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US Open : Naomi Osaka l’emporte, Serena Williams s’emporte

dimanche 9 septembre 2018 par Charles

Naomi Osaka est devenue la première Japonaise à gagner un tournoi du grand chelem. Une victoire grandement facilitée par Serena Williams. Source AFP

C’est un moment historique pour le tennis japonais. La première victoire d’un joueur (homme et femmes confondus) dans un tournoi du grand chelem. Une performance réalisée par Naomi Osaka, une joueuse de 20 ans ce samedi à New York. Mais sa victoire face à Serena Williams (6-2, 6-4) risque de passer au second plan. C’est le comportement de son adversaire sur le court qui a marqué les observateurs. Traitant l’arbitre de « menteur » et « voleur », Serena Williams a perdu ses nerfs.
Tout a commencé quand la cadette des sœurs Williams (36 ans) a reçu un premier avertissement pour « coaching » en début de deuxième set, à 1-0, 40-15, service Osaka. « Je ne triche pas pour gagner, je préfère encore perdre », se défend-elle dans un premier temps auprès de l’arbitre de chaise, le Portugais Carlos Ramos, avant de lui en reparler au changement de côté suivant. « C’est incroyable, je n’ai pas reçu de coaching. Je ne triche pas, je n’ai jamais triché de ma vie, je me bats pour ce qui est juste, vous me devez des excuses », lui lance-t-elle à plusieurs reprises, en colère. Puis à 3-2, Serena reçoit un deuxième avertissement pour avoir fracassé sa raquette après avoir été débreakée, ce qui lui vaut cette fois un point de pénalité.
« Vous m’avez volé un point »
« Vous attaquez ma personne. Vous avez tort. Vous n’arbitrerez plus jamais un de mes matches. Vous me devez des excuses. C’est vous le menteur », reprend-elle au changement de côté suivant (4-3 pour Osaka), toujours hors de ses gonds. « Vous êtes un voleur. Vous m’avez volé un point », accuse-t-elle. C’est à ce moment-là que l’arbitre portugais lui inflige un rare jeu de pénalité, qui permet à Osaka de mener 5-3.
Deux jeux plus tard, la star américaine, en larmes lors de sa discussion avec une responsable du tournoi à même le court lors du dernier changement de côté, s’incline et voit son rêve d’égaler le record absolu de titres en grand chelem détenu par Margaret Court (24), s’envoler. Revenue sur le circuit début mars six mois après avoir donné naissance à sa fille, Olympia, Serena avait déjà trébuché sur la dernière marche, en finale de Wimbledon il y a deux mois à peine, face à l’Allemande Angelique Kerber (4e). « Il suppose que j’ai triché, et je n’ai pas triché », a-t-elle réaffirmé en conférence de presse, voyant une « décision sexiste » dans la sanction infligée par Carlos Ramos pour l’avoir qualifié de « voleur ».
Si son entraîneur Patrick Mouratoglou a reconnu avoir fait un geste à l’intention de Serena, il a critiqué un manque de « psychologie » de l’arbitre. « 100 % des coachs coachent sur 100 % des matches, toute l’année, et tout le monde le sait », a-t-il estimé. « Dans 100 % des cas que j’ai vus, on prévient d’abord la joueuse [que l’entraîneur doit arrêter]. Il ne l’a pas fait. »
Cette série d’incidents a-t-elle pesé sur le cours du match ? Naomi Osaka « jouait vraiment bien. Mais c’est difficile de dire que je n’aurais pas amélioré mon niveau, parce que je l’ai fait tellement de fois dans ma carrière », a jugé Serena. Ce n’est pas la première fois que l’Américaine perd ses nerfs à l’US Open. En 2009 notamment, en demi-finale contre la Belge Kim Clijsters, elle avait menacé une juge de ligne qui venait de signaler une faute de pied de lui « enfoncer cette balle dans la gorge ». Ça lui avait valu un point de pénalité, et le match.
Loin de toute cette agitation, Osaka (19e), imperturbable, a écrit une page d’histoire en devenant la première Japonaise, hommes et femmes confondus, à s’imposer en grand chelem, à vingt ans seulement.
Osaka imperturbable
« C’est toujours irréel. Peut-être que dans quelques jours je réaliserai »,a confié la joueuse nippone, qui, entre le bruit venu du public et sa concentration, n’a « pas vraiment entendu qu’il se passait quelque chose ». Auteure d’un excellent début de match, pas impressionnée ni par sa prestigieuse adversaire – son idole – ni par l’enjeu, elle a pris les commandes de la partie avec beaucoup d’autorité, au service notamment poussant Serena à parcourir du terrain. Elle n’a pas non plus paniqué quand elle s’est fait breaker en début de deuxième set. Au contraire, elle a immédiatement recollé au score, en profitant des largesses de l’ex-numéro un mondiale (deux doubles fautes consécutives).
Plus impressionnant encore, elle ne s’est pas laissée déstabiliser un instant par l’emportement spectaculaire de Serena. Un coup de force pour la jeune Japonaise, qui disputait sa toute première finale en grand chelem, elle qui naviguait encore autour de la 70e place mondiale en début de saison et ne s’est révélée qu’au printemps, sur ciment américain déjà, en s’offrant son premier titre au prestigieux tournoi d’Indian Wells. « Je sais que tout le monde était pour Serena et je suis désolée que ça se termine comme ça », s’est excusée Osaka de sa voix fluette, les larmes aux yeux, au moment de recevoir son trophée. « Ça a toujours été mon rêve de jouer contre Serena en finale de l’US Open. Je suis vraiment reconnaissante d’avoir pu le faire, merci », a-t-elle adressé timidement à son adversaire.
« Elle a bien joué. C’est son premier titre en grand chelem. Faisons de ce moment le meilleur moment possible. Reconnaissons le mérite où il y en a. Ne huons plus. Félicitations Naomi », l’avait précédé Serena, elle aussi les yeux brillants, en invitant les spectateurs à cesser leurs huées.


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