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La nouvelle percée de Privert !

vendredi 22 juillet 2016

Les acteurs continuent de déplacer leur pion, en vue de contrôler soit la transition, soit le processus électoral. Cette semaine, Jocelerme Privert qui observait un silence résonnant a, lors d’un Conseil des ministres, signé l’arrêté devant convoquer le peuple dans ses comices le 9 octobre prochain.

Une initiative qui divise l’opinion publique, tout comme la présidence de M. Privert lui-même. Toutefois, le président de la République prend une option dans sa marche vers le 7 février 2017, date à laquelle il dit vouloir remettre le pouvoir à un autre président élu.

En plus de cet arrêté, M. Privert a tenu également à mettre les points sur les « i », notamment par rapport à la démarche des quatre juges de la Cour de cassation qui, par voie détournée, tentent de l’écarter du pouvoir, pour contrôler la transition. Ces juges qui se sont rendus aux USA pour rencontrer des membres de l’establishment américain ont clairement signifié qu’il ne pourra y avoir de bonnes élections avec Privert et que seules les transitions dirigées par les juges de la Cour, Ertha Pascale Trouillot et Boniface Alexandre, ont déjà gagné ce pari d’élections libres, honnêtes et démocratiques.

À Jocelerme Privert de faire remarquer à ces juges que seulement deux d’entre eux étaient en situation régulière. Conséquemment, la majeure partie étant dans l’illégalité, la Cour ne saurait représenter une option à sa succession. Coupant ainsi court à cette démarche et aux demandes incessantes de certains secteurs, dont le MOPOD et certains parlementaires comme Carl Murat Cantave qui s’investissent dans une campagne pour propulser les juges de la Cour de cassation à la présidence de la République.

Le passage en force de Jocelerme Privert s’inscrit également dans une démarche de dialecticien. En effet, en signant cet arrêté le chef de l’État considéré comme « de facto », met hors-jeu le Parlement, du moins comme acteur de blocage au processus électoral. Si Privert n’avait pas pris cette initiative pour ouvrir la voie à la tenue de ces élections, il se serait lui-même mis hors-jeu, vu que c’est le prétexte évoqué pour qu’il se maintienne au pouvoir.

Cette démarche annonce une nouvelle phase dans la lutte politique qui déchire la société haïtienne. Une lutte jusqu’ici stérile. Avec cette percée Privert a réveillé les débats sur son statut. Lequel est clair pour son clan qui soutient que la convocation du peuple est un privilège réservé au président de la République. Ces partisans l’ont souvent répété, la mission du président est de réaliser les élections et elle n’est pas encore accomplie, établissant même une différenciation entre mission et mandat comme si les deux n’étaient plus consubstantiels. Cette convocation, quelles que soient les circonstances, était donc inévitable.

Privert a fortement secoué le cocotier. La mise en place d’un bureau au Sénat de la République peut, à juste titre, être interprétée comme une résultante de ce coup de force du chef de l’État pour ouvrir la voie vers le 9 octobre. Un fait important dans la mesure où depuis le 14 février le Grand-Corps n’avait plus de président, expression d’une certaine majorité de l’assemblée. Cependant, au regard des compromis et des concessions étonnantes, il serait risqué de croire que M. Larèche représenterait la majorité qui s’était ouvertement déclarée au Sénat. Ce qui accorderait aux pro-Privert un avantage politique certain lors du déroulement et/ou de la convocation des séances.

En effet, l’on imagine mal la minorité anti-Privert céder aussi facilement cet avantage stratégique avec un Cholzer Chancy, président de l’Assemblée nationale, qui pourtant avait déjà, durant les séances passées, prouvé sa loyauté. Elle aurait pu une fois de plus, infirmer le quorum. Incompréhension ! Toujours est-il que certains sénateurs comme Andris Riché qui faisait mine de convoiter la présidence du Sénat a retiré sa candidature cette fois-ci, avec comme contrepartie sa décharge pour sa gestion du corps des pères conscrits, durant l’année dernière au moment où le Sénat était amputé de deux tiers de ses membres et était devenu quasi dysfonctionnel. C’est également le cas pour Fritz Carlos Lebon qui a régné sans partage sur la questure durant près de 6 ans lequel, dans la mêlée, est également sorti avec sa décharge.

Si la décision de M. Privert divise la société haïtienne, elle agace par contre une frange de l’International, celle menée par les États-Unis. En guise de réaction et/ou de représailles, Washington, rapporte Jacqueline Charles dans un article publié récemment dans les colonnes du Miami Herald, enjoint le gouvernement haïtien de lui restituer 1 million 900 mille dollars qui n’ont pas été dépensés et qui sont restés sur le compte des élections. Un peu malhabile, mais cette attitude qui montre que jusque-là, l’International n’est prêt à aucune concession après avoir été désavoué à plusieurs reprises par l’équipe de Joclerme Privert.

Lionel Édouard


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