti, leur pays de naissance, ni aux USA, leur terre d’accueil, mais en France. New York City, titre gravé sur l’album 8e sacrement, connaîtra le plus grand succès de vente de l’ histoire de la musique haïtienne. Après plusieurs semaines en tête du hit parade français, le single sera consacré disque d’or. Barclay négocia avec l’impresario du groupe, à l’époque. Les musiciens, jeunes et bohèmes, ne verront jamais la couleur de cet argent. Mais sur la scène mondiale, la musique compas avait un nom :Tabou Combo. À la conquête du Panana Sans stratégie, et surtout ignorant les rouages du marché international de la musique, aucun entrepreneur et aucun groupe ou musicien de l’époque, évoluant dans le milieu haïtien, n’a pu profiter des retombées de cette percée. Après quelques années de vache maigre, mais grâce à leur talent et leur force de caractère, ils renouèrent avec le succès. En 1981, Mabouya est un hit confirmé à la radio panaméenne. Le succès est tel qu’un Haïtien vivant à la capitale Panama city convient d’une tournée avec le groupe. Cinq villes, douze milles personnes dans chaque ville viendront les acclamer. Panama City, Chiriqui, Chorrera, Chitre et Colon, ville afro-panaméenne composée majoritairement de descendants d’immigrants jamaïcains et d’Afro-Américains venus pour la construction du canal. Cette tournée couronnée de succès inaugurera une longue histoire d’amour qui dure encore après 34 ans, entre Tabou et les Panaméens. Fanfan et Kapi pour répondre à cet amour offriront à leurs fans latins plusieurs titres en espagnol, dont le chef d’oeuvre "Panama Querida" qui devint un hymne national, non officiel, au Panama. Les invitations se succéderont : Fête nationale, carnaval, autres grands événements au Panama ainsi que dans la diaspora panaméenne. Tabou intégra un chanteur panaméen pour épauler Shoubou, lors de leurs nombreuses tournées, dans ce pays d’adoption. Je le dis sans euphémisme puisque en 2004, les autorités décerneront au groupe le titre de Orchestre panaméen. Années 80, le Zouk attaque :Tabou réplique Les années 80, c’est l’explosion du zouk à travers le monde. Kassav et ses musiciens en solo empilent trois disques d’or, en deux ans. Zouk Machine, avec "Sove lanmou", confirme, 600 000 exemplaires vendus. En Haïti, nous sommes en mode dechoukaj. Le compas est en berne. C’est l’entrée en scène de la démocratie. Le pays se cherche. Périodes d’espoir et de désillusion. Zèklè sera plébiscité par la jeunesse haïtienne. Mais les ambitions personnelles limitées des talentueux musiciens les empêcheront d’être les phares souhaités. Néanmoins, leur influence marquera le mouvement Nouvelle Génération. La réplique au Zouk viendra de Tabou Combo. Dès 1985, avec Juicy Lucy, le groupe se hisse dans le palmarès européen. Cette chanson sera d’ailleurs choisie pour faire partie du film "Police" du cinéaste français Maurice Pialat, dont Depardieu fait partie de la distribution. Kite m fè zafè m, sera souligné par le magazine Beat, en 1988, parmi les meilleurs tubes de l’année. Ce titre de même que Zap Zap, un autre tube, seront choisis par Jonathan Demme pour son film Mystèry Date. Zap Zap, qui sera réédité, trois ans plus tard par Sony Japon, est à l’origine de la tournée triomphale de Tabou Combo au pays des Samouraïs. En 1989,c’est avec "Aux Antilles" que Tabou consolidera sa place de ténors à côté du groupe Kassav. Durant six semaines d’affilée, la chanson fera la une des hits parades européens et antillais. L’album éponyme gagnera le prix du meilleur album de musique haïtienne de danse au CARIBBEAN MUSIC AWARDS. Les scènes mythiques et les invitations préstigieuses Dans le show-business comme dans la vie en général, il n’y a pas de cadeau ! Avec un son reconnaissable entre tous, parce qu’ils ont toujours été au top, parce qu’en concert, il s’agit probablement des meilleurs performeurs haïtiens des années 70 jusqu’aux années 90 . Tabou Combo a su gagner ses lettres de noblesse. Leur parcours est éloquent et édifiant. Jugez par vous-même : -La Salle Wagram qui fête cette année ses 150 ans est l’ une des plus anciennes et prestigieuses salles parisiennes. Tabou Combo, en 1980, y égala le record d’assistance de la célèbre Célia Cruz, 4 800 entrées. C’est l’année de l’album "Baissez Bas". Cette salle d’une acoustique parfaite a vu défiler plusieurs légendes de la musique mondiale :Maria Calas, Duke Ellington, Herbert Von Karajan. -Tabou Combo, que Jordan Levin de Miami Herald qualifie de "Rolling Stones" du compas, a l’habitude des grandes scènes et des grandes foules. Au Danemark et en Belgique, ils se produisent devant respectivement 25 000 et 40 000 personnes. -En 1989, ils seront le premier groupe haïtien à faire le Zénith. En 2004, c’est devant 65 000 personnes que Tabou ouvre le concert de Jimmy Buffet, à Cleveland Ohio. À Copenhague, en compagnie de Bob Dylan, dans un festival, ils sont acclamés par une foule de 100 000 personnes. En 2000 et 2004, deux invitations prestigieuses témoignent de la renommée de nos superstars. La société Baron Philippe de Rothschild, un des plus célèbres vignerons du monde, invite Tabou Combo pour l’animation de deux soirées mondaines. Le groupe originaire d’Haïti sera précédé et introduit par le ténor de renommée internationale Placido Domingo. Deux mille personnalités de la haute société française faisant les quatre volontés de Shoubou, par ses animations énergiques... L’âme de Toussaint Louverture hantant le fort de Joux a dû bien rigoler... -En 2003, c’est la finale du Super Bowl, à l’entracte, Haïti fera son apparition. " Mabouya, " tube du groupe Tabou Combo, sera interprété par Carlos Santana. Il rebaptise la chanson" Foo Foo "figurant sur l’album Shaman. En plus des 80 000 spectateurs, c’est une audience de cent millions de téléspectateurs, à travers le monde, qui ont pu écouter ce hit compas à la sauce Santanaise. Tabou Combo est la figure internationale du compass direct. Par manque d’opportunisme, nous n’avons pas su profiter des brèches offertes par ce groupe, à maintes reprises, tout au long de sa carrière. Tabou Combo nous a montré les avenues du succès, nous avons opté pour des raccourcis vers l’amateurisme. Rendons hommage à ces talentueux et ambitieux musiciens, nos ambassadeurs.


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