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Le soldat François Fillon à terre, mais pas K.-O.

mercredi 13 juillet 2016

L’ancien Premier ministre, qui ne parvient pas à décoller dans les sondages, doit remobiliser des troupes en proie au doute et à la colère.

Par Mathieu Lehot

Revue des troupes avant le début de « la vraie bataille ». À la veille du dernier 14 Juillet du quinquennat de François Hollande, c’est un François Fillon va-t-en-guerre qui s’est présenté devant ses soutiens parlementaires mardi 12 juillet au soir. Rendez-vous a été donné dans les somptueux jardins de la Maison de l’Amérique latine. Entouré d’une armada d’une soixantaine de députés et de sénateurs, l’ancien premier ministre, qui ne parvient toujours pas à décoller dans les intentions de vote pour la primaire, est venu rassurer ses partisans en rappelant qu’il était toujours « bien là ». « Il y a un an, certains observateurs doutaient de ma candidature à la primaire. Aujourd’hui, ils aimeraient tellement que la compétition se résume à un duo. Mais je suis là, je suis bien là, et vous êtes tous là à mes côtés, et rien n’arrêtera notre combat », a martelé François Fillon.

À cinq mois du scrutin qui désignera le candidat de la droite pour 2017, le député de Paris reste pourtant très en retard sur ses concurrents. Après avoir connu un léger frémissement au mois de mai, la cote de l’ancien Premier ministre est retombée ces dernières semaines. Un sondage Ipsos-Sopra Steria pour le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et Le Monde, publié le 6 juillet, le donnait encore en quatrième position avec seulement 9 % d’intentions de vote, loin derrière Bruno Le Maire (16 %), Nicolas Sarkozy (30 %) et Alain Juppé (38 %). « Force est de constater que nous avons perdu la bataille médiatique. Le duo Juppé-Sarkozy s’est imposé », constatait, d’un air dépité, un membre de l’équipe de campagne de François Fillon interrogé par Le Point.fr début juin.

Le doute et la colère

Le risque pour le candidat à la primaire est que ces mauvais résultats entament le moral de ses troupes. Mardi soir, entre deux bouchées de petits fours et trois gorgées de champagne, les fillonistes affichaient sourires et mines sereines. Mais, dans les têtes, les sentiments qui dominent sont le doute et la colère. « On est plutôt énervés que ça ne décolle pas », reconnaît la sénatrice Caroline Cayeux. « C’est vrai qu’on aimerait bien qu’il décolle plus », admet à son tour le sénateur Bruno Sido.

Parmi les inquiétudes de ses partisans : la stratégie médiatique d’un François Fillon qui continue de pâtir de l’image d’un homme austère. « Ce n’est pas un candidat qui fait du bruit, qui va sur les plateaux télé pour ne rien dire, mais c’est sur le fond que les Français jugeront au final », veut se rassurer Caroline Cayeux. François Fillon, lui, persiste et signe : « Dans le pays des rêves, du verbe, des postures, on oublie de faire. Mais je crois que les Français ne sont plus dupes. Et vous verrez que les projets seront décortiqués par les électeurs comme ils ne l’ont jamais été

auparavant. Le mien est solide. Et je bénéficie d’un atout : celui de ne pas être considéré comme un homme qui parle en l’air », a-t-il assumé dans son discours mardi soir.

Pas assez collectif

Certains de ses soutiens regrettent aussi de ne pas être assez mis en avant par leur candidat. « Il n’a pas de snipers, contrairement à Sarko qui s’appuie sur des Brice Hortefeux, Éric Ciotti et autres Michel Gaudin. Et ça, c’est un peu dommage », déplore un parlementaire sous le couvert de l’anonymat. En juin, l’hebdomadaire Valeurs actuelles s’était fait l’écho de l’agacement d’un certain nombre de soutiens de François Fillon de ne pas être conviés à ses déplacements. La députée des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer, vice-présidente du groupe d’études sur les chrétiens d’Orient à l’Assemblée, se serait notamment émue de ne pas avoir été invitée par François Fillon lors de son voyage auprès des chrétiens du Kurdistan irakien début juin. Présente mardi soir à la Maison de l’Amérique latine, la députée réfute et affirme même ne pas perdre confiance, au contraire. Aux mauvais sondages de son candidat Valérie Boyer oppose ses propres sondages auprès des chauffeurs de taxi. « Tous ne disent que du bien de François », raconte-t-elle.

François Fillon, lui, affirme que « la vraie bataille » commencera après les vacances. « Le mois de septembre va être celui d’une mobilisation sans faille. Je compte sur vous pour défendre nos idées, pour être mes porte-parole auprès des Français par tous les moyens. Allez dans vos villes et dans vos campagnes. Dans les journaux et sur Facebook. À la télé et à la radio. Allez dire qu’une politique honnête et droite est possible. Qu’avec du courage et des convictions on peut casser bien des baraques », a-t-il exhorté mardi soir. Il restera alors trois mois au camp de l’ancien Premier ministre pour donner tort aux sondages.


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