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Ukraine : Poutine à l’Elysée pour un sommet censé faire avancer la paix

vendredi 2 octobre 2015

Le président russe Vladimir Poutine est arrivé vendredi à l’Elysée pour un sommet avec ses homologues français, allemand et ukrainien destiné à faire avancer la paix en Ukraine, avec à la clé une possible levée, dans les prochaines mois, des sanctions qui étranglent son pays.

Ce sommet prévu de longue date se tient dans l’ombre du conflit syrien qui domine cette semaine l’agenda diplomatique.

Si toutes les parties ont assuré que les discussions, qui débutent à 12H15 GMT, ne seraient pas parasitées par la Syrie, les tensions sur cette crise pèseront toutefois sur le "climat" du sommet, a-t-on concédé à Paris.

Les présidents français et russe sont apparus souriants pour la poignée de main rituelle devant les caméras. Les visages étaient plus fermés quelques instants plus tard au tout début de leur entretien.

Pour l’Ukraine, "le temps presse. Il faut travailler au plus haut niveau, créer un climat, "booster" l’ensemble pour essayer de lever les obstacles" à l’application concrète des accords de Minsk 2 d’ici à la fin décembre, a-t-on expliqué de source diplomatique française.

Ces accords, conclus entre les mêmes protagonistes le 12 février dans la capitale bélarusse à l’issue d’une nuit d’âpres négociations, visent à mettre fin à un conflit opposant les rebelles prorusses à l’armée ukrainienne, qui a fait plus de 8.000 morts dans l’Est ukrainien depuis avril 2014.

Le conflit ukrainien a conduit à l’isolement de la Russie, accusée d’avoir envoyé soldats et armes pour soutenir les rebelles du Donbass et visée depuis par de lourdes sanctions occidentales.

"Beaucoup a été fait depuis (Minsk). Le plus important, le plus spectaculaire mais aussi le plus fragile, c’est le cessez-le-feu", souligne-t-on de source française. "L’ultime point des accords de Minsk, c’est la "normalisation" en Ukraine, c’est-à-dire le retrait des forces stationnées dans ce pays et la sécurisation de la frontière russo-ukrainienne", dont 400 kilomètres sont aujourd’hui aux mains de séparatistes, ajoute-t-on de même source.

Cette normalisation passe aussi par des élections locales, qui permettraient de réintégrer le Donbass séparatiste dans l’ensemble ukrainien, et par l’octroi d’une plus grande autonomie à cette région dans le respect de la Constitution ukrainienne.

- Besoin de Moscou -

Ce processus politique, censé aboutir d’ici à la fin de l’année, avance très difficilement, les séparatistes entendant organiser les élections locales selon leurs propres règles et le Parlement restant divisé à Kiev sur le vote des mesures d’autonomie.

"Il va falloir donner des arguments au président (ukrainien) Petro Porochenko pour convaincre son Parlement d’aller de l’avant", souligne-t-on à Paris.

Les Ukrainiens réclament l’annulation des élections programmées par les séparatistes le 18 octobre à Donetsk et le 1er novembre à Lougansk ainsi que la libération de tous les prisonniers, dont la pilote militaire Nadia Savtchenko, au centre d’un procès très controversé en Russie.

Moscou pourrait de son côté espérer un allègement des sanctions qui pèsent lourdement sur son économie si les accords de paix se concrétisent d’ici la fin de l’année. Les Européens doivent décider en décembre s’ils poursuivent cette politique de sanctions et selon quel format.

Ce sujet, qui inquiète au plus haut point les Ukrainiens, a été abordé lors d’un entretien téléphonique jeudi de MM. Hollande, Porochenko et Mme Merkel, a indiqué à l’AFP un responsable ukrainien sous couvert d’anonymat.

Kiev redoute que Moscou n’utilise la crise syrienne pour détourner l’attention de l’Ukraine et que les Occidentaux ne baissent la garde sur les sanctions s’ils coopèrent avec la Russie sur d’autes dossiers.

"La position de la France c’est que les sanctions doivent être levées si (l’accord de) Minsk est mis en oeuvre. C’est la même que celle de l’Allemagne et de l’Union européenne", a assuré un diplomate français.

Le vice-chancelier allemand, le social-démocrate Sigmar Gabriel, a redit de son côté vendredi qu’il fallait tendre la main aux Russes et lever progressivement les sanctions, l’Occident ayant besoin du Kremlin dans d’autres crises.

"Bien sûr, les accords de Minsk doivent être pleinement mis en oeuvre, mais étape par étape il faut aussi lever les sanctions (..) Nous allons avoir besoin de Moscou, pas uniquement en Syrie, mais aussi pour résoudre de nombreux autres conflits dans le monde. Et la Russie a besoin de nous", a-t-il dit cité par le site internet de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel.


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