MosaikHub Magazine

Black Alex est mort

samedi 14 novembre 2015

Le très populaire chanteur de rap, Black Alex, a rendu l’âme vendredi matin à l’Hôpital de la communauté haïtienne, à Frères. Jamecy Alex Pierre, né le 16 octobre 1976, a succombé des suites d’une longue maladie. Les amis et les anciens collaborateurs du lead vocal de King Posse saluent le départ d’un homme humble jusqu’à ses derniers jours.

La légende a débuté à travers les rues de Pétion-Ville. Black la, comme on l’appelait, prenait du plaisir à chanter dans les rues et les quartiers de Pétion-Ville. Le bonhomme, qui amusait les gens, traînait, entre autres, au Collège Dominique Savio et au quartier de Morne-Hercule. C’est là qu’il va faire la rencontre qui va changer sa vie. Eté 1994, Fred Lizaire, qui forme le groupe King Posse, recrute le gamin. En King Posse, Black Alex trouve un local et abandonne la rue. D’où le titre du premier hit du groupe, Lokal. Le succès immédiat de King Posse est surtout celui de Black Alex, la star du groupe. Sa capacité à improviser avec des airs et un lyric original étonne les vieux et émerveille les jeunes. Les passages chantés par Black Alex dans les méringues carnavalesques de King Posse sont inoubliables. Black Alex n’était pas seulement le chanteur de King Posse, il a collaboré avec des artistes et d’autres groupes du paysage musical. Les mélomanes se souviennent encore de sa participation au projet Ayiti twoubadou. Avec King Posse, Alex a lancé une carrière musicale fait de succès, d’instabilité et de rebondissements. Le talent du chanteur fait l’unanimité. Sérieusement affaibli par la maladie, Alex était de moins en moins présent sur la scène musicale ces dernières années. Ses amis et collaborateurs saluent le départ d’un géant de la musique haïtienne. Dimitri Vorbe du groupe Vorbe et fils : J’ai connu Black Alex par l’intermédiaire de Fred Lizaire, un ami de la famille qui nous a présenté le projet King Posse. Nous avons effectivement accordé notre support à Fred que nous connaissons comme quelqu’un de sérieux. Avec King Posse, nous sommes devenus une grande famille. On a fait sept carnavals ensemble. Franchement, c’est un frère qui est parti. Le plus grand souvenir que je garde de Black Alex, je me souviens qu’il y a une année, à l’approche des festivités carnavalesques, Fred Lizaire a dû faire arrêter Black Alex pour nous assurer qu’il prend bien soin de lui, qu’il se met au repos afin de pouvoir donner le meilleur de lui durant les trois jours gras. Fred Lizaire/Fondateur de King Posse : J’ai connu Black Alex longtemps avant la création de King Posse, il prenait l’habitude de venir chanter au quartier de Morne-Hercule. En juin 1994, quand j’ai décidé de fonder King Posse, je l’ai recruté. Certains chanteurs du groupe qui étaient là avant lui n’étaient pas entièrement favorables à son intégration mais j’ai insisté et il a remporté le succès. Difficile de me rappeler les multiples souvenirs vécus avec l’artiste. Presque tout ce que nous avons vécu au quotidien était de grands souvenirs. Je me souviens particulièrement qu’une fois nous avions enregistré un carnaval sans Black Alex qui n’était pas en Haïti. A son retour, il est rentré au studio et a ajouté : « Oh ho ay, oh oh oh ay, ce petit passage a tout changé dans la méringue. Riro Dominique/ promoteur : J’ai connu Black Alex depuis son enfance. Mon grand-père savait me donner de l’argent pour faire taire Black Alex quand il avait besoin de se reposer et que Black Alex lui chantait à tue-tête. L’amitié a pris une autre ampleur avec le projet Ayiti twoubadou. Fabrice Rouzier m’avait chargé de contacter Alex pour chanter sur l’album. On s’est parlé pour la dernière fois jeudi soir quelques heures avant son décès. Il m’avait appelé pour me dire de lui commander une pizza avant de me remercier pour tout. C’était notre dernière conversation. Black Alex tenait surtout à sa fille Alexandra. Il me confia que tout ce qu’il possède appartient à elle. Il avait une grande appréciation pour des personnalités qui lui ont fait du bien. Il m’a cité les noms du président Michel Martelly, de sa fille Alexandra, de Fred Lizaire qu’il considérait comme son père de Wyclef Jean de Régi et Dimitri Vorbe. Ti Lion/animateur de radio : Monsieur était tout simplement un génie. Il pouvait mieux chanter que les gens qui ont été à l’école pour ça. Un vrai génie dans toutes l’acception du terme. Même lorsqu’il était tombé malade, sa voix sur un morceau valait de l’or. C’est quelqu’un dont on se souviendra longtemps après son départ prématuré. Je l’ai découvert sur scène avec King Posse. En termes de souvenir, je n’oublierai jamais les méringues carnavalesques qu’il a chantées. Mon plus beau souvenir au carnaval c’est King Posse. La voix de Black Alex sur une méringue fait toute une différence. La dernière fois que je l’ai vu sur scène, c’était à l’occasion du retour raté de King Posse, au Parc Historique de la Canne à Sucre. Fabrice Rouzier/ maestro du groupe Mizik Mizik : J’ai eu la chance de découvrir Black Alex dans les rues. Il chantait et amusait les gens près de l’église Saint-Jean Bosco à Pétion-Ville. Je sais qu’il a été recruté par Fred Lizaire dans King Posse et c’est là qu’on a fait connaissance. On a passé plusieurs moments au studio. Black Alex est passé dans la musique haïtienne comme une comète mais sa contribution est énorme. C’était quelqu’un de bon commerce. C’était quelqu’un de très sincère dans ses propos. Beaucoup de gens font passer Black Alex comme quelqu’un de pas sérieux, ce n’est pas vrai. Moi Je l’ai connu comme un professionnel très sérieux dans son travail. Au studio comme pour les performances en live, Alex était toujours là avant tout le monde. C’était vraiment quelqu’un qui se souciait de sa performance et ce qu’il pouvait apporter au groupe avec lequel il jouait. Finalement, c’était un artiste exceptionnel, c’était quelqu’un qui avait sa propre touche. Jean Marc Apolon/promoteur : Je connais Black Alex comme tout Haïtien le connaît. Un jeune chanteur talentueux qui a percé avec le groupe King Posse. Un monument national. Mais je l’ai côtoyé de plus près par l’intermédiaire de mon associé Fabrice Rouzier. Il est devenu pour moi un ami, on se voyait au bureau de temps en temps. Je considère Black Alex comme l’un des Haïtiens qui n’avait pas une once de méchanceté chez lui. C’est quelqu’un qui se gardait de faire des commentaires négatifs contre quiconque. Il est venu d’une famille humble et il a gardé cette humilité. Je me souviens encore de ses performances exceptionnelles dans le cadre du projet Ayiti twoubadou.
Louis-Joseph Olivier ljolivier@lenouvelliste.com


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