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Présidence Fifa : quatre candidats pour une élection en plein brouillard

vendredi 23 octobre 2015

La présidentielle de la Fifa, prévue le 26 février, est en plein brouillard à trois jours de la date-limite du dépôt des candidatures lundi, avec un favori, Michel Platini, suspendu et dans l’incapacité de faire campagne, et pour le moment trois adversaires sans grande envergure.

Le Français Jérôme Champagne, ancien secrétaire général adjoint de la Fifa, a assuré vendredi matin avoir déposé sa candidature avec les cinq parrainages de fédérations nationales nécessaires. Il devient donc le quatrième candidat officiellement déclaré, après Platini (président de l’UEFA), le prince jordanien Ali et l’ancien capitaine de Trinité-et-Tobago David Nakhid.

L’élection à la succession du président démissionnaire, le Suisse Joseph Blatter, aura bien lieu le 26 février 2016, date maintenue mardi par le Comité exécutif extraordinaire de la Fifa malgré les scandales et les affaires. Mais, à l’heure actuelle, le profil et la situation des candidats laissent perplexe.

Longtemps donné sans rival, Platini a été suspendu à titre conservatoire le 8 octobre par la commission d’éthique de la Fifa pour 90 jours en raison d’un versement controversé de 1,8 million d’euros en 2011 de la part de Blatter, lui aussi mis à l’écart trois mois.

Interdit d’exercer une activité dans le domaine du football et de rencontrer des officiels, le président de l’UEFA est de facto placé à l’écart du processus électoral. La Fifa a d’ailleurs décidé mardi de ne pas soumettre le dossier du Français à la commission électorale, chargée de valider ou non les candidatures, tant qu’il est suspendu.

- ’Falsification des comptes’ ? -

Platini doit donc prendre son mal en patience en attendant la fin des procédures. La justice sportive a infligé à lui et Blatter la même suspension de 90 jours alors que la justice suisse distingue le Français, entendu comme témoin assisté, et le Suisse, comme prévenu.

La commission d’éthique a promis qu’elle "fera tout ce qui est en son pouvoir" pour rendre son jugement sur Blatter et Platini d’ici la fin de leur mise au ban. Mais la récente mise en cause du Français par Domenico Scala, président de la commission électorale ainsi que de la commission d’audit de conformité de la Fifa, n’augure rien de bon pour la suite.

Dans le Financial Times, M. Scala a affirmé mardi que le fameux solde de 1,8 M EUR de Blatter à Platini, versé en 2011 pour un travail de conseiller achevé en 2002, n’apparaissait pas "dans les comptes de la Fifa avant le paiement effectif", ajoutant même que "cela pourrait être considéré comme une falsification des comptes" et évoquant "un conflit d’intérêts". Version balayée par les avocats du triple Ballon d’Or : "Il n’incombait pas à Michel Platini de s’assurer personnellement de l’enregistrement de sa créance dans les comptes de la Fifa."

En gelant temporairement la candidature de l’ancien N.10 des Bleus, la Fifa semble avoir laissé la voie libre au prince jordanien Ali, celui qui avait poussé Joseph Blatter au deuxième tour le 29 mai avec 73 voix contre 133. Mais il compte peu politiquement sur la planète football.

- Surprises de dernière minute ? -

Le demi-frère du roi Abdallah II peut se vanter d’avoir poussé Blatter dans ses derniers retranchements et avait eu à l’époque le soutien de l’Europe (54 fédérations, mais 53 reconnues seulement par la Fifa) Mais cette fois, il s’est présenté en affirmant haut et fort vouloir en finir avec "les pratiques du passé" après avoir attaqué Platini, qualifié d’homme du "système", et pointé du doigt "la culture des arrangements en coulisses".

Les malheurs de l’ex-capitaine de l’équipe de France peuvent le conforter mais sans le soutien de l’UEFA, le prince Ali manque de relais puissants : la Confédération asiatique (AFC) ne l’a pas reconduit à son poste de vice-président de la Fifa au printemps dernier et a, dès le 30 juillet, apporté son soutien à Platini.

Pour David Nakhid, ex-capitaine de la sélection nationale de Trinité-et-Tobago, et Champagne, il y a un net déficit de notoriété à combler. Pour rappel, le Français n’avait même pas pu obtenir les cinq parrainages lors de l’élection de mai. Mais les deux hommes sont proches de Blatter, qui n’a pas abandonné l’idée de peser sur l’identité de son successeur.

Il faudra en fait attendre de voir si de vrais poids lourds sortent du bois d’ici le 26 octobre à minuit pour donner un peu de crédibilité à la campagne électorale.

Les choix du patron du football asiatique, le cheikh bahreini Salman ben Ibrahim al Khalifa, vice-président de la Fifa, ainsi que du Sud-Africain Tokyo Sexwale, homme d’affaires et ancien compagnon de cellule de Nelson Mandela, sont particulièrement attendus.


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