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Donald Trump continue de talonner Hillary Clinton dans les sondages

jeudi 28 juillet 2016

L’exposition médiatique dont bénéficie Hillary Clinton à la convention démocrate à Philadelphie (Pennsylvanie) devrait lui apporter un léger gain dans les sondages à paraître ces prochains jours, conformément à la loi du genre. Par contre, il est peu probable que l’événement lui permette de creuser l’écart.

Son adversaire, le républicain Donald Trump, la talonne depuis des semaines. Il fait même jeu égal dans les sondages nationaux, et ce malgré les Cassandre médiatiques qui annonçaient une convention républicaine minée par ses propres divisions.

Comment le magnat de l’immobilier de luxe parvient-il à rester dans la course alors que chaque jour, ou presque, le nombre d’électeurs se sentant rejetés par ses propos incendiaires ne cesse d’augmenter selon ces mêmes enquêtes d’opinion ?

Le peu d’attrait qu’ont les électeurs latinos et noirs pour M. Trump est un secret de polichinelle. La liste s’allonge même avec les femmes, les jeunes et les personnes les plus diplômées. Avec ses propos contre les immigrés mexicains (« marchands de drogue » et « violeurs »), le candidat républicain a braqué un électorat en plein essor (12 % des électeurs, contre 9 % en 2008) que les présidents Bush, père et fils, avaient pourtant tenté de séduire.

Les sondages créditent aujourd’hui M. Trump d’un taux chez les Hispaniques encore plus faible que celui du candidat Mitt Romney en 2012, qui n’a rassemblé que 27 % du vote latino. Un score largement en dessous des 40 % nécessaires, en théorie, à un candidat républicain pour espérer décrocher certains Etats-clés du sud du pays.

Pour mémoire, en 2008, les électeurs latinos ont voté à une majorité des deux tiers pour le candidat démocrate Barack Obama. On voit mal comment Mme Clinton ne pourrait pas obtenir un score au moins identique.

Hommes blancs sans diplôme

La capacité de M. Trump à attirer une partie du vote afro-américain (13,5 % de la population) semble encore plus compromise. D’après un sondage récent NBC-The Wall Street Journal, M. Trump atteint 0 % chez les électeurs afro-américains dans l’Ohio et la Pennsylvanie.

Malgré la critique de certains mouvements de gauche ou plus radicaux, comme Black Lives Matter, qui reprochent à M. Obama son inaction en matière de violences policières et à Bill Clinton sa loi sur le crime (1994), qui a « décimé l’Amérique noire », selon eux, Mme Clinton devrait bénéficier d’un report de voix important dans les urnes.

A ce jour, M. Trump n’a donc pas élargi sa base avec les minorités dites « ethniques », qui représentent près de 30 % de l’électorat des Etats-Unis. Mais le souhaite-t-il ? A écouter ses derniers discours, il est permis d’en douter. La redoutable réserve électorale du milliardaire est ailleurs : elle se trouve parmi les électeurs blancs sans diplômes universitaires, et plus particulièrement les hommes. Cet électorat représente près de la moitié des votants, et le retard de Mme Clinton dans cette catégorie est considérable.

M. Trump est même crédité de résultats supérieurs à ceux obtenus par M. Romney lors de l’élection de 2012. « Cela est suffisant pour maintenir une course serrée, souligne Nate Cohn, du New York Times. Cela peut même être suffisant pour gagner. »

A ce jour, Donald Trump n’a pas élargi sa base avec les minorités dites « ethniques ».

Selon une demi-douzaine de sondages faits en juillet, M. Trump domine largement cette catégorie, avec 58 % des intentions de vote, contre 30 % pour son adversaire démocrate. En 2012, M. Romney a obtenu 55 %, contre 37 % pour M. Obama. Et l’avance de M. Trump semble ne pas faiblir. Au contraire : d’après un sondage CNN paru le 25 juillet, il dépasserait Mme Clinton de 3 % au niveau national et obitendrait 66 %, contre 29 %, des voix de la classe ouvrière blanche.

Certes l’électorat blanc ouvrier se réduit, laissant peu de marge aux républicains. Il n’empêche. D’après plusieurs études, il suffirait à M. Trump de pousser son avantage de 5 % dans cette catégorie pour envisager une victoire en novembre. Le pari est difficile au vu des scores déjà élevés qu’il enregistre dans cette catégorie, mais il n’est pas impossible.

La white working class représentait en 2012 44 % de l’électorat. M. Obama a d’ailleurs obtenu des scores plutôt honnêtes concernant cette catégorie dans plusieurs régions, excepté dans les Etats du Sud. Le président avait même fait mieux que ses prédécesseurs démocrates sur ce point.

Percée de Mme Clinton en Arizona, en Géorgie et au Texas

M. Trump n’a eu de cesse d’axer son discours sur ces travailleurs blancs peu qualifiés. Il s’est prononcé contre les traités internationaux. Il entend favoriser le protectionnisme, interdire ou fortement limiter l’immigration. Le candidat a également pris ses libertés avec la doxa républicaine en s’opposant à une réduction de la couverture sociale des travailleurs. Encore mercredi matin, il a affirmé vouloir faire passer le salaire minimal de 7,25 dollars (6,50 euros) à 10 dollars (9 euros) de l’heure.

La règle veut que l’élection présidentielle se joue sur une dizaine de swing states.

La règle veut que l’élection présidentielle se joue sur une dizaine de swing states, ces Etats pivots ou clés qui peuvent alterner d’un scrutin à l’autre entre les deux partis et faire basculer le résultat final. Mme Clinton semble faire une percée historique en Arizona, en Géorgie et même au Texas, où ses chances de l’emporter sont faibles, mais pas totalement exclues. Surtout, au vu des changements et accélérations démographiques de ces dernières années, elle pourrait remporter assez aisément la Floride, un des Etats-clés les plus importants du pays en raison de la taille de sa population.

Toutefois, la situation est plus difficile pour l’ancienne secrétaire d’Etat dans des Etats traditionnellement ouvriers, comme dans le Midwest et la Rust Belt (région qui s’étend de Chicago à la côte atlantique en longeant les grands lacs). Certains indicateurs pointent un réel danger pour elle dans l’Iowa. En Pennsylvanie, qui vote démocrate depuis 1952, l’équipe de Mme Clinton vient de lancer des messages publicitaires, comme si la bataille s’annonçait d’ores et déjà plus difficile que prévu. Elle ne fait que commencer.

Nicolas Bourcier (Philadelphie (Pennsylvanie), envoyé spécial)


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