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Ukraine : l’Occident met en garde Moscou contre une « mission humanitaire » russe

dimanche 10 août 2014

Un homme fuit un immeuble détruit par les bombardements de l’armée ukrainienne, le 10 août. | AP/Sergei Grits

L’armée ukrainienne poursuivait, dimanche 10 août, de pilonner Donetsk, fief des séparatistes prorusses, alors que les Occidentaux ont mis en garde la Russie contre toute mission humanitaire dans l’est de l’Ukraine qui équivaudrait à une intervention.

Vingt détonations ont été entendues depuis ce matin par une journaliste de l’AFP à Donetsk, qui est depuis plusieurs jours le théâtre d’intenses combats entre les insurgés prorusses et les forces ukrainiennes ayant tué plusieurs civils.

L’armée ukrainienne a annoncé dimanche matin avoir « resserré au minimum l’étau » autour de la ville et avoir tiré sur les bases rebelles en leur infligeant « de lourdes pertes ». Trois soldats ont été tués et 27 blessés en vingt-quatre heures, a annoncé le porte-parole militaire Andriï Lyssenko.

« QU’UNE SOLUTION : SE RENDRE »


Samedi le « premier ministre » séparatiste Alexandre Zakhartchenko a reconnu que Donetsk était « encerclée » et au bord d’une « catastrophe humanitaire ». Il s’est dit prêt à un cessez-le-feu si les forces ukrainiennes arrêtaient leur offensive. « En pressentant leur fin, les terroristes versent des larmes de sang et demandent l’aide à leurs commanditaires russes. Ils n’ont qu’une solution : se rendre », a réagi l’armée ukrainienne samedi.

Face à cette situation qui se dégrade pour les civils, dont 300 000 ont déjà fui vers la Russie et les autres régions de l’Ukraine, Moscou a proposé de mener une mission humanitaire dans l’est de l’Ukraine pour protéger la population russophone. Une idée fermement rejetée par les Occidentaux, qui accusent la Russie d’alimenter la rébellion en Ukraine en lui fournissant des armes et craignent une intervention russe sous prétexte d’une mission humanitaire.

UNE INTERVENTION RUSSE SERAIT « ILLÉGALE »

Peu après, le président des Etats-Unis, Barack Obama, le premier ministre britannique, David Cameron, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont tous estimé, au cours de conversations téléphoniques séparées, que toute incursion russe en Ukraine, même sous des prétextes humanitaires, serait « injustifiée, illégale et inacceptable ».
A l’issue d’une semaine marquée par une nouvelle escalade des tensions internationales, Kiev a multiplié les signaux d’alarme concernant une éventuelle entrée des troupes russes sur son territoire. Mercredi, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) affirmait que la Russie avait massé environ 20 000 soldats « prêts au combat » près de sa frontière avec l’Ukraine, au lieu des 12 000 à la mi-juillet. Le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, a sommé la Russie de retirer ses soldats de la frontière.

La présidence ukrainienne a affirmé samedi avoir fait échouer par la voie diplomatique une tentative de la Russie de faire entrer unilatéralement sur son territoire un convoi humanitaire « soi-disant en accord avec le Comité international de la Croix-Rouge [CICR] ». Le Kremlin a démenti toute tentative de « pénétrer » en Ukraine.

MISSION HUMANITAIRE INTERNATIONALE ?

Le CICR a confirmé avoir reçu une proposition de la part de la diplomatie russe afin d’organiser des convois humanitaires vers l’Ukraine, mais a assuré ne pas y avoir répondu. Le président de l’Ukraine, Petro Porochenko, après des discussions avec des dirigeants du CICR, s’est dit prêt à accepter une mission humanitaire à Louhansk, une autre capitale régionale, à condition qu’elle soit internationale, non armée et qu’elle passe par des postes-frontières contrôlés par Kiev.

Dans un entretien téléphonique avec Joe Biden, le vice-président américain, samedi soir, Petro Porochenko a « proposé aux Etats-Unis de se joindre » à cette mission « sous l’égide du CICR ». A Louhansk, inaccessible à la presse, les autorités dénoncent une situation « critique », alors que cet autre fief séparatiste n’a plus d’électricité, d’eau courante ou de réseau téléphonique depuis une semaine, et que l’essence et les réserves de nourriture s’épuisent rapidement.

Après quatre mois du conflit dans l’Est qui a fait plus de 1 300 morts, l’offensive ukrainienne au prix de pertes quotidiennes de plus en plus lourdes se concentre sur les places fortes de rebelles.


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