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Vivy-Mitchell vent debout contre des spoliateurs appuyés par la police et la justice…

samedi 3 février 2018

National - Plus d’une centaine de résidents et propriétaires de Vivy-Mitchell, entre « sentiment de danger »,« ras-le-bol » et volonté de dénoncer des « voleurs de terrain », des « spoliateurs appuyés par des membres de la justice et de la police », ont bloqué les deux entrées de ce quartier résidentiel à l’est de Port-au-Prince, le temps d’un conférence de presse, le jeudi 1er février 2018.

Depuis quelque temps, les résidents de Vivy-Mitchell vivent une situation « terrible » à cause des destructions de clôture de terrain et de maisons perpétrées par des spoliateurs sur la base d’exécution d’un jugement non fondé et truffé d’erreurs, a expliqué le président de l’Association des résidents de Vivy-Mitchell, Jean Jaunasse Elysée, signataire d’une note de dénonciation pour attirer l’attention des plus hautes autorités de l’État dans le but d’éviter « la dégénérescence de cette situation en conflit armé ».

Les 24, 25 et 26 janvier 2018, des groupes d’individus, « accompagnés du juge de paix de Pétion-Ville…, avec un déploiement considérable d’agents de la PNH et de l’UDMO, ont fait irruption dans la zone et ont démarré une opération de démolition, provoquant une situation de tension dans ce quartier jadis paisible ; et ce non loin des résidences du directeur général et de l’inspecteur général », lit-on dans la note de presse. Cette note révèle que « deux groupes de spoliateurs se sont arrangés entre eux, se font passer pour demandeurs et défendeurs, à l’insu des résidents réels de Vivy-Mitchell, et ont obtenu du juge Brédit Fabien un prétendu jugement par défaut en date du 13 février 2016 ».
« Le premier groupe ayant à sa tête Lyonel Desrosiers, Camy Philippe, dit Métellus, Eusèse Saint-Jean Viellard, Willy Jean-François, Neston Desrosiers, tous prétendant être des mandataires des héritiers Viellard Petit, propriétaire des trois cent soixante carreaux de terre, ont fait semblant d’intenter une action en justice pour spoliation contre leurs confrères du deuxième groupe (faux défendeurs), composé de la dame Auguste Arricidas, Rosinette Hilaire, Wener Dantès, Ellen Louis dit Sifrael, et Ronald Appolon. Le jugement par défaut rendu par le juge Fabien concerne huit centièmes d’une portion de 360 carreaux que prétendent se disputer les spoliateurs. Le parquet de Port-au-Prince a ordonné la mise à exécution de ce prétendu jugement, fabriqué de toutes pièces un certain mercredi 13 février 2016, date qui n’existe même pas dans le calendrier, car le 13 février 2016 était un samedi. Paradoxalement, la décision du parquet ne visait pas seulement les huit centièmes non localisés, mais les 360 carreaux ciblés, incluant toute une zone de Vivy-Mitchell », selon la note de presse signée, par Jean Jaunasse Elysée, Jean-Marie Raymond et Fritz Noël.
La note de presse de l’Association des résidents de Vivy-Mitchell a souligné que des actes violents contre des propriétaires jouissant paisiblement de leurs biens sont arrivés alors que le ministère de la Justice et de la Sécurité a mis sur pied la Brigade d’intervention contre l’insécurité (BRICIF) qualifiée de « bri sapat » par des résidents en colère qui, lors d’une réunion avec le DDO/PNH, Berson Soljour, ont protesté contre les opérations de dépossession violente et illégale.
Me Claudy Gassant dénonce un système, demande au DDO/PNH de montrer la localisation du lieu de l’exécution qu’il dit avoir sécurisé.
Pour Me Claudy Gassant, résident de Vivy-Mitchell, la protestation bruyante est l’arme des citoyens et citoyennes victimes d’une mafia organisée, composée de représentants de la police et de la justice opérant au vu et au su de tous et particulièrement des plus hautes autorités du pays. « Quand vous faites une action en justice, vous allez tomber sur ces messieurs qui s’ingénient à voler les terres de paisibles citoyens », a indiqué Me Claudy Gassant, soulignant avoir entendu le directeur départemental de la police de l’Ouest, Berson Soljour, recommander aux personnes qui se sentent lésées de recourir à la justice. C’est une technique. Que tout le monde assume ses responsabilités, a poursuivi l’avocat qui n’en démord pas et veut que le DDO/PNH dise, dans le cadre de la sécurisation de l’exécution du jugement en question, où se trouve le lieu indiqué. Aucun lieu n’a été indiqué. Il n’y a pas eu d’exécution contre les cinq personnes citées dans le jugement. Ces personnes n’habitent pas non plus à Vivy-Mitchel, a expliqué Me Claudy Gassant, qualifiant de « bout de papier » donné par la justice à des gens pour perpétrer « ce désordre ». Ces gens auraient bien pu se rendre au palais national, en République dominicaine et n’importe où sur la planète dans le cadre de cette exécution, a expliqué Me Claudy Gassant.
Ils disent tous avoir bien acheté
Interrogés sur l’acquisition régulière de leurs propriétés, des propriétaires étonnés ont confirmé avoir respecté les lois de la République dans le cadre de leurs acquisitions. Il y a des acquisitions qui remontent à plusieurs décennies. Dans certains cas, ce sont des prêts obtenus de la banque qui ont permis ces acquisitions, ont illustré certains propriétaires. « Nous nous sentons en danger », ont crié des résidents, dont Sonia Viellard qui a fait l’acquisition d’un terrain en 2002 et construit une maison. Depuis jeudi, sa clôture et sa maison ont été détruites dans le cadre de l’opération. Nous avons acheté d’héritiers en bonne et due forme dans le cadre de projet de lotissement. Il y a des gens qui s’appellent Vivy, des gens qui s’appellent Mitchell qui vivent ici. « J’ai acheté mon terrain depuis environ 20 ans chez Gary Brisson Cassagnol, l’un des notaires les plus sérieux du pays », a confié Clifford Larose, ex-responsable de l’APENA. « Il est inacceptable de travailler durement pour acquérir un bien alors que d’autres volent les biens d’autrui. Et l’État, au lieu de vous protéger, appuie ceux qui viennent voler. Nous avons pris des dispositions pour que cela cesse à Vivy-Mitchell. Qu’ils exterminent cette pratique ou nous donnent la paix », a balancé Clifford Larose dans un concert de « bare volè » de résidents enflammés.
Message au président Jovenel Moïse
« M. le Président, vous aviez dit avoir tiré la sonnette d’alarme pour que cette pratique s’arrête. Agissez, nous ne pouvons plus supporter les agissements des voleurs de terrain », a balancé Mme Philippe Benoît, soulignant avoir dénoncé dans la presse le sort fait aux héritiers Benoît à Les Palmes. Le gouvernement a créé la Brigade d’intervention contre l’insécurité foncière (BRICIF) pour mettre un frein à ces pratiques. Les choses se sont aggravées. « Je demande au président, au ministre de la Justice, au CSPJ ce qui se passe. Nous, en tant qu’Haïtiens, nous avons le droit de savoir ce qui se passe. Ceux qui viennent avec la police, ce sont des sénateurs identifiés. Nous avons des plaques d’immatriculation de véhicules officiels, de police, d’immatriculation temporaire. Il y a dix mille photos prises en un an disponibles sur la page Abaanarchieles palmes », a expliqué Mme Philippe Benoit.
La DDO/PNH poursuivra sa mission d’auxiliaire de la justice
Sur place, à Vivy-Mitchell, un commissaire de la direction départementale de la Police nationale d’Haïti a distribué un communiqué de presse aux journalistes. « En ce qui a trait au cas Vivy-Mitchell qui retient l’attention de plus d’un, la DDO soutient, une fois de plus, que l’assistance policière, dans le cadre du jugement, rendu le 13 février 2016, et exécuté dans ladite localité le 23,24 et 25 janvier 2018, a été requise suivant la procédure tracée par la loi régissant la matière. À savoir l’exequatur, dument signé par le substitut du commissaire du gouvernement d’alors, portant le sceau officiel du parquet auprès du tribunal civil de Port-au-Prince, suivi de la requête de l’huissier », selon ce communiqué de presse signé du directeur départemental Berson Soljour, soulignant que le « rôle de la police », en la matière, consiste à sécuriser l’espace et l’environnement dans lesquels est exécuté le jugement ; protéger la vie et les biens de tous, conformément à sa devise, maintenir l’ordre public en vue du bon déroulement des activités.

« La direction départementales de l’Ouest rappelle au public en général et aux justiciables en particulier que, suivant les dispositions tant du Code civil que du Code pénal, la police, en sa qualité de force publique, est auxiliaire de la justice. De même, il est fait obligation à tous commandants et officiers de la force publique de prêter main-forte lorsqu’ils sont légalement requis, notamment dans le cadre de l’exécution de tout jugement rendu conformément aux lois de la République. Nonobstant les voies de recours prévues et tracées par la loi », indique le communiqué de la DDO/PNH qui souligne, que cette direction « poursuivra l’accomplissement de ses missions conformément à la Constitution et aux lois de la République ».
L’insécurité foncière, l’un des freins majeurs aux investissements, n’est pas un phénomène nouveau. Plus le temps passe, sa persistance, à côté de nuire à l’image du pays, souligne soit le double langage des autorités, soit l’impuissance ou pire, la connivence scandaleuse entre des éléments de l’appareil répressif de l’État et des spoliateurs. Quand des autorités ne sont pas tout simplement des spoliateurs agissant sur la force des armes, en toute impunité.
Roberson Alphonse

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