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Brésil : Dilma Rousseff joue son avenir au Parlement, Lula contre-attaque

lundi 21 mars 2016

Damian WROCLAVSKY

AFP

La présidente brésilienne Dilma Rousseff était suspendue lundi aux travaux des députés qui examinent sa demande de destitution, alors que son mentor et prédecesseur, l’ex-président Lula, cherchait à se prémunir en justice contre un éventuel placement en détention.

La présidente de gauche, qui se dit victime d’une tentative de "coup d’Etat" institutionnel, se débat au milieu d’une énorme tempête politique envenimée par le scandale de corruption Petrobras, sur fond de récession économique.

Une nouvelle manifestation pour réclamer son départ à été convoquée dans l’après-midi à Brasilia devant le siège de la présidence par des groupes proches de l’opposition de droite.

La Commission spéciale des 65 députés chargée de rendre un premier avis sur sa destitution devait reprendre vers 17H00 (20h00 GMT) ses travaux entamés vendredi.

Selon les médias brésiliens, elle va dévoiler le calendrier de ses réunions qu’elle pourrait boucler d’ici un mois.

Quelque 68% des Brésiliens sont favorables à une destitution de Mme Rousseff, soit huit points de plus qu’en février, selon un sondage Datafolha publié samedi.

La commission parlementaire semble très divisée : 32 de ses membres sont pour "l’impeachment", 31 contre et deux hésitent, selon un sondage de la société Arko Advice publié dimanche.

Selon le même institut, quasiment les deux tiers (62%) des députés pensent que la présidente sera destituée, presque trois fois plus qu’en février.

Quelles que soit les conclusions du rapport final de la commission spéciale, deux tiers des votes de l’assemblée plénière des députés, puis des sénateurs, seraient ensuite nécessaires pour écarter Mme Rousseff du pouvoir.

L’opposition accuse la présidente d’avoir maquillé les comptes publics pour minimiser l’ampleur des déficits de l’Etat en 2014, l’année de sa réélection.

Des organisations et personnalités de premier plan militent publiquement pour la destitution de Mme Rousseff, notamment la puissante Fédération des industries de Sao Paulo (Fiesp), l’Ordre général des avocats (OAB) et l’ex-président social-démocrate Fernando Henrique Cardoso (1995-2002).

- Lula inquiet -

Parallèlement, l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) tentait lundi d’éloigner la menace d’un placement en détention par le juge Sergio Moro, qui le soupçonne de "corruption" et "blanchiment" d’argent dans le cadre de l’enquête sur les détournements au sein du géant étatique pétrolier Petrobras.

Ses avocats ont présenté dimanche au Tribunal suprême fédéral (STF) une demande d’"Habeas Corpus", qui repose sur le droit fondamental d’un individu de ne pas être emprisonné sans jugement.

Ils réclament une réunion d’urgence de la plus haute juridiction du pays.

Il y a effectivement péril en la demeure pour l’ancien président, qui avait été nommé la semaine dernière chef de cabinet (quasi Premier ministre) de Mme Rousseff.

Son statut de ministre devait le protéger du juge Moro, les membres de l’exécutif ne pouvant répondre pénalement que devant le STF.

- Arrestation au Portugal -

Mais vendredi soir, un juge du STF a confirmé la suspension de son entrée au gouvernement pour possible entrave à la justice et ordonné le renvoi de l’enquête le concernant au juge Moro.

Le calendrier joue contre l’ancien président : le STF ne doit théoriquement se réunir qu’à partir du 30 mars en raison des vacances de Pâques.

"Lula n’est accusé d’aucun crime, même après avoir été soumis à un véritable déballage et à des intimidations ces derniers mois", a argumenté dans un communiqué l’Institut Lula.


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