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Qu’est-ce que le « téléphone rouge », à nouveau rétabli entre les deux Corées ?

vendredi 5 janvier 2018

VIDÉO - Kim Jong-un a ordonné ce mercredi le rétablissement de la ligne téléphonique d’urgence qui relie la Corée du Nord à la Corée du Sud. Retour sur l’histoire du fameux « téléphone rouge », plusieurs fois coupé au gré des crises entre les deux Etats.
Voilà presque cinq ans que la tonalité entre le Nord et le Sud de la Corée avait été coupée. Ce mercredi, Pyongyang a ordonné le rétablissement de la communication avec Séoul via le « téléphone rouge ». Cette décision intervient au lendemain de la proposition du président sud-coréen Moon Jae-in de tenir le 9 janvier des discussions à haut niveau en vue d’organiser la venue d’une délégation nord-coréenne aux Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, en Corée du Sud, en février. Mais qu’est-ce que ce téléphone rouge intercoréen ?

À l’origine, il n’était ni rouge ni téléphone ni Coréen. Le premier « téléphone rouge » a été instauré le 30 août 1963 entre les États-Unis et l’Union soviétique. Il servait de lien entre les deux superpuissances, alors très proches d’un conflit nucléaire, pour prévenir les crises après celle de Cuba. À l’époque, le monde est en pleine Guerre froide. En octobre 1962, États-Unis détectent la présence de missiles soviétiques à Cuba. Même si l’initiative américaine a déjà été proposée six mois plus tôt, l’épisode de Cuba s’avère être l’élément déclencheur qui concrétise l’idée. Il s’agit alors d’un téléscripteur de couleur bois clair qui permet à Kennedy et Khrouchtchev de communiquer par messages écrits, codés et transmis par câble.
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Dans les années 1970, un téléphone est installé et des liaisons par satellite sont ajoutées puis, pendant la décennie suivante, la possibilité d’envoyer des documents, comme des cartes ou des photos. En 1994, un nouveau « téléphone rouge » permet aux responsables de la Défense des deux pays d’être joignables pratiquement en permanence.
En Corée, des décennies de friture sur la ligne
La Corée du Nord et du Sud ont vu apparaître ce « téléphone rouge » en 1972 à la faveur d’un communiqué commun entre les deux ennemis dont toutes les liaisons sont coupées depuis le début de la guerre de Corée (1950-1953). Un téléphone et un fax ont ainsi été installés à Panmunjom, le fameux village frontalier où fut signé le cessez-le-feu de la guerre et qui est depuis le théâtre d’occasionnels pourparlers entre les deux camps. Mais à la frontière, les canaux officiels de communications ont souvent été rompus.
La première coupure a lieu quatre ans après son installation, en 1976, après l’« Incident du peuplier ». Le 18 août, des soldats nord-coréens tuent, à coups de hache, deux officiers américains qui accompagnent des ouvriers chargés d’abattre un arbre à Panmunjom. Le téléphone est tout de même remis en service en 1980 après un accord en vue de rares discussions entre premiers ministres.
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En 2010, le Nord coupe à nouveau toutes les communications quand le Sud prend des sanctions commerciales pour protester contre le torpillage -par un sous-marin nord-coréen selon Séoul- de la corvette sud-coréenne Cheonan qui a fait 46 morts. La ligne est remise en service l’année suivante. Les tensions relatives au troisième essai nucléaire nord-coréen engendre instantanément une troisième interruption.
Les communications sont à nouveau brisées en février 2016 par Pyongyang après que Séoul a décidé de fermer la zone industrielle intercoréenne de Kaesong, pour protester contre le quatrième essai nucléaire du Nord.
Une ligne d’urgence utilisée dans de nombreux États
D’autres lignes de communication directes ont également été instaurées entre Moscou et les principales capitales européennes comme Paris et Bonn. En 1996, la Chine établit pour la première fois un « téléphone rouge » avec la Russie, puis avec les États-Unis deux ans plus tard. En 2005, l’Inde et le Pakistan font de même.
En septembre 2011, les États-Unis suggèrent la mise en place d’une liaison directe avec l’Iran pour éviter un emballement des tensions sur le programme nucléaire iranien controversé, une offre rejetée par Téhéran.
La Maison Blanche et le Pentagone ont toujours gardé le secret sur le nombre d’utilisations de cette ligne sécurisée. Elle aurait notamment servi pendant les guerres israélo-arabes de 1967 et 1973 ou encore lors de l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS en 1979.


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