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UE : Cameron demande un "accord crédible" pour éviter un "Brexit"

jeudi 18 février 2016

David Cameron a réclamé jeudi aux dirigeants européens un "accord crédible" afin de convaincre les Britanniques de voter pour que le Royaume-Uni reste dans l’UE, lors d’un sommet décisif des 28 à Bruxelles.

"On a besoin d’un accord qui soit assez fort pour persuader les Britanniques de soutenir l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne", a expliqué le Premier ministre britannique devant les autres dirigeants européens, auxquels il espère arracher un compromis afin d’organiser un référendum sur la question dès juin.

Un accord, a-t-il plaidé, qui permette de régler le problème des relations entre Londres et le continent "pour une génération".

Même si les électeurs britanniques restent partagés, la perspective d’un "Brexit" - une sortie du Royaume-Uni de l’UE - fait trembler l’Union, déjà ébranlée par une crise migratoire sans précédent depuis 1945.

"C’est l’heure de vérité", a lancé le Premier ministre belge Charles Michel, dont le pays est un des plus réticents à accorder des concessions à Londres.

"Nous voulons un bon accord mais pas à n’importe quel prix", a renchéri la Première ministre polonaise Beata Szydlo.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui chapeaute depuis des mois les négociations, a dramatisé l’enjeu, jugeant "réel" le risque d’un éclatement de l’UE. "Nous sommes au milieu de négociations encore très difficiles et sensibles", a-t-il avoué jeudi, "mais une chose est claire à mes yeux : à ce sommet, ça passe ou ça casse".

- "Préjugés"-

Le président de l’exécutif européen, Jean-Claude Juncker, s’est néanmoins dit "assez confiant", même s’il reste des contentieux épineux à trancher.

David Cameron souhaite en particulier limiter l’immigration de travail intra-européenne et demande des garanties visant à préserver les intérêts économiques et financiers de son pays qui n’appartient pas à la zone euro.

"Sur certains points, il faut encore aller dans les détails", a précisé Martin Schulz, le président du Parlement européen qui sera amené à voter certaines modifications législatives si un accord est trouvé. Toutefois, "le risque existe que les Britanniques ne votent pas sur le résultat de ce sommet mais sur des préjugés", s’est inquiété M. Schulz, en référence au puissant courant eurosceptique outre-Manche.

S’ils sont disposés à reconnaître la "spécificité britannique", les Européens veulent éviter toute "contagion" à d’autres Etats membres des concessions accordées à M. Cameron, comme la possibilité de restreindre les prestations sociales aux ressortissants européens travaillant en Grande-Bretagne.

Cette mesure controversée, jugée "discriminatoire" au regard du principe "fondateur" de libre circulation, inquiète les pays d’Europe centrale et de l’est dont elle vise les travailleurs.

M. Tusk a donc proposé un "mécanisme de sauvegarde" autorisant Londres à limiter temporairement les allocations sociales aux migrants européens, mais la question de sa durée d’application "reste grande ouverte", selon un diplomate d’Europe centrale.

- "Inacceptable"-

M. Cameron a reçu mercredi le soutien d’Angela Merkel, y compris sur le thème de la gouvernance économique et de l’intégration de la zone euro qui suscite de vives réticences à Paris.

La chancelière a dit "partager" le point de vue que "les Etats membres qui n’ont pas l’euro comme monnaie ne doivent pas être ignorés sur les questions importantes pour eux".

Pour la France, cependant, pas question "d’ouvrir la possibilité d’un veto" de Londres, qui n’est pas membre de l’union monétaire.

"Un accord est possible (...) mais on ne peut pas empêcher l’Europe d’avancer", a averti le président Françoise Hollande.

"Qu’un pays en dehors de la zone euro puisse avoir une stratégie qui va à l’encontre de celle de la zone euro, ça c’est inacceptable", a insisté son homologue belge Charles Michel.

Sur l’autre question brûlante, la crise migratoire, les Européens vont exiger de la Turquie des "efforts supplémentaires, résolus" pour combattre les passeurs et endiguer les flux, selon le projet de conclusions du sommet. A défaut de résultats, l’UE devra faire des "choix" lors de son prochain sommet en mars, préviennent-ils.

Les appels de Mme Merkel à une réponse européenne "commune" sont de plus en plus ignorés, à commencer par l’Autriche qui va instaurer un quota journalier de demandeurs d’asile autorisés à entrer sur son territoire.

La décision de Vienne "serait clairement incompatible" avec le droit européen et international, a critiqué la Commission européenne dans une lettre que l’AFP a pu consulter jeudi.


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