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Beyrouth (AFP) - Trois jours après une attaque...

vendredi 7 avril 2017

Beyrouth (AFP) - Trois jours après une attaque chimique présumée ayant choqué le monde, les Etats-Unis ont bombardé jeudi une base aérienne en Syrie, une décision unilatérale dénoncée par les alliés russes et iraniens de Damas qui a parlé d’"acte irresponsable".

Moscou a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU quelques heures après la première action militaire américaine contre le régime du président Bachar al-Assad, en plus de six ans d’une guerre très meurtrière.

En 2013, l’ex-président Obama avait renoncé au dernier moment à frapper en Syrie après une attaque chimique imputée au régime.

Le présidence syrienne a qualifié l’attaque d’"acte idiot et irresponsable" de la part de Washington, révélant "son aveuglement sur les plans politique et militaire".

Les frappes ont été ordonnées jeudi soir par le président américain Donald Trump, qui s’était pourtant toujours prononcé contre toute intervention directe en Syrie.

Vers 03H40 (00H40 GMT), 59 missiles de croisière Tomahawk ont été tirés par deux navires américains en Méditerranée vers la base aérienne d’Al-Chaayrate (centre).

Quelques heures plus tard, l’armée syrienne a fait état de "six morts, des blessés et d’importants dégâts matériels", sans préciser si les victimes étaient des militaires ou des civils.

L’agence de presse officielle Sana a annoncé ensuite la mort de neuf civils dans des villages environnants.

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a pour sa part indiqué que sept soldats avaient été tués et que l’aéroport militaire "a été presque totalement détruit : les avions, le tarmac, le dépôt de fuel et le bâtiment de la défense aérienne ont été pulvérisés".

Neuf avions ont été détruits, a de son côté affirmé la télévision russe en diffusant des images de hangars et d’une piste d’atterrissage modérément endommagés.

- ’Pas suffisant’ -

Dans une adresse solennelle à la télévision, Donald Trump a expliqué que ces frappes étaient "associées au programme" d’armes chimiques de Damas et "directement liées" aux évènements "horribles" de mardi.

Ce jour-là, un raid imputé à l’armée syrienne contre la localité rebelle de Khan Cheikhoun (nord-ouest) a fait au moins 86 morts, dont 27 enfants. Les images de victimes agonisantes ont choqué le monde.

Les services de renseignement américains ont établi que les avions ayant mené l’attaque étaient partis de la base d’al-Chaayrate, connue comme un lieu de stockage d’armes chimiques avant 2013, selon le Pentagone.

Le visage grave, le président Trump a appelé les "nations civilisées" à mettre fin au bain de sang en Syrie.

En difficulté depuis des mois face au régime, la coalition de l’opposition politique syrienne a applaudi l’opération américaine. Mais "frapper un seul aéroport n’est pas suffisant (...) Le monde entier doit aider à sauver le peuple syrien des griffes de l’assassin Bachar (al-Assad) et de ses acolytes", a déclaré Mohammad Allouche, membre du Haut comité des négociations (HCN).

Le président russe Vladimir Poutine a lui estimé qu’il s’agissait d’une "agression contre un Etat souverain". "Cette action de Washington cause un préjudice considérable aux relations russo-américaines", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

L’autre allié de Damas, l’Iran, a accusé les Etats-Unis d’utiliser de "fausses allégations" pour attaquer la Syrie et d’être "aux côtés" des jihadistes comme le groupe Etat islamique (EI).

- Et après ? -

Accusant Moscou d’avoir manqué à ses responsabilités, le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a plaidé jeudi pour le départ du président Assad, alors que, il y a une semaine, il avait semblé s’accommoder de son maintien au pouvoir.

Les responsables américains n’ont pas donné d’indications les actions qu’ils comptent entreprendre par la suite.

"La neutralisation de cette base ne va pas bouleverser l’équilibre des forces dans le conflit. Le régime garde l’avantage mais il n’a pas les moyens humains pour avancer sur plusieurs fronts à la fois", estime Tim Eaton, du centre de réflexion Chatham House à Londres.

Pour Reed Foster, de l’institut Jane’s, la porte est peut-être ouverte à une plus grande intervention américaine et occidentale destinée à "affaiblir les capacités militaires syriennes à un moment où la dynamique est du côté des forces syriennes soutenues par la Russie".

Ces forces cherchent actuellement à reprendre les derniers bastions des rebelles, notamment dans la province d’Idleb (nord-ouest), et des différents groupes jihadistes dont l’EI.

La décision de M. Trump a été plutôt bien accueillie par les autres pays impliqués dans la crise syrienne, comme la Turquie et les Etats européens.

Le président français François Hollande a annoncé que Paris allait "être à l’initiative" pour "relancer le processus de transition politique en Syrie" dans "le cadre des Nations unies si c’est possible".

Jusqu’à présent, aucune initiative diplomatique n’a réussi à faire durablement taire les armes dans un pays où plus de 320.000 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre en mars 2011 tandis que des millions d’autres étaient jetées sur les routes.

A l’été 2013, Barack Obama, avait déçu les pays arabes soutenant l’opposition syrienne en renonçant à frapper le régime après une attaque aux armes chimiques près de Damas qui avait fait plus de 1.400 morts.

A l’époque, le magnat de l’immobilier Donald Trump avait exhorté M. Obama à ne pas intervenir en Syrie.

Washington est cette fois passé à l’acte après avoir établi que Damas avait utilisé à Khan Cheikhoun "un agent neurotoxique qui a les caractéristiques du sarin", selon un haut responsable de la Maison Blanche.


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