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Quand le doyen des lycées rend visite au doyen de la presse

mercredi 18 mai 2016

Une délégation du lycée Alexandre Pétion composée de son directeur Nicolas Mathurin, du président de son Amicale, Ady Jean Gardy, de deux professeurs, Mme Rose Régis (sciences naturelles et chimie) et Alain Julsaint (belles lettres et philosophie) a rendu visite au journal Le Nouvelliste la semaine écoulée. Au cours d’un entretien avec Max Chauvet, le directeur du quotidien de 118 ans, les rapports tissés à travers l’histoire entre les deux institutions ont été évoqués.

La conversation a démarré avec le rapport que développent les anciens élèves avec leur ancienne école. Max Chauvet, directeur du Nouvelliste et ancien de Saint-Martial, fait remarquer qu’il y a, pour l’ensemble des écoles, un certain mépris de leurs anciens. Il parle même d’une sorte d’ingratitude de ces derniers à l’endroit de l’établissement qui les ont formés. Ady Jean Gardy, président de l’Amicale du lycée Pétion, partage tout à fait ce point de vue mais a eu le soin de préciser que, pour le lycée Pétion, ça tend à changer dans cette fièvre du bicentenaire. « Beaucoup sont rentrés de l’étranger comme le père de Kwame Raoul (sénateur qui a remplacé Obama à l’Illinois) pour aider. Il y en a un qui, à lui seul, a financé la mise sur pied d’une infirmerie au sein de l’établissement, d’autres projets comme eau potable, cantine, devront être opérationnelles grâce au soutien d’anciens », a-t-il souligné.

Le lycée et son voisinage

Nicolas Mathurin, actuel directeur du lycée, estime qu’il y a plutôt une relation harmonieuse entre l’institution bicentenaire et les habitants du quartier dans lequel elle est située. « C’est leur lycée, dit-il, non seulement ils y envoient leurs enfants, mais aussi ils sont prêts à se battre pour le défendre. » Il évoque à ce titre la garde que les voisins ont monté le 24 janvier pour se préparer à l’éventualité d’une attaque et de l’incendie du local. La menace planait la veille de ce dimanche. Le président de l’amicale a évoqué la réaction par rapport à l’arrestation de Daniel Fignolé au sein même de l’établissement. « Tout le peuple du Bel-Air », conte-t-il, est descendu pour réclamer sa libération. C’est pareil pour Dumarsais Estimé qui a été arrêté sous la présidence de Louis Borno.

Le Nouvelliste et le lycée Pétion

Après la Seconde Guerre mondiale, Ernest Chauvet (grand-père de l’actuel directeur du journal) a profité de son poste d’ambassadeur d’Haïti à l’Onu, de concert avec son collègue Dantès Bellegarde, pour ouvrir les portes des prestigieuses universités américaines aux finissants du lycée Pétion. Ils ont obtenu un accord avec la Howard University et l’Université d’Alabama pour permettre aux bacheliers de se former. Il faut signaler, que contrairement à Dantès Bellegarde, Ernest Chauvet n’a pas été scolarisé au lycée. Il a voulu, selon Jean Gardy, supporter un patrimoine national qui était centenaire à l’époque. Le contrat a tenu jusque sur Duvalier. La délégation du lycée qui a rendu visite au journal a laissé entendre que des démarches sont en cours pour le renouveler mais aussi pour y ajouter d’autres universités.

Les dangers qui menacent les écoles publiques

Les interlocuteurs ont pointé du doigt le Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire (PSUGO), la multiplication des établissements privés comme étant les déstabilisateurs de l’école nationale. « Les professeurs des écoles nationales payés souvent en retard préfèrent ouvrir leurs propres écoles », confie le professeur Julsaint. Le directeur du lycée parle de la fuite des professeurs vers les écoles subventionnées par les ONG comme une plaie béante pour le système éducatif. La gratuité de l’éducation pour tous a été souligné comme étant pernicieuse dans le sens qu’elle empêche les établissements de se munir d’un fonds de fonctionnement. Max Chauvet dit supporter la démocratisation de l’éducation, mais souligne qu’il faut faire payer un minimum pour assurer entre autres l’entretien des locaux.

Les priorités actuelles du père des lycées

Nicolas Mathurin a avoué vouloir faire revenir l’institution de deux cents ans dans le cercle des pourvoyeurs de lauréats aux examens du bac. Il dit travailler aussi à calibrer l’offre afin d’attirer en plus des couches défavorisées des enfants tant de la classe moyenne que de l’élite pour promouvoir la mixité sociale comme ce fut longtemps le cas au lycée Pétion.

La culture de la valorisation des modèles

Max Chauvet, qui est membre de l’Amicale de Saint-Martial, a insisté auprès de ses visiteurs pour qu’ils valorisent auprès des jeunes ce qu’il appelle la culture de la valorisation des modèles. Il suggère qu’on fasse venir dans l’ensemble des établissements des modèles de réussite.

Le Nouvelliste invité de marque à la grande fête du 25 mai

La professeure Rose Régis a invité officiellement le doyen de la presse haïtienne à participer le 25 mai 2016, dans la cour du lycée, aux activités festives prévues dans le cadre de son bicentenaire

AUTEUR

Chancy Victorin

chancyvictorin@ticketmag.com
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