MosaikHub Magazine

Les Jeux Olympiques de Rio de Janeiro commencent en beauté

lundi 8 août 2016

Rio a ouvert les premiers jeux Olympiques de l’histoire en Amérique du Sud, au gré d’une cérémonie joyeuse et colorée mais aussi parfois grave, vendredi au Maracana.

"Après ce merveilleux spectacle, je déclare ouverts les jeux Olympiques de Rio", a lancé Michel Temer, le président par intérim du Brésil, la voie tremblante, couverte par les huées du stade alors que le pays traverse une grave crise politique et économique.

Le contexte particulier dans lequel s’ouvrent les JO a d’ailleurs été souligné par Thomas Bach. "Vous avez transformé Rio en une ville moderne et unique, a lancé le président du CIO. Et vous avez toute notre admiration, car vous l’avez fait dans un moment difficile de l’histoire du Brésil".

Le président du Comité organisateur des JO, Carlos Nuzman a lui choisi un mode plus enlevé pour vanter sa ville. "Rio est prête à faire l’histoire, a-t-il dit. Le meilleur endroit du monde, c’est ici et maintenant".

Joie, couleurs, rythme... Le stade a ensuite retrouvé les atours de la fête au rythme de la Samba, jusqu’à l’embrasement de la vasque olympique par l’ancien marathonien Vanderlei Cordeiro, médaillé de bronze à Athènes en 2004. Dans l’après-midi la légende du football Pelé avait annoncé qu’il ne pourrait être présent pour raisons médicales.

Ces moments solennels avaient été précédés d’une première partie dédiée à l’histoire tourmentée du Brésil, allant notamment de l’esclavage à l’aviateur Santos-Dumont en passant par l’apparition des favelas, et, après quelques minutes plus graves consacrées aux conséquences du réchauffement de la planète, les 207 délégations ont défilé dans le stade dans la joie et la bonne humeur.

Les plus belles ovations ont été réservées à l’équipe des réfugiés, qui défilait derrière le drapeau olympique, et bien sûr à la délégation brésilienne, entrée la dernière et fêtée par les 80.000 spectateurs du Maracana.

Sous les yeux d’une quarantaine de chefs d’Etat, les Russes, au centre d’une gigantesque affaire de dopage d’Etat révélée par le rapport McLaren le 18 juillet, ont eu droit à un accueil poli, où les applaudissements se sont mêlés à quelques sifflets.
Ode à la musique brésilienne

Hymne brésilien chanté en version acoustique, défilé d’écoles de samba : les jeux Olympiques de Rio, les premiers de l’histoire sur le continent sud-américain, se sont ouverts par une ode à la musique brésilienne, dans le mythique stade Maracana vendredi.

Quatre ans après le spectacle inventif et décalé des Jeux de Londres, le réalisateur brésilien Fernando Meirelles, un des trois directeurs artistiques à la manoeuvre, avait prévenu : dans un pays plongé dans une récession économique aiguë assortie d’une sévère crise politique, il fallait composer avec un budget limité.

Oubliée "l’approche high-tech", la "grande fête" proposée par Meirelles, qui promettait de mettre à l’honneur "la richesse de la culture populaire brésilienne", a donné le premier rôle à la musique du pays dans toute sa diversité (chantée en portugais, contrairement à la cérémonie d’ouverture du Mondial-2014, qui faisait la part belle à l’espagnol et à l’anglais).

Au pays du carnaval, les sportifs ayant défilé sous le regard du monde entier en ont eu un aperçu éclatant quand le Maracana s’est transformé en sambodrome sous l’impulsion d’une douzaine d’écoles de samba.

Trois heures et demie plus tôt, c’est sur les notes d’"Aquele abraço", une mélodie parmi les plus célèbres de Gilberto Gil, icône de la musique brésilienne, qu’a débuté la cérémonie d’ouverture.

- Gisele au son de la bossa -Une introduction immédiatement suivie par l’entrée d’un millier de figurants agitant des feuilles de papier métallique soudainement transformées en coussins géants faisant office de tambours. Puis, par une touchante version acoustique de l’hymne brésilien, chanté par Paulinho da Viola, un des plus grands musiciens auriverde, qui s’est accompagné à la guitare.

A suivi un voyage d’une quinzaine de minutes à travers les multiples tendances de la musique brésilienne, part constitutive de l’identité du pays.

A commencer par la bossa, et l’incontournable "A Garota de Ipanema" de Tom Jobim, deuxième chanson la plus connue au monde selon les organisateurs, jouée par son petit-fils Daniel, au son de laquelle l’ex-mannequin vedette Gisele Bündchen, vêtue d’une longue robe dorée, a pu défiler en toute quiétude.

Loin de la polémique que son apparition annoncée avait fait naître dans la semaine, quand la presse brésilienne avait bruissé de fuites selon lesquelles elle subirait un simulacre d’agression par un gamin des rues.

Se sont élevées ensuite des voix issues des favelas, à l’instar du tout jeune Cristian Do Passinho (13 ans) interprétant le "passinho" local, mélange de hip-hop et de capoeira. Puis, celles d’un duo de rappeurs, avant "Pais tropical" de Jorge Ben Jor, qui a réussi à enflammer les quelque 70.000 spectateurs du Maracana, chantant en choeur, puis applaudissant en rythme.

- Triporteur aux couleurs acidulées -Entre-temps, figure imposée du genre : l’évocation des étapes marquantes de l’histoire du pays hôte. Insectes -araignées, chenilles...- en structures métalliques vivant dans l’épaisse forêt amazonienne, caravelles européennes bravant la tempête sur l’océan Atlantique avant d’accoster sur les côtes brésiliennes, esclaves venus d’Afrique œuvrant dans les plantations de canne à sucre, urbanisation chaotique...

Ainsi que le vol du pionnier de l’aviation Alberto Santos-Dumont à bord de son 14 Bis, qui s’est envolé dans les airs au-dessus du Maracana dans la nuit de Rio, survolant les interminables plages cariocas, sous le regard de la statue du Christ rédempteur, du haut du Corcovado.

En conclusion de la cérémonie, le Brésil, qui héberge avec la forêt amazonienne, a lancé un appel à protéger la Terre du réchauffement climatique.

Un message prolongé lors du défilé des 207 délégations, traditionnellement lancé par la Grèce : chaque sportif a reçu une graine destinée à être plantée. Et détail original, chacune des équipes était précédée par un triporteur aux couleurs acidulées, à la remorque fleurie à foison !

"Brasil, Brasil" (à prononcer "Braziou") : peu avant 23h00, robes et foulards à motifs tropicaux plus chapeaux de paille, la délégation brésilienne a fait vibrer le Maracana, quelques instants après l’ovation reçue par la première délégation olympique de réfugiés.

Mention spéciale également à l’applaudimètre pour les voisins sud et nord-américains. La Russie, empêtrée dans un scandale de dopage d’Etat, a elle évité les sifflets. Un traitement auquel n’a pas échappé Michel Temer, président brésilien par intérim depuis la suspension de Dilma Rousseff.

- Les transports en question -

Ces Jeux, qui se termineront le 21 août, s’ouvrent dans une ambiance contrastée. Car le bel élan de 2009 est loin. A l’époque de l’obtention des JO, le Brésil surfait sur la vague de la croissance, Rio voulait faire des Jeux une vitrine sur le monde. Et profiter de l’occasion pour se moderniser et construire des infrastructures.

Sept ans plus tard, les autorités de Rio ont dépensé presque quatre milliards d’euros pour les installations olympiques et l’organisation, auxquels s’ajoutent 6,7 mds d’euros en travaux d’héritage, notamment les transports. Et la crise est passée par là...

Les JO ont été victimes de la grave récession qui frappe le pays depuis 2015 (PIB en baisse de 3,8% l’an dernier). S’y est ensuite greffée la procédure de destitution controversée qui frappe la présidente de gauche Dilma Rousseff, accusée de maquillage des comptes publics et dont l’avenir se jouera quelques jours après la clôture des Jeux.

Elle fut la grande absente de la cérémonie d’ouverture, comme son mentor et prédécesseur, Lula, grâce auquel les JO ont été attribués en 2009 à la mégalopole brésilienne.

Autre sujet de préoccupation pour les autorités du pays, plus grave celui-ci : la menace terroriste.

Le pays semble avoir pris la mesure du problème en renforçant de manière significative les mesures de sécurité après les 85 morts de l’attentat de Nice le 14 juillet, avec un déploiement de 85.000 militaires et policiers.

Les forces de sécurité seront déployées partout dans la ville pour assurer la protection des spectateurs mais surtout des quelque 10.500 athlètes, parmi lesquels 276 Russes finalement autorisés à participer après l’annonce vendredi soir de la présence de cinq nageurs initialement exclus, parmi lesquels Yuliya Efimova.

Les absents ont été victimes de la publication de ce désormais fameux rapport McLaren, qui a pointé le dopage d’Etat russe. Poussant les Fédérations internationales puis le CIO à faire le ménage parmi la délégation russe jusqu’au dernier moment.

- Premières médailles en vue -

La vague a notamment emporté 67 des 68 membres de l’équipe d’athlétisme, dont la "tsarine" de la perche, Yelena Isinbayeva, double championne olympique (2004, 2008). Elle sera l’une des grandes absentes du sport roi des JO, l’athlétisme, dont les épreuves débuteront le 12 août, avec pour star attendue Usain Bolt.

"L’Eclair" jamaïcain pourrait prendre place parmi les plus grands s’il réussit un troisième triplé (100, 200, 4x100 m) après ceux de 2008 et 2012. Et que dire du nageur américain Michaël Phelps, l’homme le plus médaillé de l’histoire des JO (22 médailles dont 18 en or) ?

Mais d’autres belles individualités pourraient s’inviter au Panthéon de la gloire. Deux Français (le perchiste Renaud Lavillenie et le judoka Teddy Riner), l’infatigable Novak Djokovic en tennis et la petite fée de la gymnastique, l’Américaine Simone Biles, 19 ans, passée des bas-fonds de l’Ohio aux agrès de la gloire.

Stars planétaires ou anonymes éclairés, tous se retrouvent sur les sites des compétitions à partir de samedi, où les douze premiers titres olympiques seront distribués.

La première médaille d’or sera décernée vers 10h30 locales (13h30 GMT) en carabine à 10 m.

Mais cette première journée sera surtout pimentée par l’épreuve de cyclisme en ligne, sur 247,5 km, où l’Italien Vincenzo Nibali et l’Espagnol Alejandro Valverde partiront favoris. Juste devant le Britannique Chris Froome, deux semaines après sa victoire dans le Tour de France.

Cette première journée officielle sera également marquée par le début des épreuves de judo, d’escrime et de natation. Et, dans le tournoi de basket-ball, par l’entrée en scène de l’équipe des Etats-Unis face à la Chine.

AUTEUR

AFP


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie