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Qui a conçu le scénario de l’après-Martelly ?

mardi 26 janvier 2016

Il n’y aura pas de cérémonie de passation des pouvoirs le 7 février prochain entre Michel Martelly et un président issu du scrutin présidentiel pour un nouveau quinquennat. La répétition des cas de fraudes et d’irrégularités des élections de 9 août et du 25 octobre 2015 dénoncés par l’opposition et vérifiés par le Bureau du contentieux électoral national et les tergiversations du président de la République pour faire appliquer les recommandations du rapport de la Commission d’évaluation ont conduit à l’annulation du second tour de la présidentielle du 24 janvier 2016. Michel Martelly ne pourra pas participer à l’intronisation du nouveau président qui sera élu à la prochaine présidentielle. Le nouveau développement de la situation actuelle ouvre la voie à un gouvernement provisoire à compter du 7 février prochain. Ce nouvel épisode de gouvernement provisoire, très coutumier dans notre histoire politique, montre sans détour la faiblesse des institutions haïtiennes. Maintenir le rythme de passation des pouvoirs chaque cinq ans entre un président sortant et un autre élu demeure encore très difficile dans notre culture politique. La poursuite de la mobilisation dans les rues de la capitale par l’opposition politique, en dépit de l’annulation des élections du 24 janvier, constitue l’indice qui empêche les acteurs de prévoir le maintien de Michel Martelly dans les scénarios envisagés le 7 février prochain. Les partis politiques de l’opposition et les deux chambres du Parlement seront au centre des discussions pour déterminer les voies et moyens en vue de mettre en place un gouvernement provisoire après le départ du président Martelly. Les propositions de sortie de crise viennent de différents courants politiques et de différents secteurs de la vie nationale. Un consensus sera-t-il trouvé entre les deux branches du Parlement et les forces politiques en présence par rapport aux différentes propositions de sortie de crise ? Les observateurs se souviennent des interventions incessantes de diplomates arguant que les élections du 25 octobre 2015 n’étaient pas entachées de fraudes. Il prenait fait et cause pour le Conseil électoral provisoire dans les mêmes proportions que les autorités haïtiennes. Sans prendre un peu de recul, certains diplomates pourraient passer pour des chefs de parti politique haïtien qui luttent pour la conquête du pouvoir. Si Michel Martelly refusait d’appliquer les recommandations de la Commission d’évaluation, c’est en raison du soutien de ces diplomates qui le poussaient dans la course aveugle de la réalisation des élections du 24 janvier. Les missions incessantes de Kenneth Merten à Port-au-Prince et l’appui de la mission d’observation de l’Union européenne dans la poursuite du processus ont davantage compliqué la gestion du dossier des élections aux yeux de l’ancien chanteur devenu président de la République. Ces diplomates occidentaux en poste à Port-au-Prince n’ont pas échoué, ils se préparent, sans nul doute, à jouer un nouveau rôle dans le scénario qui sera concocté au lendemain du départ de l’actuelle administration. L’affluence des propositions de sortie de crise des uns et des autres permettra à ces diplomates de placer leur pion dans le nouveau gouvernement provisoire de l’après-7 février.
Lemoine Bonneau lbonneau@lenouvelliste.com


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