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États-Unis : Trump et Clinton, deux candidats haïs

mardi 22 mars 2016

"Lequel haïssez-vous le moins, Donald Trump ou Hillary Clinton ?" interrogent les médias américains dans cette dernière ligne droite des primaires.

De notre correspondante à Washington, Hélène Vissière

« Qui est celui que l’Amérique déteste le plus : Donald Trump ou Hillary Clinton ? » Ces derniers jours, les titres de ce genre foisonnent dans les médias américains. Ils résument bien une situation assez rare dans les annales électorales : les deux candidats les mieux placés pour remporter l’investiture ne sont pas les plus aimés. Et c’est un euphémisme. S’ils sont élus, selon le New York Times, « ce sera la première fois depuis au moins 25 ans qu’une majorité d’Américains aura une perception négative des deux candidats républicain et démocrate en même temps ». « Dans la période moderne, il n’y a pas d’élection similaire avec deux candidats aussi faiblards suscitant une telle division », estime Steve Schmidt, un consultant républicain.

Trump, 61 % d’opinions négatives

Donald Trump fait salle comble partout où il passe et a enregistré un nombre impressionnant de victoires du Nord au Sud. Mais au niveau national, selon la moyenne des sondages réalisée par le site Real Clear Politics, 61 % le voient négativement, contre 32 % qui ont une image de lui positive. « Trump a maintenant le taux de perception négative le plus haut de tous les candidats » depuis 1992, lorsque Gallup a commencé à poser la question", écrit Frank Newport, l’un des responsables de l’institut de sondage. Celui qui s’en rapproche le plus est George H. W. Bush qui, en octobre 1992, avait enregistré 57 % d’opinions défavorables, selon Gallup, alors qu’il cherchait à se faire réélire sur fond de crise économique après avoir renié sa promesse et augmenté les impôts. Son rival Bill Clinton, lui, ne récoltait que 38 % d’opinions défavorables.

Côté démocrates, Hillary Clinton est vue de manière négative par 53,3 % des Américains, contre 40 % qui la voient positivement. Un chiffre également très haut si on le compare à ses prédécesseurs démocrates lors des présidentielles. Son mari était vu de manière défavorable par 44 % des Américains en 1996, Al Gore en 2000 avait atteint 42 % d’opinions négatives, John Kerry 45 % en 2004 et Obama n’a pas dépassé les 48 % lors de sa campagne de réélection en 2012.

Une seconde chance

En général, les candidats avec de tels taux d’impopularité ont une seconde chance après les primaires, lors de la campagne nationale. Souvent mal connus du grand public, ils peuvent essayer de faire évoluer leur image. Mais cette fois, il va être difficile de leur faire changer leurs perceptions négatives, car Clinton comme Trump sont des personnages très connus qui polarisent depuis des années l’opinion et suscitent des réactions épidermiques. Donald Trump avec ses discours incendiaires, ses meetings violents, ses commentaires à l’emporte-pièce et ses positions fluctuantes s’est mis à dos une partie de l’électorat. Quant à Hillary Clinton, présente sur la scène politique depuis les années Carter, elle traîne derrière elle une multitude de casseroles et une réputation de vieux crocodile de la politique à qui on ne peut pas faire confiance. Seul élément positif : elle semble bénéficier d’un taux d’approbation supérieur à Bernie Sanders au sein de son propre Parti. Alors qu’une grosse partie des Républicains détestent Trump et risquent de ne pas voter pour lui. Mais tout peut encore changer dans les mois qui viennent.

Une seule chose est claire, la campagne électorale s’annonce particulièrement venimeuse, d’autant que Donald Trump n’est pas sûr d’obtenir le nombre de délégués nécessaire au moment de la Convention, ce qui devrait donner lieu à une bataille épique. Ces jours-ci, deux spots télé donnent le ton. Dans l’un, lancé par Trump, on voit des images de Poutine et d’un combattant masqué façon Daech. « Quand il faut faire face à nos adversaires les plus durs, les démocrates ont une réponse parfaite », affirme le texte, avant de passer à une image de Hillary Clinton en train d’aboyer dans un meeting électoral. Elle a effectivement imité un roquet pour décrire une pub qu’elle avait entendue. Le spot s’achève sur une image de Vladimir Poutine en train de rire. Le camp Clinton a contre-attaqué avec une publicité reprenant des extraits des propos du promoteur new-yorkais, en l’attaquant sur son racisme, sa « campagne cynique », sa promotion de la violence... Au final, l’élection risque de se résumer, pour beaucoup d’électeurs américains, à choisir le candidat le moins détestable. À moins qu’ils ne décident de bouder les urnes…


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