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Crise des réfugiés : comment Washington compte accueillir 10.000 Syriens

samedi 12 septembre 2015

En ordonnant l’accueil aux Etats-Unis d’au moins 10.000 réfugiés syriens dans l’année à venir, le président Barack Obama devra faire accélérer les procédures administratives d’autorités américaines qui n’ont accepté que 1.800 Syriens depuis 2011. Voici comment Washington compte s’y prendre.

- Un très long voyage -

Plus de quatre millions de Syriens ont fui leur pays en guerre depuis 2011. La plupart vivent dans des camps en Turquie, Liban, Jordanie, Egypte et Irak. Là, ils sont enregistrés par le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

A ce jour, le HCR a "référé", c’est à dire recommandé, quelque 18.000 Syriens auprès des autorités américaines pour qu’ils soient "réinstallés" sur le territoire américain, selon un haut responsable du département d’Etat.

Avant l’annonce, jeudi par la Maison Blanche, qu’au moins 10.000 Syriens seraient accueillis d’ici le 30 septembre 2016, Washington aura accepté à la date du 30 septembre 2015 environ 1.800 ressortissants syriens. Il s’agit du nombre total de Syriens accueillis sur le sol américain depuis le déclenchement de la guerre civile en mars 2011.

Une fois que le dossier d’un demandeur syrien atterrit sur le bureau du département d’Etat, il est transmis à des ONG dans les pays du Proche-Orient pour une présélection. Des premiers examens de santé sont pratiqués. Dans la région, les Etats-Unis disposent de bureaux et centres relais pour les demandeurs d’asile au Caire, à Bagdad, à Istanbul et à Beyrouth.

En matière de sécurité, pour éviter que des "menteurs, criminels ou terroristes" ne passent entre les mailles du filet, des fonctionnaires du département de la Sécurité intérieure vont régulièrement interviewer les candidats à l’exil, rappelle un diplomate américain.
Chaque cas est ensuite examiné à la loupe par des ministères et agences gouvernementales, comme le FBI, le département de la Sécurité intérieure ou le Pentagone. "Les réfugiés sont soumis aux niveaux de sécurité les plus élevés de toutes les catégories de candidats à l’entrée aux Etats-Unis", reconnaît le haut fonctionnaire du département d’Etat.

De fait, depuis les attentats du 11-Septembre, l’Amérique a érigé sa "sécurité nationale" en "priorité numéro 1".

Mais depuis la crise des migrants en Europe, des voix diplomatiques et humanitaires reprochent aux Américains de ne pas en faire assez pour les Syriens et d’imposer un processus administratif d’admission bien trop lent : de neuf mois à un an par le passé, les autorités ont dorénavant besoin de 18 mois à deux ans entre le premier dépôt d’une demande d’asile et l’exil vers les Etats-Unis.

- Le processus peut-il s’accélérer ? -

Dès l’annonce de l’accueil d’au moins 10.000 Syriens, des critiques ont souligné qu’aucun d’entre eux ne foulerait le territoire des Etats-Unis avant le départ de la Maison Blanche du président Obama en janvier 2017.

Mais le département d’Etat assure que des milliers de dossiers sont déjà bien avancés et qu’ils font tous partie des 18.000 cas recommandés par le HCR. S’il est vrai, a reconnu le haut fonctionnaire américain, qu’"un petit nombre de réfugiés syriens a été réinstallé depuis 2011, le HCR a commencé en juin 2014 à référer beaucoup plus de dossiers, au rythme de 500 à 1.000 par mois".

"Le département d’Etat a déjà préparé les cas de plus de 10.000 personnes", a assuré ce cadre du ministère.
Une fois définitivement accepté, le réfugié syrien est pris en charge pour son voyage aux Etats-Unis par l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM), payée par le département d’Etat. La personne s’engage ensuite par écrit à rembourser son billet d’avion.

Accueilli à l’aéroport par des ONG, le réfugié est envoyé dans l’un des 180 "centres de réinstallation" disséminés aux Etats-Unis. Il a ensuite entre un et trois mois pour trouver un logement avec l’aide de travailleurs humanitaires. Certains Syriens qui ont de la famille aux Etats-Unis s’installent à proximité. La plupart trouvent à se loger dans des grandes villes comme Atlanta, San Diego ou Dallas, bien plus abordables que New York, Washington ou San Francisco.


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