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Versailles : Kapoor, visé par une plainte, évoque "un mémorial à notre honte"

mardi 8 septembre 2015

Anish Kapoor, dont une sculpture a été dégradée par des inscriptions antisémites dans le parc du Château de Versailles, a décidé de laisser l’oeuvre en l’état y voyant "un mémorial à notre honte", un choix contesté par un élu qui a déposé plainte pour incitation à la haine raciale.

L’artiste, venu constater sur place les dégâts, a fait part de sa "grande tristesse, évoquant à des journalistes un "enterrement de la culture". Il avait annoncé dès dimanche sa décision de conserver les inscriptions car désormais "ces mots infamants font partie" de l’oeuvre.

Pour sa part, Fleur Pellerin a estimé que "c’est un geste politique que de laisser pour le moment" les inscriptions antisémites. "Je suis pour respecter le choix de l’artiste", a expliqué la ministre de la Culture, invitée mardi soir du Petit Journal sur Canal+. "Les débats que cela crée" avec le public "sont extrêmement intéressants et posent la question de la liberté de création", a-t-elle ajouté.

Le conseiller municipal de Versailles, Fabien Bouglé (divers droite), estimant au contraire que les inscriptions doivent être effacées, a déposé mardi une plainte visant l’artiste et Catherine Pégard, présidente du château de Versailles, pour "incitation à la haine raciale, injures publiques et complicité de ces infractions", a-t-il indiqué à l’AFP.

Réagissant aux inscriptions, Anish Kapoor a estimé mardi qu’il s’agissait de "mots de haine".

"Nous avons décidé avec Catherine Pégard de les laisser comme ils sont, comme un mémorial à notre honte", a déclaré l’artiste à la presse devant son oeuvre "Dirty Corner", une trompe d’acier à la connotation sexuelle évidente.

Il a toutefois nuancé son propos estimant qu’il "avait besoin de temps pour décider de les effacer". "Ce ne sont pas seulement des graffitis, c’est un acte criminel", a-t-il ajouté en demandant que les auteurs de ces dégradations soient retrouvés et poursuivis.

Pour Fabien Bouglé, "Mme Catherine Pégard, ainsi que M. Anish Kapoor reconnaissent la teneur parfaitement antisémite de ces inscriptions", indique-t-il dans sa plainte, déposée auprès du parquet de Versailles mardi, et dont l’AFP a obtenu copie.

"Ces derniers ont donc parfaitement conscience de la gravité et du caractère potentiellement délictueux de la diffusion des inscriptions", ajoute l’élu.

Il précise que malgré cela, "M. Kapoor a fait savoir qu’il tenait à maintenir l’ensemble des inscriptions sur son oeuvre, soutenu en cela par Mme Pégard".

Le château de Versailles a par ailleurs indiqué que des panneaux explicatifs liés à cette dégradation seraient mis en place.

Installée dans les jardins du château depuis juin (et jusqu’au 1er novembre), parmi d’autres oeuvres, la sculpture monumentale "Dirty Corner", surnommée le "vagin de la reine", avait déjà été vandalisée en juin par des jets de peinture jaune puis nettoyée.


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