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Rares sont les audiences au palais de justice...

vendredi 29 janvier 2016

Rares sont les audiences au palais de justice de Port-au-Prince à rassembler autant de curieux. A mobiliser autant d’agents d’unités spécialisées de la police nationale. A provoquer autant de bousculades pour avoir accès à la salle où se déroule le procès. Pour voir le détenu le plus médiatisé ces trois dernières années, il faut être patient et courageux. Le couloir conduisant à la porte principale de la première chambre civile est bondé. L’assistance (déjà en grand nombre) venait d’être priée de vider la salle, le temps d’amener les prévenus et de s’assurer du coup de leur sécurité. On sue à grosses gouttes dans le couloir non climatisé. Il est déjà midi et une bonne vingtaine de minutes. Les incessants va-et-vient des policiers, dont certains sont cagoulés, donnent à l’audience du jour des allures d’un film hollywoodien. A chaque présentation des agents de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), les caméras sont braquées. Ce n’est pas encore l’homme que tout le monde veut voir. Les policiers escortent plutôt des témoins ou transportent le corps du délit. L’ex-secrétaire d’Etat à la Sécurité publique, Réginald Delva, qui avait révélé des menaces de mort sur sa personne, vient d’être conduit à la salle d’audience. S’ensuivent des membres de la famille Moscoso, notamment Nicolas et Coralie Moscoso, les victimes du double enlèvement commis par Clifford Brandt avant d’être arrêté le 22 octobre 2012, soit six jours après avoir commis le forfait. Une rançon de 2,5 millions de dollars aurait été exigée pour leur libération. Peu avant 13 heures, l’accès à la salle est finalement donné aux journalistes. Un véritable tohu-bohu se crée. Les curieux massés dans le couloir sont gardés derrière les portes d’accès. La salle ne peut pas contenir tout ce monde désireux de suivre l’audience. Dans la salle, Clifford Brandt et consorts sont bel et bien là. Ce n’est pas le Clifford Brandt fatigué qui était présenté à la presse après son évasion. En attendant l’ouverture de l’audience, Clifford Brandt, coiffure soignée, barbe complètement rasée, menottes aux poignets, échange quelques mots avec l’un de ses coaccusés et un avocat. 1h 10. Le juge en siège, Me Jean Wilner Morin, qui remplace le juge Joseph Judilien Fanfan dont la mère est décédée, déclare la séance ouverte. Le juge Morin entame le processus d’identification des accusés. Dans ce dossier, ils sont 22 inculpés mais la plupart sont en fuite. Six des sept policiers arrêtés dans le cadre de ce dossier ont été libérés par la cour d’appel. Il s’agit de Marc Arthur Phebé, ex-chef du Cat Team (palais national), Jacques Darly Michelais, agent III, Berthony Dumézil, un ancien policier et responsable de sécurité de la maison Mazda (dirigée par Clifford Brandt), Fritz Aristide, agent IV, Onès Gabélus, agent III et Gérald Fontélus. Au tribunal criminel siégeant sans assistance de jury ce jeudi, ils sont seulement six sur le banc des accusés. Chemise à raies, pantalon gris, Clifford H. Brandt, comme il le dit au tribunal, est un homme d’affaires, âgé aujourd’hui de 44 ans. Sawadienne Jean, 30 ans, travaillait comme secrétaire de M. Brandt. Evens Larieux, 45 ans ; Carline Richema, 30 ans, Carlo St-Fort, 30 ans et Rico Pierre-Val, 39 ans sont les coaccusés. « Enlèvement, séquestration de personnes contre rançon, association de malfaiteurs, faux et usage de faux, menaces de mort, usurpation de titre, détention illégale d’arme à feu et blanchiment des avoirs » sont les chefs d’accusation retenus contre ces derniers. A la lecture de l’ordonnance de renvoi, de l’acte d’accusation, le juge Jean Wilner Morin demande aux accusés d’y être attentifs. Ils l’étaient. Jusqu’à ce que le juge prononce la suspension d’audience au 15 février.
Valéry Daudier
vdaudier@lenouvelliste.com


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